Langue   

Terre !

Charles Trenet
Langue: français


Charles Trenet

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Terre !

Chanson française – Terre ! - Charles Trenet – 1941

Paroles et Musique: Charles Trenet – 1941
Orchestre Jazz de Paris

Dialogue maïeutique
TERRE, ON VIENT À TOI !<br />
John Gast - 1872
TERRE, ON VIENT À TOI !
John Gast - 1872


Comme il appert, dit Marco Valdo M.I., que cette chanson date d’une époque où la France était dans une situation des plus curieuses et subissait une double dictature pour une moitié du territoire (en gros), celle directe de l’État français, variante locale du nazi-fascisme très en vogue à l’époque et celle plus imposante encore, quoique momentanément suspendue pour la moitié Sud, du nazisme tout court et de l’occupation allemande. De Gaulle et Pierre Dac, de Londres, appelaient à leurs renversements et à leurs disparitions. L’Histoire a montré que cette minorité exilée avait raison. Les dictatures (suivez mon regard !) doivent toujours se méfier des minorités parties en exil.

Pour ce qui est de suivre ton regard, dit Lucien l’âne, je suis très bien et j’imagine qu’il se tourne vers la Zinovie et son Guide absurde, digne successeur du Géorgien Iossif Vissarionovitch Djougachvili et du Père Ubu.

Tu as bien suivi, Lucien l’âne mon ami, quoiqu’ils ne soit pas le seul en activité en ce moment de par le monde. Il en est même de religieux, usurpateurs eux aussi d’un grand empire des plus anciens de l’Histoire connue, qui pourraient bien le dépasser un jour dans l’absurdité absolue.

La peste soit des religions et des religieux, dit Lucien l’âne. Mais finalement, cette chanson ?

Comme tu pourras le voir, reprend Marco Valdo M.I., elle s’intitule Terre et relate l’arrivée de Colomb au terme de sa longue et incertaine traversée des océans inconnus.

« Depuis des mois, Christophe Colomb
Voguait sur la mer immense,
Interrogeant les horizons,
Les vents des quatre saisons. »


et arrivé à ce point, il fut aperçu sur la mer immense par les Indiens Caraïbes lesquels dans un bel ensemble se mirent à crier : « Ciel ! Nous sommes découverts ! », avant d’aller se réfugier dans les buissons. Mais la chanson raconte la version côté marin où l’équipage, qui n’avait pas encore vu les Indiens Caraïbes, se mit à chanter :

« Terre ! Terre ! Qui donne la joie.
Terre ! Terre ! Viens à moi.
Oui, terre, je suis à toi.
Descendons au plus tôt.
Le pays est beau.
La plaine est joyeuse. »


Puis, Trenet donne une idée du sens réel de sa chanson en énonçant ce refrain :

« Tout comme Colomb sur son bateau,
Nous voguions à la dérive.
L'eau était sale (ah quelle sale eau !) »


Telle était la situation de la France – « Nous voguions à la dérive » et de son Chef d’État et de son gouvernement – Quels salauds ! Puis, Trenet anticipe les temps futurs :

« Et puis, un jour, tout devint beau.
Tout devint clair sur la rive
Et l'on riait et l'on pleurait
Et le monde chantait : "Ohé : 
Terre ! Terre ! Oui, c'est toi.
Terre ! Terre ! Je te vois.
Terre ! Terre ! Viens à moi.
Oui, terre, je suis à toi. »


Comme nous le savons de longtemps, depuis les Histoires d’Allemagne, depuis nos traductions de Carlo Levi et de ses Lettres de Prison, le langage poétique dit les choses de façon imagée et somme toute, il suffit de savoir lire. Donc, Trenet dit France, quand tout (re)deviendra beau, tout (re)deviendra, France, France, viens à moi, je suis à toi. Foin des Allemands et de leurs invasions.

Mais, dit Lucien l’âne, le texte n’était pas au futur…

Franchement, dit Marco Valdo M.I., chanter le futur d’une France libérée sous Pétain et plus encore par la suite, sous l’occupation allemande menait tout droit au camp. Mais chanter pour un chanteur, c’est son gagne-pain, mais c’est aussi sa voix au chapitre. Il disait l’indicible, même si on le prenait pour le « fou chantant », il le disait en swingant, ce qui n’était ni très « national-folklorique », ni très dans le ton guttural de l’envahisseur. En plus, être joyeux – et chanter la joie à venir – aux heures graves est déjà en soi un programme de libération. L’air de rien, par la chanson, un air frais ravigotait les gens.

Ah, dit Lucien l’âne, la chanson !!! Quelle fée !

Oui, dit Marco Valdo M.I., et il est une interprétation plus vaste et sous-jacente qui est celle qui fait des marins de Colomb l’humanité entière qui s’en va vers, au travers des océans, vers un monde meilleur – du moins, elle le croit, du moins, elle l’espère.

« Quel jardin merveilleux
Brille sous nos veux.
Oh, les belles tomates !
Le ciel est parfumé.
Quand on aura semé,
On pourra s'aimer. »


À juste titre, dit Lucien l’âne, la guerre finit toujours par finir.

Oui, dit Marco Valdo M.I., et comme la mer de Valéry, elle finit toujours par recommencer.

« La mer, la mer, cent fois recommencée... »


Comme quoi, dit Lucien l’âne, il faut cultiver son jardin, disait Candide et d’année en saison, s’en aller au bout du chemin – le sien ; celui des autres continuant. Alors, tissons le linceul de ce monde empâté, empêtré, empaffé, empalé et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Depuis des mois, Christophe Colomb
Voguait sur la mer immense,
Interrogeant les horizons,
Les vents des quatre saisons.
Les matelots, pauvres garçons
Disaient : "Nous n'avons pas de chance."
Quand un beau jour, en haut du pont,
On entendit Colomb :
Terre ! Terre ! Oui, c'est toi.
Terre ! Terre ! Je te vois.
Terre ! Terre ! Viens à moi.
Oui, terre, je suis à toi.
Terre ! Terre ! Oui c'est toi.
Terre ! Terre ! Qui donne la joie.
Terre ! Terre ! Viens à moi.
Oui, terre, je suis à toi.
Descendons au plus tôt.
Le pays est beau.
La plaine est joyeuse.
Bâtissons des maisons.
Pêchons des poissons.
Chantons des chansons !
Ah Terre ! Terre ! Oui, c'est toi
Terre ! Terre ! Qui donne la joie.
Terre'. Terre ! Viens à moi.
Oui ! Terre, je suis à toi.
Tout comme Colomb sur son bateau,
Nous voguions à la dérive.
L'eau était sale (ah quelle sale eau !)
Ah, quel méli-mélo
Et puis, un jour, tout devint beau.
Tout devint clair sur la rive
Et l'on riait et l'on pleurait
Et le monde chantait : "Ohé :
Terre ! Terre ! Oui, c'est toi.
Terre ! Terre ! Je te vois.
Terre ! Terre ! Viens à moi.
Oui, terre, je suis à toi.
Terre ! Terre ! Oui c'est toi.
Terre ! Terre ! Qui donne la joie.
Terre ! Terre ! Viens à moi.
Oui, terre, je suis à toi.
Quel jardin merveilleux
Brille sous nos veux.
Oh, les belles tomates !
Le ciel est parfumé.
Quand on aura semé,
On pourra s'aimer.
Ah, Terre ! Terre ! Disent les bois.
Terre ! Terre ! Vive la joie.
Vive la Terre ont dit les blondes.
Vive la Terre a dit le monde.
Vive la Terre ont dit les brunes.
Vive la Terre a dit la lune.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 7/5/2024 - 16:23




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