Les Mamelles de la Guerre

Dialogue Maïeutique



Même si elles concernent la guerre, Lucien l’âne mon ami, ces mamelles-ci ne doivent rien à l’œuvre de Guillaume Apollinaire, intitulée « Les mamelles de Tirésias ». Elles sont fort distantes et très différentes les unes des autres.

Ah, dit Lucien l’âne, j’aurais cru.

Comme disait la Grand-mère, qui avait de la religion, répond Marco Valdo M.I., il faut laisser croire les béguines, elles sont faites pour ça.

Certes, dit Lucien l’âne, et je peux même l’(attester, car sur mon long chemin, j’en ai plusieurs fois croisées. Mais, dis-moi, ces mamelles, d’où viennent-elles alors ?

D’abord, Lucien l’âne mon ami, voyons ce qu’en dit la chanson :



Cette petite citation, réfléchit Lucien l’âne, me rappelle quelque chose. N’était-ce pas de Balzac ce « splendeur et misère », sauf que chez lui, elles sont au pluriel : « Splendeurs et misères des courtisanes » ? Et ces deux mamelles n’étaient-elles pas une réminiscence de Sully, grand ami d’Henry IV, qui disait : « Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France » ou à peu près.

En plein dans le mille, dit Marco Valdo M.I., et tant qu’à débusquer des réminiscences je noterai encore deux passages dont je t’invite à situer la provenance. La première est toute dans le dernier vers :


La seconde et la plus belle est quasiment du mot à mot :

« Il y avait une ville,
Il n’y a plus rien. »

Ces deux citations renvoient à des chansons.

Oh, dit Lucien l’âne, je devine que la première renvoie à Maurice Fanon et à sa chanson « La petite juive » ; Fanon disait :



et la seconde, plus nette, est directement tirée de la chanson de Claude Nougaro : « Il y avait une ville ». Cela dit, j’aime beaucoup ce jeu de réminiscences ; c’est un art de connivence. Mais quand même que raconte la chanson ?

Oh, Lucien l’âne mon ami, je vais synthétiser.
Première strophe : le trouvère se souvient de son enfance et par ce biais, de sa formation de trouvère faite sur le tas du temps de l’école.
Deuxième strophe : le soldat donne des nouvelles du front et de la barbarie de l’envahisseur dans l’armée duquel il est contraint de faire la guerre. Il est question de l’éradication systémique des villes et des civils.
Troisième strophe : le trouvère dresse le portrait du Guide et de ce qui en restera.
Quatrième strophe : le trouvère fait le constat de l’écart croissant entre le pouvoir et la population de Zinovie.

Voilà qui est expédié, dit Lucien l’âne, mais enfin, il suffit de retourner au texte pour en savoir plus. Alors encore, tissons le linceul de ce vieux monde brutal, barbare, bordélique et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane