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La Légion d'Honneur

Georges Brassens
Langue: français


Georges Brassens

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Paroles de Georges Brassens
Testo di Georges Brassens
Interpretata da / Interprétée par Maxime Le Forestier [1985]

legdhonnParenthèse tirée du site officiel de l'Ordre de la Légion d'honneur.

Le 29 floréal an X (19 mai 1802), est promulguée la loi portant création et organisation de la Légion d'honneur, après avoir été adoptée par le Corps législatif par 166 voix sur 276 votants.

Le nouvel ordre, dû à l'initiative du Premier Consul Bonaparte, se voulait un corps d'élite destiné à réunir le courage des militaires aux talents des civils, formant ainsi la base d'une nouvelle société au service de la Nation.
Il élargissait donc à tous les citoyens le principe des décorations nationales établi dans l'article 87 de la Constitution de l'an VIII et réservées « aux guerriers ayant rendu des services éclatants en combattant pour la République ».
Fin de la parenthèse.

La Légion d'Honneur est l'insigne suprême de l'« establishment » national et pour en bénéficier, il faut montrer son curriculum et patte blanche aux Césars de l'élection.
Ainsi, quand on connaît l'importance que la France rituelle, celle du pouvoir, celle des élites, des nouveaux et anciens riches, des militaires, accorde à la Légion d'Honneur, que le futur Empereur créa pour récompenser ses fidèles et en tout premier lieu, ses guerriers..., on comprend que Georges Brassens ait joyeusement pourfendu le rituel « républicon » qu'elle incarne.

Bref, quand Tonton Georges la tourne en dérision et il n'y va pas de main morte, il commet un acte de salubrité publique et ne l'envoie pas dire aux fauteurs de guerre et autres tenants de l'ordre établi.
Ainsi, elle a sa place dans un site consacré aux « chansons contre la guerre ».
Mutatis mutandis pour les ordres similaires que les autres Etats ont eu l'idée de Panurge d'instaurer.

La Légion d'honneur
Chanson française : Georges Brassens

Marco Valdo M.I.
Tous les Brummel, les dandys, les gandins,
Il les considérait avec dédain
Faisant peu cas de l'élégance il s'ha-
billait toujours au décrochez-moi-ça.
Au combat, pour s'en servir de liquette,
Sous un déluge d'obus, de roquettes,
Il conquit un oriflamme teuton.
Cet acte lui valut le grand cordon.
Mais il perdit le privilège de
S'aller vêtir à la six-quatre-deux,
Car ça la fout mal saperlipopette
D'avoir des faux plis, des trous à ses bas,
De mettre un ruban sur la salopette.
La Légion d'Honneur ça pardonne pas.

L'âme du bon feu maistre Jehan Cotart
Se réincarnait chez ce vieux fêtard.
Tenter de l'empêcher de boire un pot
C'était ni plus ni moins risquer sa peau.
Un soir d'intempérance, à son insu,
Il éteignit en pissotant dessus
Un simple commencement d'incendie.
On lui flanqua le mérite, pardi !
Depuis que n'est plus vierge son revers,
Il s'interdit de marcher de travers.
Car ça la fout mal d' se rendre dans les vignes,
Dites du seigneur, faire des faux pas
Quand on est marqué du fatal insigne.
La Légion d'Honneur ça pardonne pas.

Grand peloteur de fesses convaincu,
Passé maître en l'art de la main au cul,
Son dada c'était que la femme eut le
Bas de son dos tout parsemé de bleus.
En vue de la palper d'un geste obscène,
Il a plongé pour sauver de la Seine
Une donzelle en train de se noyer,
Dame ! aussi sec on vous l'a médaillé.
Ce petit hochet à la boutonnière
Vous le condamne à de bonnes manières.
Car ça la fout mal avec la rosette,
De tâter, flatter, des filles les appas
La louche au valseur; pas de ça Lisette !
La Légion d'Honneur ça pardonne pas.

Un brave auteur de chansons malotru
Avait une tendance à parler cru,
Bordel de dieu, con, pute, et cetera
Ornaient ses moindres tradéridéras.
Sa muse un soir d'un derrière distrait
Pondit, elle ne le fit pas exprès,
Une rengaine sans gros mots dedans,
On vous le chamarra tambour battant.
Et maintenant qu'il porte cette croix,
Proférer : "Merde", il n'en a plus le droit.
Car ça la fout mal de mettre à ses lèvres
De grand commandeur des termes trop bas,
D' chanter L' grand vicaire et Les trois orfèvres.
La Légion d'Honneur ça pardonne pas.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 2/8/2008 - 17:51



Langue: italien

Versione italiana di Riccardo Venturi
28 ottobre 2008

LA LEGION D'ONORE

Tutti i Lord Brummel, i dandy,
I fighetti, lui li sdegnava
Dell'eleganza non gl'importava un cazzo
E si vestiva costantemente alla scazzo.
In guerra, per servirsene da camiciola
Sotto un diluvio d'obici e razzi
Conquistò uno stendardo teutonico:
Quest'atto gli valse il Gran Cordone.
Però perse il privilegio
Di vestirsi alla carlona,
Perché, porca vacca, è un bel casino
Aver tutto spiegazzato e buchi nei calzini,
E mettere un nastro su una tutaccia:
La Legion d'Onore non perdona.

L'anima del buon maestro, del fu Jehan Cotart*
S'era reincarnata in quel vecchio gaudente.
Provare a impedirgli di bere un litrozzo
Equivaleva più o meno a rischiare la buccia.
Una sera di gozzoviglie, a sua insaputa,
Spense, pisciacchiandoci sopra,
Un semplice principio d'incendio.
Porca paletta, gliene diedero il merito!
Lo prese davvero nel didietro,
Gli toccò smettere di barcollare.
Perché, porca vacca, è un bel casino andare a pisciare
Traballando nelle cosiddette vigne del Signore
Quando si è decorati della fatal Insegna:
La Legion d'Onore non perdona.

Grande e indefesso palpeggiatore di chiappe,
Ex maestro nell'arte di tastare il culo,
Il suo hobby era che la donna avesse
Il fondoschiena costellato di lividi.
Deciso a palparla con un gesto osceno
Si è tuffato, per salvare dalla Senna
Una donzella che era lì lì per affogare:
Perdio! Sul posto o quasi lo hanno smedagliato.
E quel ninnolo che porta all'occhiello
Lo condanna alle buone maniere.
Perché, porca vacca, è un bel casino smanacciare,
Tastare le glorie delle ragazze con una decorazione,
Di far la mano morta; non si può, Lisetta!
La Legion d'Onore non perdona.

Un bravo cantautore un po' buzzurro
Aveva una tendenza a dire parolacce:
I porcoddìo, gli stronzo i troia eccetera
Gli ornavano persin le filastrocche.
Una sera la sua musa, distratta da un deretano,
Partorì, senza neanche farlo apposta,
Una canzonetta senza parolacce dentro
Subito lo riempirono di decorazioni.
E ora che porta quella Croce,
Di dire « merda », no, non ha più il diritto.
Perché è un bel casino, mettersi in bocca
Parole troppo volgari, per un commendatore,
O cantare Fanfulla da Lodi e Pippo se lo mena:**
La Legion d'Onore non perdona!

28/10/2008 - 19:30


NOTA

* Nel testo francese sono nominate due note chansons paillardes (vale a dire le canzoni sconce "da osteria" o "da caserma" tipiche della tradizione francese); nella traduzione sono state sostituite con due analoghe canzoni della tradizione italiana, per rendere meglio l'idea. La passione di Brassens per le chansons de salle de garde era nota: fu da lui dichiarata anche nel testo di una sua notevolissima chanson paillarde, Mélanie. Per Le grand vicaire, Brassens arrivò addirittura a scriverne una sua versione, con parole originali; una cosa che entra a pieno titolo nell'ultima strofa, autobiografica, della Légion d'Honneur.

Riccardo Venturi - 30/10/2008 - 12:32




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