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La Corinne

Pierre Perret
Langue: français


Pierre Perret

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La Corinne

Chanson française – La Corinne – Pierre Perret – 1995 (Éditions Adèle)

Petit Dialogue maïeutique
CORINNE AU CAP MISÈNE <br />
François Gérard - 1850
CORINNE AU CAP MISÈNE
François Gérard - 1850


Mon cher ami Lucien l’âne, que penserais-tu d’une chanson cousine de la Fernande de Georges Brassens par son franc-parler, mais quand même de vingt ans sa cadette, si j’ose ainsi dire et sœur de Lily par son auteur et interprète, Pierre Perret, chanson elle aussi antérieure de vingt ans à cette Corinne très réjouissante ?

Moi, dit Lucien l’âne en riant, j’aimerais d’abord l’entendre, car j’imagine déjà quelque chanson dans le genre de Une Pipe à Pépé d’Henri Tachan ou La Vieille de Patrick Font ou encore, celle autre qui célèbre la mort de Saint Éloi à la rengaine de « Non, non, non, Saint Éloi n’est pas mort, car il bande, car il bande encore ». Et d’ailleurs, en la matière, nous autres les ânes, c’est pas pour me vanter, ont une sacrée réputation. Même de ce bon Saint Éloi, les dames disaient «  Regardez-le, il bande comme un âne ! »

J’entends, Lucien l’âne mon ami, que tu as parfaitement saisi le sens pénétrant de la chanson La Corinne, laquelle Corinne avait une fameuse prédilection pour l’usage immodéré du membre en rut. Les culs coincés et les pudibond, s’abstenir ! Attention, les bonnes mœurs vont encore en prendre un coup, et même si en Perse et en Iran et d’autres lieux du genre, elle serait interdite... mais n’importe, un peu d’air libre fait toujours du bien, même – c’est dans la chanson – le Bon Dieu le dit :

« Et le Bon Dieu a dit "Nom d'un chien
Faudra que j'essaye ça un matin"
Et le Bon Dieu a dit "Nom d'un chien,
Ça ne peut que me faire du bien !" »


Alors, dit Lucien l’âne, précipitons-nous pour voir cette Corinne exultante et puis, tissons le linceul de ce vieux monde coincé, pudibond, bigot, idiot et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo et Lucien Lane
Quand la chouette aux yeux jaunes la nuit en plein mois d'août
D'un long cri qui résonne appelle son hibou,
Les braves gens du village, la mine réjouie,
Savent bien que ce ramage, c'est pas l'oiseau de nuit.

Ils disent "Tiens c'est la Corinne
Qui a encore trouvé une pine,
La petite noire du garde chasse,
C'est un vrai piège à bécasses."

À l'unisson les paroissiens
Dirent "Y a que ça qui lui fait du bien !"

Et quand l'hiver s'en vient sous les premiers flocons,
D'un grand coup de surin, on saigne le cochon,
Est-ce la bête qui agonise de qui proviennent ces cris
Poussés derrière l'église ? Mais les fidèles qui prient,

Disent "Tiens, c'est la Corinne,
Qui a encore trouvé une pine,
C'est celle du berger Bobby,
Ça le change de ses brebis."

À l'unisson les paroissiens
Dirent "Y a que ça qui lui fait du bien !"

Elle amena en Afrique son mari Casimir
Qui cru entendre un soir un éléphant barrir,
Mais ce long cri sauvage, cette féroce clameur,
Les guerriers du village la connaissaient par cœur :
Ils dirent "Tiens, c'est la Corinne,
Qui a encore trouvé une pine,
Sûrement celle du grand sorcier
Qui lui agite le couscoussier."

À l'unisson les Africains
Dirent "Y a que ça qui lui fait du bien"

Dans un transatlantique sur le chemin du retour,
Ils croisèrent des baleines poussant des cris d'amour,
Mais dans la nuit obscure ces cris de supplicié
Les marins les reconnurent ainsi que les plaisanciers :
Ils dirent "Tiens, c'est la Corinne,
Le capitaine la taquine,
À cette heure-là en principe,
Il lui fait fumer sa pipe."

À l'unisson tous les marins
Dirent "Y a que ça qui lui fait du bien !"

Sentant la mort prochaine, elle dit à son époux,
Je veux un cercueil de chêne avec des nœuds partout.
Cette innocente prière fut bien sûr exaucée ;
Depuis lors au cimetière, quand on entend glousser,
On dit "Tiens, c'est la Corinne
Qui a encore trouvé une pine,
Ses amants n'avaient pas tort,
Elle peut faire bander un mort."

À l'unisson les paroissiens
Dirent "Y a que ça qui lui fait du bien !"

Cette vie dissolue l'amena pourtant au ciel
Pour affronter les foudres du bon Père éternel ;
Reçue par le concierge, elle poussa un long cri
En empoignant sa barbe, mais les anges ont souri ;

Ils dirent "Tiens, c'est la Corinne
Qu'a encore trouvé une pine,
C'est Saint Pierre à tous les coups
Qui essaye son passe-partout."

Et le Bon Dieu a dit "Nom d'un chien,
Faudra que j'essaye ça un matin !"
Et le Bon Dieu a dit "Nom d'un chien,
Ça ne peut que me faire du bien !"

envoyé par Marco Valdo M.I. - 4/5/2024 - 19:52




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