Je suis gardien à la prison.
Depuis dix ans, c’est mon métier.
Pas le choix, je devais travailler.
Avec la guerre, c’est une autre chanson.
Que fait-on des prisonniers de là-bas ?,
Demande le soldat.
On nous a fait la leçon :
Soyez cruels, méchants, sans façon.
Cognez, cognez, il faut les casser.
Les insulter, les malmener, les blesser.
Avec eux, violence, pas de quartier.
Ce sont des ennemis, pas de pitié.
Ils n’ont jamais été tendres,
Dit le trouvère, pour ceux d’ici,
Il y a les instructions spéciales aussi.
Au piège, Boris s’est fait prendre.
Sur ce pont, là, un soir, il est passé,
Avec son amie, sans se presser.
D’une auto, les coups sont partis:
Quatre balles de plomb,
Le sang coulait le long du pantalon.
Un instant et pour Boris, c’était fini.
Opposant, c’était un ennemi de l’intérieur.
Là, on dépose encore toujours des fleurs.
Le Guide redit : il faut maintenant
Une bonne guerre sérieuse,
Ravageuse et victorieuse
Pour former les jeunes gens,
Leur donner le goût de la Patrie,
Aux femmes, parler de son cœur
Et de son immense douceur.
La rendre sexy, donner envie
À tous de mourir en combattant ;
Aux vieux, rappeler le bon temps ;
Pour tous, agiter le drapeau nostalgique
De la Grande Guerre patriotique.
Il est une autre guerre, dit Grand-Mère ;
Cette guerre cachée me désespère.
Là-bas, on fait la guerre aux femmes
Parce qu’elles sont femmes.
Au lever du jour, au petit matin,
On les couvre de noir, on les éteint.
Personne ne sait le trouble
Qui, au jour le jour, les use,
Abîme leur regard, le trouble.
Elles n’ont plus de corps,
À quel courage, à quelle ruse
Doivent-elles de vivre encor ?
Depuis dix ans, c’est mon métier.
Pas le choix, je devais travailler.
Avec la guerre, c’est une autre chanson.
Que fait-on des prisonniers de là-bas ?,
Demande le soldat.
On nous a fait la leçon :
Soyez cruels, méchants, sans façon.
Cognez, cognez, il faut les casser.
Les insulter, les malmener, les blesser.
Avec eux, violence, pas de quartier.
Ce sont des ennemis, pas de pitié.
Ils n’ont jamais été tendres,
Dit le trouvère, pour ceux d’ici,
Il y a les instructions spéciales aussi.
Au piège, Boris s’est fait prendre.
Sur ce pont, là, un soir, il est passé,
Avec son amie, sans se presser.
D’une auto, les coups sont partis:
Quatre balles de plomb,
Le sang coulait le long du pantalon.
Un instant et pour Boris, c’était fini.
Opposant, c’était un ennemi de l’intérieur.
Là, on dépose encore toujours des fleurs.
Le Guide redit : il faut maintenant
Une bonne guerre sérieuse,
Ravageuse et victorieuse
Pour former les jeunes gens,
Leur donner le goût de la Patrie,
Aux femmes, parler de son cœur
Et de son immense douceur.
La rendre sexy, donner envie
À tous de mourir en combattant ;
Aux vieux, rappeler le bon temps ;
Pour tous, agiter le drapeau nostalgique
De la Grande Guerre patriotique.
Il est une autre guerre, dit Grand-Mère ;
Cette guerre cachée me désespère.
Là-bas, on fait la guerre aux femmes
Parce qu’elles sont femmes.
Au lever du jour, au petit matin,
On les couvre de noir, on les éteint.
Personne ne sait le trouble
Qui, au jour le jour, les use,
Abîme leur regard, le trouble.
Elles n’ont plus de corps,
À quel courage, à quelle ruse
Doivent-elles de vivre encor ?
×
