Là-bas, dit mon amie, dit la Grand-Mère,
Le Guide bâtit le monde du désespoir :
Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ;
Les hommes en blanc, les femmes en noir.
L’homme enfermé dans la famille,
Hormis sa mère, ses sœurs, ses filles,
Ne peut toucher les mains d’une femme,
Encore moins l’embrasser sans psychodrame.
Là-bas, le Guide ordonne l’exécution publique
Des éléments opposés à sa République.
Là-bas, on liquide par milliers ces gens ;
On se débarrasse des mécréants.
Voyez-vous, la population de Zinovie
Se départage en deux catégories :
Les hommes du Guide, les geôliers
Entièrement dévoués au Président.
Les gens du commun, les prisonniers
Anesthésiés, hypnotisés par les écrans.
Ces citoyens sont forcés à l’avilissement,
Complices des crimes et des reniements,
Spectateurs des procès et des condamnations
Que le pouvoir diffuse à la télévision.
La conscience, noyée par cette régurgitation,
Sombre dans le vide, poussée à la soumission.
Alors, dit le trouvère, les affidés
Pour faire de chacun un des leurs
Pénètrent les espaces privés,
Formatent les cerveaux et les cœurs,
Imposent leurs gestes et leur manière,
Répandent les mots et les tournures
De leur langage vernaculaire.
Le seul moyen d’échapper à cette pourriture
Est de soigner la langue de la cité,
Et de préserver chacun sa personnalité,
Cette irréductible individualité
Qui fait croître en nous l’humanité.
Soudain, le soldat se lève et chante.
Ne croyez pas que la guerre m’enchante.
La mort rode là-bas ; là-bas, diffuse,
Comme les rats, la mort fuse et ruse.
Les gargouillements des combats
Remontent des senteurs d’abats.
Parlez-moi de la paix et non pas du combat,
Le combat me dégoûte, me retourne l’estomac,
L’horreur des bombes me met en rage,
Car le plus grand bonheur ici sur la Terre,
On le doit à la paix et jamais à la guerre.
Je n’ai jamais aimé l’orage.
Le Guide bâtit le monde du désespoir :
Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ;
Les hommes en blanc, les femmes en noir.
L’homme enfermé dans la famille,
Hormis sa mère, ses sœurs, ses filles,
Ne peut toucher les mains d’une femme,
Encore moins l’embrasser sans psychodrame.
Là-bas, le Guide ordonne l’exécution publique
Des éléments opposés à sa République.
Là-bas, on liquide par milliers ces gens ;
On se débarrasse des mécréants.
Voyez-vous, la population de Zinovie
Se départage en deux catégories :
Les hommes du Guide, les geôliers
Entièrement dévoués au Président.
Les gens du commun, les prisonniers
Anesthésiés, hypnotisés par les écrans.
Ces citoyens sont forcés à l’avilissement,
Complices des crimes et des reniements,
Spectateurs des procès et des condamnations
Que le pouvoir diffuse à la télévision.
La conscience, noyée par cette régurgitation,
Sombre dans le vide, poussée à la soumission.
Alors, dit le trouvère, les affidés
Pour faire de chacun un des leurs
Pénètrent les espaces privés,
Formatent les cerveaux et les cœurs,
Imposent leurs gestes et leur manière,
Répandent les mots et les tournures
De leur langage vernaculaire.
Le seul moyen d’échapper à cette pourriture
Est de soigner la langue de la cité,
Et de préserver chacun sa personnalité,
Cette irréductible individualité
Qui fait croître en nous l’humanité.
Soudain, le soldat se lève et chante.
Ne croyez pas que la guerre m’enchante.
La mort rode là-bas ; là-bas, diffuse,
Comme les rats, la mort fuse et ruse.
Les gargouillements des combats
Remontent des senteurs d’abats.
Parlez-moi de la paix et non pas du combat,
Le combat me dégoûte, me retourne l’estomac,
L’horreur des bombes me met en rage,
Car le plus grand bonheur ici sur la Terre,
On le doit à la paix et jamais à la guerre.
Je n’ai jamais aimé l’orage.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 9/11/2023 - 17:30
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Chanson française — La Régurgitation — Marco Valdo M.I. — 2023
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 170
Charles Cottet - 1904
Parfois, Lucien l’âne mon ami, il est difficile de voir et de comprendre en quoi une chanson est une chanson contre la guerre. Par exemple, les chansons patriotiques ou celles qui magnifient la résistance à un envahisseur. En fait, on pourrait résumer la position de ces dernières au slogan paradoxal de « Guerre à la guerre ! ».
Crier « Guerre à la guerre ! » est en effet paradoxal, dit Lucien l’âne. C’est une question délicate, un sujet périlleux comme celui de la « guerre juste ».
Pas vraiment, dit Marco Valdo M.I., car il faut d’abord délimiter l’espace, le type, le genre et pourquoi pas, le but – ouvertement avoué ou dissimulé par des euphémismes d’État – de la guerre dont on parle.
Qu’est-ce que c’est qu’un euphémisme d’État, demande Lucien l’âne.
Eh bien, rien ne vaut un exemple, dit Marco Valdo M.I. ; donc, par exemple, un pays envahit le pays voisin – c’est bien une guerre, mais il appelle cette guerre une « opération militaire spéciale » ou une action de police intérieure. C’est ça un euphémisme d’État.
En somme, dit Lucien l’âne, c’est un mensonge pur et dur, c’est une escroquerie.
En effet, dit Marco Valdo M.I., c’est une manière de margoulin. Donc, ici, pour les chansons contre la guerre, dans le slogan de « Guerre à la guerre », le sens de la guerre est clair, il s’agit de la guerre brutale et militaire. Elle se veut destructrice, assassine et conquérante. Dans ce cas, on sait de quoi il est question. La guerre est une déstabilisation d’une situation de vie plus ou moins équilibrée : des gens vivent tranquillement entre eux et avec leurs voisins et soudain, il y a rupture de ce pacifique consensus. Évidemment, une rupture unilatérale et armée d’un certain état de paix couvert par un certain accord. La ruine de la paix, de la paix commune, c’est là que commence la guerre
Et Dieu dans tout ça ?, demande Lucien l’âne.
Oh, dit Marco Valdo M.I ;, la plupart du temps, c’est un facteur aggravant, c’est un vrai boulet. C’est le prétexte et le dopant de la guerre. Certes, on invoque la paix en son nom, mais il convoque la guerre, il la promeut, il la sanctifie. Il renforce les élans d’agressivité. On a vu ça tout au travers de l’histoire.
C’est exact, dit Lucien l’âne, j’en souvent été le témoin et mes o-reilles, qui sont longues, en vibrent encore.
Mais, reprend Marco Valdo M.I., pour en revenir à la canzone, c’est le soldat qui en chante le plus nettement. Il le fait d’une façon qui rappelle certaine chanson de Brassens, opportunément intitulée L’orage.
Le combat me dégoûte, me retourne l’estomac,
L’horreur des bombes me met en rage,
Car le plus grand bonheur ici sur la Terre,
On le doit à la paix et jamais à la guerre.
Je n’ai jamais aimé l’orage. »
C’est normal que le soldat en parle, dit Lucien l’âne. C’est son quotidien de ces temps-ci. Et pour le reste ?
En premier, répond Marco Valdo M.I., la Grand-Mère relaie les propos de son amie qui détaille (un peu) la situation « là-bas », c’est-à-dire en Perse où l’oppression qui pèse sur les gens commence par la rigoureuse séparation, que rappelle quasiment l’apartheid ou la discrimination raciale, qui est impose en rte les hommes et les femmes.
Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ;
Les hommes en blanc, les femmes en noir. »
Toujours, dit Lucien l’âne, ce « diviser pour régner ». C’est un principe de terreur.
Tu ne penses pas si bien dire, Lucien l’âne mon ami, quand tu évoques la terreur. Voici ce qui l’amie de Grand-Mère :
« Là-bas, le Guide ordonne l’exécution publique
Des éléments opposés à sa République.
Là-bas, on liquide par milliers ces gens ;
On se débarrasse des mécréants. »
Ensuite, c’est le trouvère qui parle du fonctionnement de l’oppression en Zinovie, de comment on asservit – sans le dire ouvertement, par une ruse perverse – toute une population.
Complices des crimes et des reniements,
Spectateurs des procès et des condamnations
Que le pouvoir diffuse à la télévision.
La conscience, noyée par cette régurgitation,
Sombre dans le vide, poussée à la soumission. »
Puis, il montre la voie pour en sortir :
Est de soigner la langue de la cité,
Et de préserver chacun sa personnalité,
Cette irréductible individualité
Qui fait croître en nous l’humanité. »
Par chance, dit Lucien l’âne, il y a toujours cette « irréductible individualité », sans quoi on n’aurait plus que des peuples-troupeaux. Dès lors, tissons le linceul de ce vieux monde caduque, cabot, cabotin, cabossé, chaotique, carnassier et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? 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