Je suis né en mil neuf cent vingt
L'Italie attendait ses assassins.
Et le fascisme commençait sa geste
De matraques et d'huile de ricin.
Mes parents de familles très modestes.
vivaient chacun de son côté.
Mon père était maréchal des carabiniers
au Nord à la Maddalena.
Dans le Sud, la mamma et moi.
À cinq ans, je fus paralysé.
À sept ans, je recommençai à jouer
Des études dans un collège de Cagliari
Pour la première fois, j'avais des amis
À dix ans, mon père mourut, tout s'effondra :
Je rentrai au village, à Dolianova.
Ma mère remariée avec son beau-frère,
Ne pouvait payer le collège à la ville.
Nous étions nés pauvres, disait le beau-père.
L'école est un luxe inutile.
Il était rude, cet homme-là.
Il nous battait.
Ses fils et moi.
Ma mère pleurait.
À dix-sept ans, je partis à Ghilarza,
Chez les parents de papa
Cent-cinquante kilomètres en plein été
À bicyclette sur des routes à peine tracées.
Grand-père était forgeron ; je l'aidais à l'atelier.
Une partie de sa maison devenue musée
Était habitée par la famille de Gramsci,
En ce temps-là, on gardait ses pensées
En son intimité, on pensait dans son lit.
Ma tante m'avait inscrit heureusement
À l'Action catholique.
Ainsi, j'échappai à l'absurde rhétorique
Du régime et à ses inutiles entraînements.
L'Italie attendait ses assassins.
Et le fascisme commençait sa geste
De matraques et d'huile de ricin.
Mes parents de familles très modestes.
vivaient chacun de son côté.
Mon père était maréchal des carabiniers
au Nord à la Maddalena.
Dans le Sud, la mamma et moi.
À cinq ans, je fus paralysé.
À sept ans, je recommençai à jouer
Des études dans un collège de Cagliari
Pour la première fois, j'avais des amis
À dix ans, mon père mourut, tout s'effondra :
Je rentrai au village, à Dolianova.
Ma mère remariée avec son beau-frère,
Ne pouvait payer le collège à la ville.
Nous étions nés pauvres, disait le beau-père.
L'école est un luxe inutile.
Il était rude, cet homme-là.
Il nous battait.
Ses fils et moi.
Ma mère pleurait.
À dix-sept ans, je partis à Ghilarza,
Chez les parents de papa
Cent-cinquante kilomètres en plein été
À bicyclette sur des routes à peine tracées.
Grand-père était forgeron ; je l'aidais à l'atelier.
Une partie de sa maison devenue musée
Était habitée par la famille de Gramsci,
En ce temps-là, on gardait ses pensées
En son intimité, on pensait dans son lit.
Ma tante m'avait inscrit heureusement
À l'Action catholique.
Ainsi, j'échappai à l'absurde rhétorique
Du régime et à ses inutiles entraînements.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 27/2/2009 - 23:37
Juste une toute petite rectification à la phrase concernant Gramsci :
Proche de celle qu'a pu connaître Antonio Gramsci qui connut la révolution des conseils d'usine à Turin (peu avant la naissance de Giuseppe), qui fonda le Parti Communiste Italien (peu de temps après la naissance de Giuseppe), écrivit de somptueux cahiers en prison et mourut.
Proche de celle qu'a pu connaître Antonio Gramsci qui connut la révolution des conseils d'usine à Turin (peu avant la naissance de Giuseppe), qui fonda le Parti Communiste Italien (peu de temps après la naissance de Giuseppe), écrivit de somptueux cahiers en prison et mourut.
Marco Valdo M.I. - 27/2/2009 - 23:41
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(19 septembre 1943 - Suite en plusieurs tableaux.)
Une Enfance Sarde est la quatorzième étape d'un cycle de chansons qui raconte l'histoire d'un jeune Italien qui déserta pour ne pas servir le fascisme; réfugié en France, il fut rendu par les pétainistes aux sbires du régime, emprisonné. Les étapes ultérieures de ce tour d'Italie un peu particulier se prolongent en Allemagne et racontent la suite de l'aventure qui se terminera à Dachau.
Comme on le découvrira ici, ces canzones racontent l'histoire d'un homme, aujourd'hui âgé de 88 ans, mais encore plein de vie, qui habite quelque part loin de l'Italie dans le Limbourg près de la frontière hollandaise, en pays flamand. Il s'appelle encore et toujours Joseph Porcu (en Italie, Giuseppe), il est né en Sardaigne et connut une vie passablement agitée. Il connaît et suit avec attention ce Giro d'Italia, ce cycle de chansons et il espère que la mémoire qu'il transmet ainsi pourra permettre de mieux résister à tout retour de la bête immonde (encore qu'actuellement en Italie...) et inciter les gens à tout faire pour créer enfin ce monde de justice (sociale) et de liberté pour lequel sont morts tant de résistants.
Ora e sempre : Resistenza !
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
Puni, mis au cachot, Joseph-Giuseppe fait un retour sur lui-même. Il se remémore l'enfance en Sardaigne. On verra qu'elle ne fut pas des plus heureuses; elle fut dure même. Une enfance sarde. Proche de celle qu'a pu connaître Antonio Gramsci qui connut la révolution des conseils d'usine à Turin (peu avant la naissance de Giuseppe), qui fonda le Parti Communiste Italien (peu de temps après la naissance de Giuseppe), écrivit de somptueux cahiers et mourut en prison.
Une enfance de douleurs, une enfance de malheurs, une enfance porteuse de révolte. Des parents qui vivent séparés, un père qui ne laisse jamais tomber, que la mort vient trop tôt chercher. Le remariage de sa mère s'avère catastrophique; le beau-père est un homme tyrannique. L'enfant, le jeune homme fuit chez son grand-père, le père de son père, où il commence sa vie de travail dans la forge familiale. Cette fuite au travers de la Sardaigne, cent-cinquante kilomètres démontre un fameux caractère, un courage, une astuce, une débrouillardise et une volonté des plus farouches. Giuseppe, devenu Joseph, s'est trempé dans cette vie-là. On ne s'étonnera pas qu'il soit passé à travers mille épreuves et qu'il soit encore là.
Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
Giro d'Italia - Chanson du départ - Dachau Express - Réception chez les Nazis - La grande esplanade - Neuf – barre – Vingt-deux = 9/22 - Clapsabot - Kochler et Schnock - La fête chez les kapos - Les pas perdus - Juste un survivant - La secrétaire - Contrôle Poux - Une enfance sarde - Fuir, là-bas, fuir ! - Je suis un déserteur - Le fils ressuscité - Le Procès - Promenade sur la Lagerstrasse - Expérimentations agricoles - Que nenni ! T'en as menti ! - Typhus Walzer - Une sorte de bonheur - Joseph est toujours là
Dachau Express (In italiano) (traduzione di Riccardo Venturi)