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Senecta

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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Senecta – Deuxième nuit du blessé.
Canzone léviane – Senecta – Marco Valdo M.I. – 2009

Cycle du Cahier ligné – 17.

Senecta – Deuxième nuit du blessé est la dix-septième canzone du cycle du Cahier ligné.

Le blessé, ici figuration du « simple blessé », cet anonyme souffrant, aux prises avec sa douleur, dont on peut supposer qu'il est le rescapé d'un combat, ou d'une autre catastrophe, ne connaît que la longue latence, que cette infinie patience, qui lui permettra de traverser le défilé qui l'éloigne de sa propre fin. C'est un voyage au bout de la nuit, où le voyageur sans bagages s'avance couché. Cette aventure immobile est principalement onirique et c'est dans le tréfonds de son être que le blessé va chercher des paysages et des épisodes des plus inattendus et parfois, bien obsessionnels.

La machine à songer tourne à vide; elle mouline comme l'âne attaché à la pierre meunière, comme les ailes de toile des moulins que le Chevalier à la Triste Figure s'en alla combattre, ayant reçu un grand coup sur la tête, antérieurement et ayant ainsi perdu son plat à barbe.

Lire et délire occupent le temps du blessé. Il sasse et ressasse toutes sortes de pensées, qui comme les poissons des profondeurs sont un instant rutilantes et merveilleuses et bien vite se changent en banalités grises.

Est-ce la peur, est-ce la fièvre ? Le blessé au cœur de la nuit délire. Il rêve d'amour : « Un battement de cil, ah, un soupir... », de poisson : « Les poissons s’opacifiaient en un instant sur le plancher en poissons gris... » et se met à philosopher - et même en latin: « Ainsi, l’âge, le grand âge est devenu /Pour eux, la plus grande vertu./ Senecta ipsa virtus / Senecta ipsa virtus ».

Ainsi parlait Marco Valdo M.I.
Senecta ipsa virtus
Senecta ipsa virtus

Une lueur d’albâtre transparaît dans la rosée
Une lumière lointaine, presque orangée,
Signe incertain, fugace signe de vie,
Un lézard vert, un caméléon.
Un gecko que nous avons
L’habitude absurde d’appeler la vie.
Un battement de cil, ah, un soupir,
Un frémissement à en tiédir;
D’une jeune fille renfermée
Sous l'or de ses cheveux.
Ses joues de désir, ses yeux
De pudeur, de grâce réservée,
Enserrés dans un fichu ancien.
Le jour s’était éteint.
Les poissons s’opacifiaient en un instant
Sur le plancher en poissons gris...
Mais comment étaient-ils auparavant ?
Quelle était leur vie avant d'être pris ?
Au fond, ils ne faisaient qu’un avec l’eau,
Et sous le soleil devant le pêcheur 
Tremblants, sur le pont du bateau,
Ils rutilaient de couleurs.
Puis, comme des oiseaux envolés
Comme des restes d’un été,
Comme des politiques ou des littérateurs,
Par eux-mêmes d'aucun poids et d’aucune valeur
Dont la ténacité de rester vivants
En a fait les hommes d'État les plus grands
Ou les plus grands écrivains.
Vainqueurs par leur entêtement obtus.
Pour eux, rester en vie n'avait pas été vain
Ainsi, l’âge, le grand âge est devenu
Pour eux, la plus grande vertu.

Senecta ipsa virtus
Senecta ipsa virtus

inviata da Marco Valdo M.I. - 21/5/2009 - 23:12




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