Le Trouvère dit : assise sur le banc,
La vieille dame est là depuis longtemps.
Hier, elle y était déjà,
Elle y vient dès qu’il ne gèle pas.
La tête basse, sous son petit chapeau,
Seule, elle écoute les oiseaux.
Dès le matin tôt, tête raide
Que peuvent-ils lui raconter ?
Que bientôt ce sera l’été ?
Elle ne dit rien. A-t-elle besoin d’aide ?
Les autos, les bus passent sans arrêt.
Elle, elle rêve sur le banc de la paix.
Elle a fui son nid de punaises ;
À l’air, elle est plus à l’aise.
Elle dit soudain à haute voix :
On vivrait mieux en paix
Avec des fantômes qu’avec ces dadais.
Et moi, ça ne me dérangerait pas.
On aurait même des pommes de terre
Dans les boutiques, de manière régulière.
Elle dit : ici, on sacrifie à l’armement.
Mais où sont les confortables logements ?
C’est pour quand l’avenir radieux ?
Interrogez le long regard des Dieux.
Quarante ans de bons et loyaux
Services au service de leur État
Et je vis au fond d’un boyau :
Un divan, une télé et la gueule de bois.
Quand il a son content, le fauve dort ;
Notre Guide massacre encore.
Dans les pays normaux,
Sans guide, sans services spéciaux,
On laisse chacun user de son cerveau
Pour affronter la vie et ses maux.
Ici, c’est l’opération spéciale instituée,
La Guerre éclair toujours recommencée.
Bientôt, j’aurai passé cent ans.
J’ai connu les grands temps
Du sévère Guide tout puissant,
Quand au matin, subitement,
Disparaissaient les voisins, les parents ;
Quand la nuit, les étoiles tremblaient ;
Quand le soir, on se disait adieu.
En catimini, certains se signaient,
Puis s’en allaient prier leur Dieu
Pour les disparus à jamais.
J’ai vu de ces choses alors,
La nuit, je les revois encore.
La vieille dame est là depuis longtemps.
Hier, elle y était déjà,
Elle y vient dès qu’il ne gèle pas.
La tête basse, sous son petit chapeau,
Seule, elle écoute les oiseaux.
Dès le matin tôt, tête raide
Que peuvent-ils lui raconter ?
Que bientôt ce sera l’été ?
Elle ne dit rien. A-t-elle besoin d’aide ?
Les autos, les bus passent sans arrêt.
Elle, elle rêve sur le banc de la paix.
Elle a fui son nid de punaises ;
À l’air, elle est plus à l’aise.
Elle dit soudain à haute voix :
On vivrait mieux en paix
Avec des fantômes qu’avec ces dadais.
Et moi, ça ne me dérangerait pas.
On aurait même des pommes de terre
Dans les boutiques, de manière régulière.
Elle dit : ici, on sacrifie à l’armement.
Mais où sont les confortables logements ?
C’est pour quand l’avenir radieux ?
Interrogez le long regard des Dieux.
Quarante ans de bons et loyaux
Services au service de leur État
Et je vis au fond d’un boyau :
Un divan, une télé et la gueule de bois.
Quand il a son content, le fauve dort ;
Notre Guide massacre encore.
Dans les pays normaux,
Sans guide, sans services spéciaux,
On laisse chacun user de son cerveau
Pour affronter la vie et ses maux.
Ici, c’est l’opération spéciale instituée,
La Guerre éclair toujours recommencée.
Bientôt, j’aurai passé cent ans.
J’ai connu les grands temps
Du sévère Guide tout puissant,
Quand au matin, subitement,
Disparaissaient les voisins, les parents ;
Quand la nuit, les étoiles tremblaient ;
Quand le soir, on se disait adieu.
En catimini, certains se signaient,
Puis s’en allaient prier leur Dieu
Pour les disparus à jamais.
J’ai vu de ces choses alors,
La nuit, je les revois encore.
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