Le soldat s’amène bien tôt ;
Il dit : À l’hôpital ce tantôt,
J’ai vu deux copains ;
Ça les réjouit tout plein
D’être ensemble à l’hosto.
Des revenus, des rescapés,
Tous les autres y sont restés.
Tous les soldats zinoviens,
Et les troupiers étrangers
Qu’on avait fait venir de loin.
La seule chance : être prisonniers,
L’ennemi les traitera en êtres humains.
Le Guide avait dit à tous :
Notre armée est indestructible ;
Où elle passe, c’est terrible,
Plus rien ne repousse.
Si on leur en laisse le temps,
Devant nous, tous foutent le camp.
Par la grâce de Dieu,
Un soldat mort chez nous,
C’est dix cadavres chez eux :
Vieux, femmes, enfants et tout et tout.
Les pauvres gars l’avaient cru ;
Alors, confiants, ils étaient venus.
On a le plus de chars, plus de camions,
Plus de canons, plus de bombes, plus d’avions.
On aura le plus de morts, le plus de blessés.
À quoi ressemblerait notre guerre,
Sans cadavres et sans mutilés ?
C’est notre doctrine militaire.
On ne tue, on ne meurt jamais trop.
Sans la mort, où seraient nos héros ?
Économiser les vies humaines ?
Quelle idée ! Notre volonté souveraine,
Notre but final : la totale destruction
Du paysage, des gens : leur disparition.
Exaltons les forces vives de la nation :
La Zinovie au premier rang de l’humanité.
Une longue guerre est à souhaiter,
Sans mesquines considérations
Sur la vie et la mort en gloire
De nos héros face à l’histoire.
Plus il y aura de héros, plus le sang coulera,
Plus notre grand Empire écrira
Les pages inoubliables d’un peuple formidable.
Ah, dit le soldat, il ne faut pas tenter le diable.
Il vaut quand même mieux de beaucoup,
Revenir amoché que pas revenir du tout.
Il dit : À l’hôpital ce tantôt,
J’ai vu deux copains ;
Ça les réjouit tout plein
D’être ensemble à l’hosto.
Des revenus, des rescapés,
Tous les autres y sont restés.
Tous les soldats zinoviens,
Et les troupiers étrangers
Qu’on avait fait venir de loin.
La seule chance : être prisonniers,
L’ennemi les traitera en êtres humains.
Le Guide avait dit à tous :
Notre armée est indestructible ;
Où elle passe, c’est terrible,
Plus rien ne repousse.
Si on leur en laisse le temps,
Devant nous, tous foutent le camp.
Par la grâce de Dieu,
Un soldat mort chez nous,
C’est dix cadavres chez eux :
Vieux, femmes, enfants et tout et tout.
Les pauvres gars l’avaient cru ;
Alors, confiants, ils étaient venus.
On a le plus de chars, plus de camions,
Plus de canons, plus de bombes, plus d’avions.
On aura le plus de morts, le plus de blessés.
À quoi ressemblerait notre guerre,
Sans cadavres et sans mutilés ?
C’est notre doctrine militaire.
On ne tue, on ne meurt jamais trop.
Sans la mort, où seraient nos héros ?
Économiser les vies humaines ?
Quelle idée ! Notre volonté souveraine,
Notre but final : la totale destruction
Du paysage, des gens : leur disparition.
Exaltons les forces vives de la nation :
La Zinovie au premier rang de l’humanité.
Une longue guerre est à souhaiter,
Sans mesquines considérations
Sur la vie et la mort en gloire
De nos héros face à l’histoire.
Plus il y aura de héros, plus le sang coulera,
Plus notre grand Empire écrira
Les pages inoubliables d’un peuple formidable.
Ah, dit le soldat, il ne faut pas tenter le diable.
Il vaut quand même mieux de beaucoup,
Revenir amoché que pas revenir du tout.
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