Senza l'ultima parola, frase saggia da citarsi,
piegò il capo sul cuscino quasi per addormentarsi,
senza un grido, senza un nome, senza motti, senza un suono,
nè il rumore di battaglie, era morto un altro uomo,
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
C' era buio nella stanza, di malato un greve odore
e una lieve, pazza danza di mosconi in amore;
lievi ronzan le preghiere, poi qualcuno se n'è accorto:
si alzò atroce nella sera, solo un chiaro grido: "E' morto!"
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Svelti accorrono gli astanti: "Com'è morto?", "Com'è andata?"
Sfrigolava ormai sui pianti la candela già bruciata;
gli composero le braccia, si ravviò la rada chioma,
ondeggiava sulla faccia del rosario la corona:
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Si frugò dentro ai ricordi di una vita ormai finita,
si guardò dentro ai cassetti colmi di carta ingiallita:
"Questa foto è per la figlia." "L'orologio qui a chi tocca?"
"Meglio gli chiudiate gli occhi." "Meglio chiudergli la bocca."
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Si riuniscono i parenti, si rincorrono i ricordi,
già si parla delle spese, già si senton pianti sordi:
qualche spicciolo lasciato provocò parole accese
che volarono sul letto e copriron le candele;
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Uno schiaffo fa tacere anche i giochi dei bambini,
son calate le serrande, neri sfilano i vicini.
Le ghirlande hanno gettato la tristezza sulle scale,
fra i parenti addolorati se ne scende il funerale,
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Una vita: quante cose dice il prete in due parole;
lo ringraziano gli astanti, via l'inverno, c'è già il sole,
chiacchiere, risate lievi, vanno per il cimitero,
restan fiori con le scritte, resta al vento un drappo nero,
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
piegò il capo sul cuscino quasi per addormentarsi,
senza un grido, senza un nome, senza motti, senza un suono,
nè il rumore di battaglie, era morto un altro uomo,
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
C' era buio nella stanza, di malato un greve odore
e una lieve, pazza danza di mosconi in amore;
lievi ronzan le preghiere, poi qualcuno se n'è accorto:
si alzò atroce nella sera, solo un chiaro grido: "E' morto!"
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Svelti accorrono gli astanti: "Com'è morto?", "Com'è andata?"
Sfrigolava ormai sui pianti la candela già bruciata;
gli composero le braccia, si ravviò la rada chioma,
ondeggiava sulla faccia del rosario la corona:
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Si frugò dentro ai ricordi di una vita ormai finita,
si guardò dentro ai cassetti colmi di carta ingiallita:
"Questa foto è per la figlia." "L'orologio qui a chi tocca?"
"Meglio gli chiudiate gli occhi." "Meglio chiudergli la bocca."
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Si riuniscono i parenti, si rincorrono i ricordi,
già si parla delle spese, già si senton pianti sordi:
qualche spicciolo lasciato provocò parole accese
che volarono sul letto e copriron le candele;
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Uno schiaffo fa tacere anche i giochi dei bambini,
son calate le serrande, neri sfilano i vicini.
Le ghirlande hanno gettato la tristezza sulle scale,
fra i parenti addolorati se ne scende il funerale,
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Una vita: quante cose dice il prete in due parole;
lo ringraziano gli astanti, via l'inverno, c'è già il sole,
chiacchiere, risate lievi, vanno per il cimitero,
restan fiori con le scritte, resta al vento un drappo nero,
Restò
solo qualcosa che volò
nell'aria calma e poi svanì,
per dove non sapremo mai.
mai, mai, mai, mai, mai...
Contributed by Riccardo Venturi - 2009/5/13 - 00:58
Language: French
Version française – L'HOMME – Marco Valdo M.I. – 2012
Chanson italienne – L'uomo – Francesco Guccini – 1971
Chanson italienne – L'uomo – Francesco Guccini – 1971
L'Homme et l'Âme
Je dois peut-être avoir déjà écrit, il y a longtemps, quelque chose à propos de cette chanson. Guccini, à vrai dire, ces derniers temps, je ne l'écoute plus beaucoup; je le laisse venir, comme il vient, librement. Et ainsi, il y a cinq minutes, pendant que j'étais à fumer une cigarette dans le couloir, m'est revenue cette chanson : L'Uomo (L'homme). Je ne sais pas pourquoi; il y n'a pas même un pourquoi. Serait-ce peut-être que je l'ai toujours considérée comme une des plus belles que Guccini ait jamais écrite, d'autant plus belle qu'oubliée.
Est-ce qu'il l'a jamais chantée dans un concert? Des enregistrements de concerts de Guccini, même plus pirates que Morgan et Francis Drake réunis, j'en ai un paquet. Et pourtant je n'en trouve pas trace. Peut-être quelqu'un plus fourni que moi en saura plus. Pour ce qui me concerne, il y a eu une période dans laquelle je me la suis « concertée » tout seul, dans un des recoins de ma vie. À partir de la vieille cave de copropriété qui a été mon mûrissoir, celle avec les ampoules psychédéliques de fortune qui s'allumaient avec les interrupteurs à poire, celle-là-même bondée de livres qui furent à moitié foutus suite à une inondation due à un ouragan aoûtien, celle-là même qui, un jour lointain, a cessé d'être une partie de moi même. Je l'emportai dans mes souvenirs, en allant ailleurs. Sans le dernier mot, phrase sage à citer.
Ça finissait presque toujours en me demandant quelle chose pouvait ainsi voler dans l'air calme et disparaître ensuite (pour où, nous ne le saurons jamais, jamais, jamais). Oh ben : "L'âme." Évidemment tout de suite l'âme entrait, et pesamment, en jeu. Mais je reconnais que, pour certaines choses, gamin et jeunot, j'étais un intégriste. En y repensant, je me fais presque peur tout seul. Et tout de même, c'était Guccini, pas le pape Jean. Guccini, à l'âme, ne pouvait pas y croire. Interdit. Strictly forbidden. Verboten.
Il ne m'était jamais venu à l'esprit, alors, que ces auteurs de textes de chansons ont un rapport étrange avec Dieu et avec la "spiritualité"; je l'ai appris après que même les plus athées parmi eux ont avec les choses spirituelles un rapport d'interaction continu. Guccini est peut-être celui où il transparaît le moins, fondamentalement. De De André et de son maître Brassens, je ne parle pas non plus, tellement c'est évident; mais n'en est pas exempt l'anticlérical Ferré selon qui "Dieu est pourtant toujours un vieux personnage poétique", (à l'égal de Satan, du reste: thank you !). En somme, à la fin, j'ai bien dû conclure que Guccini parlait vraiment de l'âme. Aux beaux temps, je tâchais de me donner toute explication rationnelle possible et pleine de fantaisie pour le refrain de L'Uomo: ç'aura été le canari échappé de sa cage pendant que le type crevait. Ç'aura été une mouche ou un moustique. Ç'aura été une montgolfière qui passait de là. Parfois j'ai été jusqu'à penser que ce fût un vautour; oh, en somme, s'il y avait toujours quelqu'un qui mourait, un vautour convenait bien.
Cette envie de plaisanter m'est passée quand j'ai commencé à voir les premiers morts, comme volontaire et chauffeur d'ambulance, et surtout les premiers morts vieux et seuls dans leurs pauvres pièces de vie quotidienne. Quand j'ai constaté que l'odeur lourde de malade existe pour de vrai. Quand j'ai vu les têtes posées sur le coussin, entières ou défigurées par un coup de fusil. Quand j'ai arrangé des chevelures clairsemées. Quand je me les suis intégrés, un à un, avec leurs visages éteints. Quand j'ai commencé à m'imaginer comme eux. Quand j'ai vu quelqu'un fouiller dans mes tiroirs, et du papier jauni, ils devront en trouver pas mal. La chose unique que je n'arrive pas à m'imaginer, c'est le prêtre qui raconte ma vie en deux mots. Je défie dès maintenant quelque prêtre que ce soit, jusque à Fulvio que j'aime bien, à condenser ma vie en deux minutes et trois conneries. Et qu'il sache que je ne suis pas d'accord, et que je préfère que ma carcasse soit portée quelque part après des concours avec de riches prix et des cotillons.
En tout cas, comme je suis probablement immortel, cela n'arrivera jamais. Mais Guccini, et comment qu'il parlait de l'âme. À la fin, j'y suis arrivé. Maintenant il restera à comprendre qu'est-ce que c'est, cette âme. Quelque chose qui vole et qui s'évanouit dans l'air calme, pour où, nous ne le saurons jamais. Et si Guccini ne le savait pas, qui est infiniment plus intelligent que moi, imaginez si je le sais. Et si elle transmigre ? Où ira-t-elle finir ?
J'ai une prédilection.
Je choisis un chat.
Riccardo Venturi, Fribourg, 23 novembre 2004.
L'âne, l'âme et l'homme.
Ah, Lucien l'âne mon ami, toi qui as connu les plus grands mystères, toi qui as déjà transmigré une fois au moins, toi qui es ressuscité un beau matin d'automne, toi qui as parcouru tant de mondes et tant de fois, toi qui a connu tant de poètes, tant de sorcières et tant de devins, toi qui a porté Sancho au derrière de Rossinante jusque dans les plus héroïques combats, toi qui m'as porté la farine et le vin, toi qui me tiens si joliment compagnie, dis-moi, oui, dis-le moi, as-tu jamais croisé une âme ?
Oh, Marco Valdo M.I., mon ami, pour ce qui est des ânes, j'en ai vu des milliers, mais en matière d'âmes, je n'ai que la littérature pour t’en parler. Sur le mode du questionnement : « Avez-vous vu âme qui vive ? » ou sur celui de l'affirmation : « On ne voyait pas âmes qui vivent »... Les âmes, au contraire des ânes, sont des choses évanescentes que seuls quelques esprits égarés voient passer dans les feux follets, lesquels sont les parents post-mortem des rots et des pets. Les seules âmes qui aient jamais été attestées et qu'on peut voir assurément encore au théâtre ou au cinéma, ce sont celles de Gogol, mais même chez lui, elles sont déjà mortes. Pourtant, elles étaient tangibles celles-là au point qu'on prélevait sur elles l'impôt. Depuis la Révolution, elles ont disparu. On ne sait où.
En somme, mon ami Lucien l'âne, au contraire des œufs, avec les âmes, il n'y a pas de quoi faire un plat. Tout différente est la transmigration dont parle notre ami Riccardo et je comprends qu'il ait choisi d'être un chat. Pour de multiples raisons que je vais énumérer : la première, dunque primo : chez nous, un chat a sept vies, disent les gens et ils doivent en savoir quelque chose, les gens de chez nous, depuis le temps qu'ils y sont, chez nous – imagine, ils étaient déjà là du temps de Cro-Magnon, lequel se souciait de l'âme moins que d'une guigne, laquelle est une cerise sauvage, mais si sucrée quand on la prend en bouche. Ceci prouve que – déjà pour cette première raison, notre ami Riccardo a le nez fin et le goût sûr. La deuxième, deuzio : c'est qu'ils sont tellement doux (les chats) qu'ils héritent de caresses et de tendresse, ce qui ne gâte rien, quoique j'imagine assez bien que cette seule perspective réjouit par avance le bon Riccardo. Ne l'entendez-vous pas déjà ronronner ? La troisième, troizio, tient à leur capacité à dormir et la quatrième (et je m'arrêterai là) quatrio : est leur irréductible réticence à toute autorité – en quoi, ils sont semblables aux ânes et je pense bien à notre cher Riccardo.
Quant à moi, si je pouvais te donner un conseil en matière de transmigration, mon cher ami Marco Valdo M.I., je te suggérerais également de te pelotonner sous le poil dru et doux d'un chat... Tu bénéficierais de sept vies (de quoi voir venir et réfléchir à d'autres réincarnations et résurrections... sous forme d'homme ? sous forme d'âne ? on ne sait, c'est prématuré) et avec un peu de chance, tu pourrais croiser cet autre chat de Riccardo – tu feras bien attention aux chats noirs... Celui-là avec un œil vert et une oreille coupée, ce pourrait bien être lui. Cela dit, pour l'âme, je l'ai vue une fois s'envoler sous forme de rapace... C'était l'âme d'une sorcière, un subterfuge, en quelque sorte. Dès lors...
Mais, Lucien l'âne mon ami, je t'arrête là. Concluons provisoirement sur ceci que l'âne a le pied plus sûr que l'âme. Cependant, et c'est pourquoi je t’interromps, la chanson de Guccini parle pas vraiment de l'âme, mais de la fin de l'homme, ce qui est tout autre chose.
Ah bien alors, dit l'âne Lucien en riant, la fin de l'homme, tu veux dire sa mort... Il n'y a là rien de bien mystérieux. Nous les ânes, on fait pareil... Tout bêtement, on meurt. Les souris et les araignées aussi. Je peux y ajouter, si cela te fait plaisir, les planètes, les étoiles, les galaxies, les univers... etc, etc. Comme Riccardo avait cité Léo Ferré dans son texte introductif, je le ferai aussi en disant à propos de la vie de l'homme et de sa mort :
« On vit, on mange et puis, on meurt
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements ».
Et qu'on ne vienne pas nous faire chier avec ces évanescences pâles... ces remugles trouent la ionosphère. On meurt, un dernier pet et puis, basta ! Et que les suivants se débrouillent avec la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'en tirer les plus grands profits, de les exploiter jusqu'au trognon et au-delà si possible. En attendant, tissons – c'est là notre petite contribution à l'humanisation de l'homme et de l'humanité, tissons le linceul de ce vieux monde crédule, chichiteux, chicaneur, religieux et cacochyme. (Heureusement !)
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je dois peut-être avoir déjà écrit, il y a longtemps, quelque chose à propos de cette chanson. Guccini, à vrai dire, ces derniers temps, je ne l'écoute plus beaucoup; je le laisse venir, comme il vient, librement. Et ainsi, il y a cinq minutes, pendant que j'étais à fumer une cigarette dans le couloir, m'est revenue cette chanson : L'Uomo (L'homme). Je ne sais pas pourquoi; il y n'a pas même un pourquoi. Serait-ce peut-être que je l'ai toujours considérée comme une des plus belles que Guccini ait jamais écrite, d'autant plus belle qu'oubliée.
Est-ce qu'il l'a jamais chantée dans un concert? Des enregistrements de concerts de Guccini, même plus pirates que Morgan et Francis Drake réunis, j'en ai un paquet. Et pourtant je n'en trouve pas trace. Peut-être quelqu'un plus fourni que moi en saura plus. Pour ce qui me concerne, il y a eu une période dans laquelle je me la suis « concertée » tout seul, dans un des recoins de ma vie. À partir de la vieille cave de copropriété qui a été mon mûrissoir, celle avec les ampoules psychédéliques de fortune qui s'allumaient avec les interrupteurs à poire, celle-là-même bondée de livres qui furent à moitié foutus suite à une inondation due à un ouragan aoûtien, celle-là même qui, un jour lointain, a cessé d'être une partie de moi même. Je l'emportai dans mes souvenirs, en allant ailleurs. Sans le dernier mot, phrase sage à citer.
Ça finissait presque toujours en me demandant quelle chose pouvait ainsi voler dans l'air calme et disparaître ensuite (pour où, nous ne le saurons jamais, jamais, jamais). Oh ben : "L'âme." Évidemment tout de suite l'âme entrait, et pesamment, en jeu. Mais je reconnais que, pour certaines choses, gamin et jeunot, j'étais un intégriste. En y repensant, je me fais presque peur tout seul. Et tout de même, c'était Guccini, pas le pape Jean. Guccini, à l'âme, ne pouvait pas y croire. Interdit. Strictly forbidden. Verboten.
Il ne m'était jamais venu à l'esprit, alors, que ces auteurs de textes de chansons ont un rapport étrange avec Dieu et avec la "spiritualité"; je l'ai appris après que même les plus athées parmi eux ont avec les choses spirituelles un rapport d'interaction continu. Guccini est peut-être celui où il transparaît le moins, fondamentalement. De De André et de son maître Brassens, je ne parle pas non plus, tellement c'est évident; mais n'en est pas exempt l'anticlérical Ferré selon qui "Dieu est pourtant toujours un vieux personnage poétique", (à l'égal de Satan, du reste: thank you !). En somme, à la fin, j'ai bien dû conclure que Guccini parlait vraiment de l'âme. Aux beaux temps, je tâchais de me donner toute explication rationnelle possible et pleine de fantaisie pour le refrain de L'Uomo: ç'aura été le canari échappé de sa cage pendant que le type crevait. Ç'aura été une mouche ou un moustique. Ç'aura été une montgolfière qui passait de là. Parfois j'ai été jusqu'à penser que ce fût un vautour; oh, en somme, s'il y avait toujours quelqu'un qui mourait, un vautour convenait bien.
Cette envie de plaisanter m'est passée quand j'ai commencé à voir les premiers morts, comme volontaire et chauffeur d'ambulance, et surtout les premiers morts vieux et seuls dans leurs pauvres pièces de vie quotidienne. Quand j'ai constaté que l'odeur lourde de malade existe pour de vrai. Quand j'ai vu les têtes posées sur le coussin, entières ou défigurées par un coup de fusil. Quand j'ai arrangé des chevelures clairsemées. Quand je me les suis intégrés, un à un, avec leurs visages éteints. Quand j'ai commencé à m'imaginer comme eux. Quand j'ai vu quelqu'un fouiller dans mes tiroirs, et du papier jauni, ils devront en trouver pas mal. La chose unique que je n'arrive pas à m'imaginer, c'est le prêtre qui raconte ma vie en deux mots. Je défie dès maintenant quelque prêtre que ce soit, jusque à Fulvio que j'aime bien, à condenser ma vie en deux minutes et trois conneries. Et qu'il sache que je ne suis pas d'accord, et que je préfère que ma carcasse soit portée quelque part après des concours avec de riches prix et des cotillons.
En tout cas, comme je suis probablement immortel, cela n'arrivera jamais. Mais Guccini, et comment qu'il parlait de l'âme. À la fin, j'y suis arrivé. Maintenant il restera à comprendre qu'est-ce que c'est, cette âme. Quelque chose qui vole et qui s'évanouit dans l'air calme, pour où, nous ne le saurons jamais. Et si Guccini ne le savait pas, qui est infiniment plus intelligent que moi, imaginez si je le sais. Et si elle transmigre ? Où ira-t-elle finir ?
J'ai une prédilection.
Je choisis un chat.
Riccardo Venturi, Fribourg, 23 novembre 2004.
L'âne, l'âme et l'homme.
Ah, Lucien l'âne mon ami, toi qui as connu les plus grands mystères, toi qui as déjà transmigré une fois au moins, toi qui es ressuscité un beau matin d'automne, toi qui as parcouru tant de mondes et tant de fois, toi qui a connu tant de poètes, tant de sorcières et tant de devins, toi qui a porté Sancho au derrière de Rossinante jusque dans les plus héroïques combats, toi qui m'as porté la farine et le vin, toi qui me tiens si joliment compagnie, dis-moi, oui, dis-le moi, as-tu jamais croisé une âme ?
Oh, Marco Valdo M.I., mon ami, pour ce qui est des ânes, j'en ai vu des milliers, mais en matière d'âmes, je n'ai que la littérature pour t’en parler. Sur le mode du questionnement : « Avez-vous vu âme qui vive ? » ou sur celui de l'affirmation : « On ne voyait pas âmes qui vivent »... Les âmes, au contraire des ânes, sont des choses évanescentes que seuls quelques esprits égarés voient passer dans les feux follets, lesquels sont les parents post-mortem des rots et des pets. Les seules âmes qui aient jamais été attestées et qu'on peut voir assurément encore au théâtre ou au cinéma, ce sont celles de Gogol, mais même chez lui, elles sont déjà mortes. Pourtant, elles étaient tangibles celles-là au point qu'on prélevait sur elles l'impôt. Depuis la Révolution, elles ont disparu. On ne sait où.
En somme, mon ami Lucien l'âne, au contraire des œufs, avec les âmes, il n'y a pas de quoi faire un plat. Tout différente est la transmigration dont parle notre ami Riccardo et je comprends qu'il ait choisi d'être un chat. Pour de multiples raisons que je vais énumérer : la première, dunque primo : chez nous, un chat a sept vies, disent les gens et ils doivent en savoir quelque chose, les gens de chez nous, depuis le temps qu'ils y sont, chez nous – imagine, ils étaient déjà là du temps de Cro-Magnon, lequel se souciait de l'âme moins que d'une guigne, laquelle est une cerise sauvage, mais si sucrée quand on la prend en bouche. Ceci prouve que – déjà pour cette première raison, notre ami Riccardo a le nez fin et le goût sûr. La deuxième, deuzio : c'est qu'ils sont tellement doux (les chats) qu'ils héritent de caresses et de tendresse, ce qui ne gâte rien, quoique j'imagine assez bien que cette seule perspective réjouit par avance le bon Riccardo. Ne l'entendez-vous pas déjà ronronner ? La troisième, troizio, tient à leur capacité à dormir et la quatrième (et je m'arrêterai là) quatrio : est leur irréductible réticence à toute autorité – en quoi, ils sont semblables aux ânes et je pense bien à notre cher Riccardo.
Quant à moi, si je pouvais te donner un conseil en matière de transmigration, mon cher ami Marco Valdo M.I., je te suggérerais également de te pelotonner sous le poil dru et doux d'un chat... Tu bénéficierais de sept vies (de quoi voir venir et réfléchir à d'autres réincarnations et résurrections... sous forme d'homme ? sous forme d'âne ? on ne sait, c'est prématuré) et avec un peu de chance, tu pourrais croiser cet autre chat de Riccardo – tu feras bien attention aux chats noirs... Celui-là avec un œil vert et une oreille coupée, ce pourrait bien être lui. Cela dit, pour l'âme, je l'ai vue une fois s'envoler sous forme de rapace... C'était l'âme d'une sorcière, un subterfuge, en quelque sorte. Dès lors...
Mais, Lucien l'âne mon ami, je t'arrête là. Concluons provisoirement sur ceci que l'âne a le pied plus sûr que l'âme. Cependant, et c'est pourquoi je t’interromps, la chanson de Guccini parle pas vraiment de l'âme, mais de la fin de l'homme, ce qui est tout autre chose.
Ah bien alors, dit l'âne Lucien en riant, la fin de l'homme, tu veux dire sa mort... Il n'y a là rien de bien mystérieux. Nous les ânes, on fait pareil... Tout bêtement, on meurt. Les souris et les araignées aussi. Je peux y ajouter, si cela te fait plaisir, les planètes, les étoiles, les galaxies, les univers... etc, etc. Comme Riccardo avait cité Léo Ferré dans son texte introductif, je le ferai aussi en disant à propos de la vie de l'homme et de sa mort :
« On vit, on mange et puis, on meurt
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements ».
Et qu'on ne vienne pas nous faire chier avec ces évanescences pâles... ces remugles trouent la ionosphère. On meurt, un dernier pet et puis, basta ! Et que les suivants se débrouillent avec la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'en tirer les plus grands profits, de les exploiter jusqu'au trognon et au-delà si possible. En attendant, tissons – c'est là notre petite contribution à l'humanisation de l'homme et de l'humanité, tissons le linceul de ce vieux monde crédule, chichiteux, chicaneur, religieux et cacochyme. (Heureusement !)
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
L'HOMME
Sans dernier mot, sans phrases sages à citer
Il pose la tête sur le coussin comme pour s'endormir,
Sans un cri, sans un nom, sans adage, sans un son,
Ni bruit de batailles, un autre homme est mort,
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Il fait sombre dans la pièce, une odeur lourde de malade
Et une légère, folle danse de mouches en rut;
Leurs prières ronflent doucement, puis quelqu'un s'en avise:
S'élève atroce dans le soir, seul un cri clair: « Il est mort ! »
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Les secours arrivent rapidement: « Comment est-il mort ? », « Comment est-elle partie ? »
Désormais, grésille sur les larmes la bougie déjà brûlée;
Ils lui disposent les bras, on arrange sa chevelure clairsemée,
La couronne flotte sur la figure du rosaire :
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
On fouille dans les souvenirs d'une vie désormais finie,
On regarde dans les tiroirs pleins de papier jauni:
« Cette photo est pour sa fille. » « La montre ici à qui revient-elle ? »
« Il vaudrait mieux lui fermer les yeux. » « Il vaudrait mieux lui fermer la bouche. »
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Les parents se réunissent, ils égrènent les souvenirs,
On parle déjà des dépenses, on entend déjà les plaintes sourdes
Quelques menues monnaies provoquent des mots durs
Qui volent par dessus le lit et éteignent les bougies;
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Une gifle fait cesser les jeux des enfants,
On a descendu les persiennes, les voisins défilent en noir.
Les couronnes jettent la tristesse dans les escaliers,
Le cercueil descend entre les parents affligés
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Tant de choses en une vie dit le prêtre en deux mots;
Ils remercient les secours, adieu l'hiver , voici déjà le soleil,
Bavardages, rires légers, ils vont au cimetière,
Restent les fleurs avec leurs inscriptions, reste au vent un drap noir,
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Sans dernier mot, sans phrases sages à citer
Il pose la tête sur le coussin comme pour s'endormir,
Sans un cri, sans un nom, sans adage, sans un son,
Ni bruit de batailles, un autre homme est mort,
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Il fait sombre dans la pièce, une odeur lourde de malade
Et une légère, folle danse de mouches en rut;
Leurs prières ronflent doucement, puis quelqu'un s'en avise:
S'élève atroce dans le soir, seul un cri clair: « Il est mort ! »
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Les secours arrivent rapidement: « Comment est-il mort ? », « Comment est-elle partie ? »
Désormais, grésille sur les larmes la bougie déjà brûlée;
Ils lui disposent les bras, on arrange sa chevelure clairsemée,
La couronne flotte sur la figure du rosaire :
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
On fouille dans les souvenirs d'une vie désormais finie,
On regarde dans les tiroirs pleins de papier jauni:
« Cette photo est pour sa fille. » « La montre ici à qui revient-elle ? »
« Il vaudrait mieux lui fermer les yeux. » « Il vaudrait mieux lui fermer la bouche. »
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Les parents se réunissent, ils égrènent les souvenirs,
On parle déjà des dépenses, on entend déjà les plaintes sourdes
Quelques menues monnaies provoquent des mots durs
Qui volent par dessus le lit et éteignent les bougies;
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Une gifle fait cesser les jeux des enfants,
On a descendu les persiennes, les voisins défilent en noir.
Les couronnes jettent la tristesse dans les escaliers,
Le cercueil descend entre les parents affligés
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Tant de choses en une vie dit le prêtre en deux mots;
Ils remercient les secours, adieu l'hiver , voici déjà le soleil,
Bavardages, rires légers, ils vont au cimetière,
Restent les fleurs avec leurs inscriptions, reste au vent un drap noir,
Reste
Seulement quelque chose qui s'envole
Dans l'air calme
Et puis s'évanouit,
On ne saura jamais pour où.
jamais, jamais, jamais, jamais, jamais...
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2012/11/28 - 13:07
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[1971]
Testo e musica di Francesco Guccini
Lyrics and music by Francesco Guccini
Paroles et musique de Francesco Guccini
Στίχοι και μουσική: Φραντσέσκο Γκουτσίνι
Album: L'isola non trovata
Ci devo forse, tanto tempo fa, aver scritto già qualcosa, su quella canzone. Guccini, a dire il vero, ultimamente non lo ascolto più neanche tanto; me lo lascio arrivare dentro, così come viene, liberamente. E così, cinque minuti fa, mentre me ne stavo a fumare una sigaretta nel corridoio, mi è arrivata quella canzone lì, L'uomo. Non lo so mica, perché; non c'è neppure, un perché. Sarà magari che l'ho sempre considerata una delle più belle che Guccini abbia mai scritto, tanto più bella quanto dimenticata.
L'avrà mai eseguita in un concerto? Di registrazioni di concerti di Guccini, anche più piratesche di Morgan e Francis Drake messi insieme, ne ho parecchie. Eppure non ve n'è traccia. Magari qualcuno più fornito di me ne saprà di più. Per quel che mi riguarda, c'è stato un periodo in cui me la sono "concertata" da solo, in uno degli sgabuzzini della mia vita. A partire dalla vecchia cantina condominiale che è stato il mio crescitoio, quella con le lampadine psichedeliche alla buona che si accendevano con gli interruttori a pera, quella stipata di libri che una volta andarono mezzi a mollo per un allagamento in seguito a un nubifragio agostano, quella che ha cessato d'essere in un lontano giorno assieme a una parte di me stesso. Me la portai via nei ricordi, andando da un'altra parte. Senza l'ultima parola, frase saggia da citarsi.
Andava quasi sempre a finire che mi domandassi che mai fosse quella cosa che volò nell'aria calma e poi svanì (per dove non sapremo mai, mai, mai, mai). Oh beh: "L'anima". Ovvio che l'anima entrava subito, e pesantemente, in gioco. Ma confesso che, in certe cose, da ragazzino e ragazzotto ero un integralista. Ripensandoci, mi faccio quasi paura da solo. E che cazzo, era Guccini, mica papa Giovanni. Guccini, nell'anima non ci poteva credere. Vietato. Strictly forbidden. Verboten.
Mica m'era venuto mai a mente, allora, che 'sti cantautori hanno uno strano rapporto con Dio e con la "spiritualità"; l'ho imparato dopo che anche i più atei tra di loro hanno con le cose spirituali un rapporto d'interazione continuo. Guccini, anzi, è forse quello in cui meno traspare, fondamentalmente. Di De André e del suo maestro Brassens non parlo neppure, talmente è palese; ma non ne è immune persino il ferocemente anticlericale Ferré, secondo il quale Dio "è pur sempre un vecchio personaggio poetico" (al pari di Satana, del resto: thank you!). Insomma, è andata a finire che mi son convinto che Guccini parlava proprio dell'Anima. Ai bei tempi cercavo di fornirmi ogni possibile e fantasiosa spiegazione razionale per il ritornello dell' "Uomo": sarà stato il canarino scappato dalla gabbia mentre il tizio crepava. Sarà stata una mosca o una zanzara. Sarà stata una mongolfiera che passava di lì. A volte ho persino pensato che fosse un avvoltoio; oh, insomma, c'era pur sempre qualcuno che stava a morire, un avvoltoio ci sta bene.
Mi è passata la voglia di scherzarci sopra quando ho cominciato a vedere i primi morti, da volontario e autista di ambulanze, e soprattutto i primi morti vecchi e soli nelle loro povere stanze di vita quotidiana. Quando ho constatato che il greve odore di malato esiste per davvero. Quando ho visto i capi piegati sul cuscino, interi o sfasciati da una fucilata. Quando ho composto delle rade chiome. Quando me li sono fissati dentro, uno ad uno, con i loro visi spenti. Quando ho cominciato a immaginarmi come loro. Quando ho visto qualcuno frugarmi nei cassetti, e di carta ingiallita ce ne dovranno trovar parecchia. L'unica cosa che non mi riesce immaginarmi è il prete che racconta la mia vita in due parole. Diffido sin da ora qual prete che sia, persino Fulvio cui voglio bene, a condensarmi la vita in due minuti e tre cazzate. E sappia che non sono d'accordo, e che preferisco che la mia carcassa sia portata da qualche parte dopo bagordi con ricchi premi e côtillons.
In ogni caso, siccome sono probabilmente immortale, questo non accadrà mai. Ma Guccini, eccome che parlava dell'Anima. Alla fin fine ci sono arrivato. Ora resterà da capire che cosa sia, quest'Anima. Qualcosa che vola e che svanisce nell'aria calma, per dove non sapremo mai. E se non lo sapeva Guccini, che è infinitamente più intelligente di me, figuriamoci un po' se lo so io. E se trasmigra? Dove andrà a finire?
Ho una predilezione.
Scelgo un gatto.
Riccardo Venturi, Fribourg, 23 novembre 2004.