Lehrmeisterin des Lebens

Petit dialogue maïeutique



Regarde, Lucien l’âne mon ami, sauf erreur de ma part, notre ami Ventu vient d’écrire une chanson en allemand.

En allemand ?, demande Lucien l’âne. Et pourquoi donc ?

Oui, en allemand et cela a du sens, certainement, continue Marco Valdo M.I., en ce moment qui rappelle les années 30 du siècle dernier, principalement en Europe et ce qui s’en est suivi pour le monde entier. Il y a avait eu Munich, déjà ; Munich et des cortèges de chars, déjà. Sa chanson interpelle l’Histoire et la mémoire et ce n’est pas un hasard non plus.

En effet, dit Lucien l’âne, on dit souvent que l’Histoire se répète, bégaye. Moi, je pense qu’elle bafouille et qu’elle cafouille. Déjà que cette fois-ci, elle s’est trompée de dictateur et d’envahisseur ; enfin, ce ne sont plus les mêmes qui aujourd’hui envahissent leurs voisins pour les asservir. Encore que... Il est de ces retournements historiques, mais sans doute se produisent-ils simplement en retard et dans le sens de l’Histoire ; le glacier de montagne descend irrépressiblement vers la vallée et les impérialismes, si on ne les amène pas à résipiscence, ont toujours tendance à se gonfler comme des baudruches. À la fin, ils éclatent et se décomposent. Prenons l’exemple, d’Alexandre ou de l’Empire des empires que fut celui des Césars, ou celui de Charles-Quint, ou celui des Tsars. Déliquescence, déliquescence. Et que reste-t-il de l’Empire britannique ? Vénitien, Italien, Ottoman ou Mongol ?

Ne t’emballe pas, Lucien l’âne mon ami, ce n’est pas nécessaire, mais tu as raison, même si ta liste d’exemples est fort courte. Songe par exemple au rêve manqué de Périclès ? Au grand Xerxès… Aux Incas, aux Amériques… Laissons tout cela. Mais quand même, cette fois, c’est l’Histoire en miroir, mais un de ces miroirs de foire, une de ces glaces déformantes où les monstres grimacent tant et plus ; d’ailleurs, ils sont toujours aussi laids. Pour le reste, tu liras la version française… Elle vaut ce qu’elle vaut et ce que vaut l’originale allemande. Et puis, et puis, il nous reste encore la vie et il nous faut la vivre, malgré tout. Et si possible, joyeusement comme le fit Till.

Alors, tenons-nous-en là et tissons le linceul de ce vieux monde brouillon, embrouillé, hésitant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane