Le Guide veut marquer l’histoire.
Et vivre pour toujours dans la mémoire
En prophète, en géant métaphysique.
Il lui faut une stature historique.
Pour bâtir sa renommée,
Nous, on marche dans l’armée,
Anonymes soldats du rang.
Gladiateurs inconnus
Dans l’arène d’un monde perdu,
On part conquérir le temps,
Des territoires, des victoires
Et pour le Guide, l’éternelle Gloire.
Face au morne, les auteurs défaillent.
On souffre pire qu’avant ici.
À présent, on vit de grisaille
Et de la monotonie de l’ennui,
L’ordinaire est tellement moche
Et tant de choses clochent.
Dire la vérité, la banale réalité
Ne saurait être accepté.
La décrire plonge dans l’effroi.
Résultat : on ne la raconte pas.
L’écriture se couvre de ratures,
On n’a plus de littérature.
L’écriture est une torture,
De pages, des mots, de biffures.
Le quotidien est insupportable,
Jusqu’au plus profond de la mélancolie,
On nage dans l’insondable
La société couvre de boue, calomnie
Qui ne fait de mal à personne,
Qui ne trahit pas ses amis,
Qui laisse percer un peu d’esprit.
Celui-là en tout détonne :
On l’isole, on s’écarte de son chemin,
La solitude absolue est son destin.
Moi, personne ne me voit,
Cette étrange transparence
Me tient lieu d’existence.
Finalement, on existe pour quoi ?
Je n’ai pas le choix,
Moi, je persiste seul ainsi.
Ce monde exilé en moi,
Est un monde sans souci.
Né comme un rat parmi les rats,
À la fin, mon tour viendra.
En attendant : vivre,
Encore et toujours, vivre.
Et vivre pour toujours dans la mémoire
En prophète, en géant métaphysique.
Il lui faut une stature historique.
Pour bâtir sa renommée,
Nous, on marche dans l’armée,
Anonymes soldats du rang.
Gladiateurs inconnus
Dans l’arène d’un monde perdu,
On part conquérir le temps,
Des territoires, des victoires
Et pour le Guide, l’éternelle Gloire.
Face au morne, les auteurs défaillent.
On souffre pire qu’avant ici.
À présent, on vit de grisaille
Et de la monotonie de l’ennui,
L’ordinaire est tellement moche
Et tant de choses clochent.
Dire la vérité, la banale réalité
Ne saurait être accepté.
La décrire plonge dans l’effroi.
Résultat : on ne la raconte pas.
L’écriture se couvre de ratures,
On n’a plus de littérature.
L’écriture est une torture,
De pages, des mots, de biffures.
Le quotidien est insupportable,
Jusqu’au plus profond de la mélancolie,
On nage dans l’insondable
La société couvre de boue, calomnie
Qui ne fait de mal à personne,
Qui ne trahit pas ses amis,
Qui laisse percer un peu d’esprit.
Celui-là en tout détonne :
On l’isole, on s’écarte de son chemin,
La solitude absolue est son destin.
Moi, personne ne me voit,
Cette étrange transparence
Me tient lieu d’existence.
Finalement, on existe pour quoi ?
Je n’ai pas le choix,
Moi, je persiste seul ainsi.
Ce monde exilé en moi,
Est un monde sans souci.
Né comme un rat parmi les rats,
À la fin, mon tour viendra.
En attendant : vivre,
Encore et toujours, vivre.
inviata da Marco Valdo M.I. - 3/3/2023 - 20:08
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Chanson française — Les Ratures — Marco Valdo M.I. — 2023
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : L’État unique ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ;
Épisode 107
P. Bilan — 1979
Les ratures, dit Lucien l’âne, c’est un mot dont je me rappelle l’avoir entendu dans une chanson. Mais diantre, j’ai bien du mal dire laquelle. Il y était question de rature, de littérature et peut-être bien, de dictature.
Pas mal, répond Marco Valdo M.I., car, en effet, il existe une chanson qui parle de tout ça, mais pas de la Zinovie. Elle parle de l’Espagne au temps de la dictature ; elle s’intitule « Franco la Muerte » et son auteur-compositeur-interprète est Léo Ferré. Voici le passage qu’avait si bien capté ta mémoire :
Toi tu fais pas de littérature,
T’es pas Lorca, t’es sa rature »
Et à bien y regarder, elle parle de la mort future du dictateur et comme dans l’Histoire, en Espagne ou n’importe où ailleurs, et pourquoi pas en Zinovie, les dictateurs sont guettés par la mort et la plupart du temps, ils vivent terrés ; une mort que tant et tant de gens leur souhaitent vivement. Cela dit, la chanson parle de la Zinovie actuelle et une voix anonyme prononce bien les mots rature, littérature, écriture, et même, biffure, synonyme de rature :
On n’a plus de littérature.
L’écriture est une torture,
De pages, des mots, de biffures. »
Et que dit-elle d’autre ?, demande Lucien l’âne.
Eh bien, reprend Marco Valdo M.I., la voix anonyme évoque le destin de l’individu en Zinovie, qui est le pays du « nous », et l’isolement, l’ostracisme, l’exil intérieur dont le solitaire est frappé ; destin qui est sans doute celui de l’anonyme lui-même :
Qui ne fait de mal à personne,
Qui ne trahit pas ses amis,
Qui laisse percer un peu d’esprit.
Celui-là en tout détonne :
On l’isole, on s’écarte de son chemin,
La solitude absolue est son destin. »
Ce qui est rassurant, c’est qu’en dépit de l’horreur de la vie quotidienne insupportable, il garde sa propre voie.
En somme dit Lucien l’âne, cet anonyme, c’est une sorte de cousin de la mauvaise herbe que chantait Tonton Georges.
Exactement, dit Marco Valdo M.I., au pays du « Nous », il ne fait pas bon d’être une « mauvaise herbe » et de vouloir obstinément malgré tout « vivre ».
Nous aussi, Marco Valdo M.I. mon ami, nous avons cet entêtement de vivre, encore et toujours. C’est pourquoi, tissons le linceul de ce vieux monde rampant, égrotant, exilant, barbant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane