Lingua   

La Banquise craquelle

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




Le soldat dit : je reviens du front.
Seul, j’ai de la chance au fond ;
Les autres sont restés là.
Si on les trouve, on les ramènera.
Je n’en peux plus, je dis tout :
Ma répulsion, mon dégoût.
On mène une guerre contraire
À la dignité, aux usages militaires.
On ruine les campagnes et les villes.
On vole, on massacre les civils.
On assassine sans compter.
On brutalise, on viole les prisonniers.

Ce monde est bizarre. Au front,
Automne, hiver, printemps, été,
On baigne dans la saleté,
On vit comme des cochons,
Des boucs, des béliers, des putois, des porcs.
On sent, on schlingue, on pue.
Et on tue, on tue, on tue, sans remords.
Au bataillon : compassion est inconnue.
Devant la haute marée des cadavres,
On grigne, on soupire, on se navre.
À tant faire la guerre,
La mort indiffère.

Ah, dit le Revenant, en prison,
J’ai réfléchi toute une vie
À l’avenir de la Zinovie.
Elle se meurt de colonisation.
L’empire est malade, rongé, écrasé
Par son insoutenable énormité ;
Il souffre d’une pesante obésité
De nations, de pays et de peuples différents
Absorbés, terrorisés, annexés.
Mais déjà on entend
La banquise qui craquelle ;
L’air du large les appelle.

Et aux enfants, les écoles disent
Toutes les choses permises
Et les valeurs de l’Église.
Travail, famille, patrie,
Héroïsme, sacrifice et devoir.
Un monde qui marche au plafond,
Une histoire qui confond.
École du jour : désespoir.
À l’école du soir, dans le noir,
Sans lumière, on scrute le futur :
On espère un monde moins dur,
Sans Guide, libre, bizarre.



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