Je vis au ralenti, de rien.
Lentement, je fais les choses
Comme par osmose.
Tout coule, tout va bien.
Je fais, je lis doucement :
Lire et relire les livres,
On vit de bons moments.
À condition de survivre,
Dans le jardin de l’hôpital,
Assis sur un banc sale,
On goûte la vie à pleines dents,
À mâchouiller un cure-dents.
En Zinovie, il fait bon vivre
Boitant, titubant ivres
D’un trop plein de vide
Dans ce monde sordide.
Il n’y a pas d’autre issue,
Même notre vie odieuse,
La chose la plus précieuse,
Vaut la peine d’être vécue.
La pire aussi, mais il faut aimer,
Si on ne veut pas en crever.
Aimer nos ordures, aimer notre Terre,
C’est notre maison, ce sont nos frères.
La Zinovie fonce dans l’espace,
Jamais ne montre son flanc débile.
Le jour, elle présente son côté pile ;
La nuit, elle cache son côté face.
L’atome au service du progrès,
La bombe au service de la paix.
Fiers de vivre mal,
Fiers de souffrir de la guerre,
Fiers de l’esprit national,
Fiers face à tout l’univers,
On meurt plus dans notre région
Qu’en toute autre nation.
J’observe patient
Je vois la marche du temps,
L’éternité, c’est trop long
Avec l’estomac dans les talons ;
Ça n’en finit pas ces ères.
Mille ans, c’est un instant.
Pour nous, c’est suffisant,
Disait déjà ma mère à mon père.
Dans les cantines éternelles,
Ils sont partis à tire-d’ailes,
Là-bas, dévorer les vers,
Comme le font les hirondelles.
Lentement, je fais les choses
Comme par osmose.
Tout coule, tout va bien.
Je fais, je lis doucement :
Lire et relire les livres,
On vit de bons moments.
À condition de survivre,
Dans le jardin de l’hôpital,
Assis sur un banc sale,
On goûte la vie à pleines dents,
À mâchouiller un cure-dents.
En Zinovie, il fait bon vivre
Boitant, titubant ivres
D’un trop plein de vide
Dans ce monde sordide.
Il n’y a pas d’autre issue,
Même notre vie odieuse,
La chose la plus précieuse,
Vaut la peine d’être vécue.
La pire aussi, mais il faut aimer,
Si on ne veut pas en crever.
Aimer nos ordures, aimer notre Terre,
C’est notre maison, ce sont nos frères.
La Zinovie fonce dans l’espace,
Jamais ne montre son flanc débile.
Le jour, elle présente son côté pile ;
La nuit, elle cache son côté face.
L’atome au service du progrès,
La bombe au service de la paix.
Fiers de vivre mal,
Fiers de souffrir de la guerre,
Fiers de l’esprit national,
Fiers face à tout l’univers,
On meurt plus dans notre région
Qu’en toute autre nation.
J’observe patient
Je vois la marche du temps,
L’éternité, c’est trop long
Avec l’estomac dans les talons ;
Ça n’en finit pas ces ères.
Mille ans, c’est un instant.
Pour nous, c’est suffisant,
Disait déjà ma mère à mon père.
Dans les cantines éternelles,
Ils sont partis à tire-d’ailes,
Là-bas, dévorer les vers,
Comme le font les hirondelles.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2023/2/9 - 18:30
×
Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Chanson française — Les Cantines éternelles — Marco Valdo M.I. — 2023
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : L’État unique ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ;
Épisode 102
Vincent Van Gogh — 1889
Je vois tes yeux, Lucien l’âne mon ami, j’y vois le point d’interrogation qui clignote comme un phare du bout du monde : un coup, blanc ; un coup, noir. Il a l’air de m’interroger à répétition à propos des cantines éternelles.
C’est bien ce que je pense, dit Lucien l’âne. J’aimerais savoir ce qu’elles peuvent être.
J’allais le dire, répond Marco Valdo M.I., mais d’abord, laisse-moi te remercier de la question, car ces cantines éternelles méritent à coup sûr une explication, tant elles sont amphiboliques. Elles peuvent être, elles sont à la fois — note cet « à la fois » — presque quantiques…
Oh, dit Lucien l’âne en riant, je n’aurais jamais imaginé que ces cantines éternelles pouvaient être les quantiques des quantiques.
Trêve de plaisanterie, reprend Marco Valdo M.I., ces cantines éternelles sont certainement des lieux où l’on mange collectivement, en principe, à bon marché et on sait combien peut être redoutable la cuisine collective. C’est dans leur éternité que gît le doute ou le sens multiple. Les cantines éternelles sont à la fois celles où vont se restaurer les morts et en Zinovie, elles sont aussi celles qui sont le pain quotidien du peuple et sont vouées à perdurer dans l’éternité de l’avenir radieux. Ainsi, vues par la voix qui parle, elles sont son lot inévitable et de toute sa vie, il ne pourra y échapper.
C’est assez déprimant, dit Lucien l’âne.
Évidemment, reprend Marco Valdo M.I., attristant même et il est heureux que la chanson évoque d’autres choses qui ont trait à la vie en Zinovie telle que la raconte cette anonyme voix nouvelle. Le mieux, à mon sens, c’est de l’écouter et de la réécouter, car elle dit beaucoup de choses en peu de mots.
Faisons ainsi, conclut Lucien l’âne, et puis, tissons le linceul de ce vieux monde amphibolique, ambigu, douteux, équivoque, louche et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane