À l’École de la Capitale

Dialogue Maïeutique



Pour commencer, Lucien l’âne mon ami, je rappelle que dans cette chanson, il s’agit de la voix connue du trouvère, alias L’Explorateur qui avait dit son désir de


C’est important, car on sait dès lors cette partie du chant choral englobée dans une sphère autobiographique du personnage. Même si, évidemment, le trouvère lui-même reste un anonyme.

Oh, dit Lucien l’âne, pas si anonyme que ça. Je le soupçonne d’être l’auteur lui-même ou son double. Ce qui correspond assez à l’idée que cette histoire couvre le siècle écoulé – celui de Zinoviev – qui en Zinovie, commence par une révolution aux jolies , mais vite détrompées, aspirations.

Avec ce dernier point, répond Marco Valdo M.I., tu mets le doigt sur une constatation par le trouvère en personne ici même :


Il consacre une strophe entière à l’écart abyssal entre la grande espérance révolutionnaire et l’espoir social réel des parents. Maintenant, pour détailler un peu la chanson, elle fait une description de la situation des enfants (petits et grands) en âge scolaire. Il y a ceux qui échappent au système scolaire, vivent en bandes et de jeunes bandits se préparent à une vie difficile et pleine de périls et de dangers et puis, il y a ceux qui vont à l’école et enfin, il y a l’école elle-même.

Oui, dit Lucien l’âne, d’ailleurs, on retrouve ce phénomène des bandes dans quasiment toutes les villes et pareillement, ceux qui vont à l’école. En cela, l’évolution de la Zinovie ne se distingue pas fondamentalement de celle du reste des pays.

Exactement, dit Marco Valdo M.I., il me semble aussi. Cependant, en Zinovie, il y a un « avant ». Il dit ceci :

« Dans mon école, les enseignants
Étaient tous des gens d’avant. »

Cet avant, c’est le temps d’avant la révolution, d’avant l’instauration progressive du nouveau système social, l’écart qu’il installe entre les « responsables » et les gens. Avant aussi, la ségrégation des écoles.

En effet, dit Lucien l’âne, et s’il y a un avant, il y a forcément, un après.

C’est précisément, cet « après » que nous avons découvert tout au long du voyage, c’est la Zinovie dans son état contemporain. Un après où l’ambition d’une ascension collective s’est fracassée sur sa propre réalité. Note que le trouvère découvre des qualités exceptionnelles à l’école qui, malgré tout ce qui s’effondre, se disloque, se reforme autour d’elle se montre généreuse : elle donne et si je perçois bien la chose, elle porte en elle – tant qu’on ne la caporalise pas – un mouvement d’émancipation et de civilisation véritablement libératoire en considérant comme un individu chacun de ceux qu’elle accueille en son sein.

Je sais, dit Lucien l’âne, je l’ai toujours pensé ainsi que l’école, dans les limites de sa liberté d’action, est ouverture sur un autre monde, car elle ouvre les portes de l’infini de la connaissance et c’est vraiment une grande chose qui est souvent oubliée. Mais au fond, laissons dire le trouvère, il dit mieux que nous. Reprenons notre sempiternelle tâche et tissons le linceul de ce vieux monde illettré, déséquilibré, inégalitaire, injuste et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane