En Zinovie, la couleur grise
Est la teinte de mise.
C’est le gris du pays,
Pas n’importe quel gris,
C’est une couleur morose,
Un gris gris, pas le gris des roses,
Pas le gris mordoré des marbres,
Il donne le tournis aux arbres.
Le gris d’ici est trop gris.
En Zinovie, le gris n’est pas épris
Des couleurs du jour,
Du printemps et de l’amour,
Gris vers un peu mélancolique,
À la peau d’un gris vert exotique,
Il dit bonjour aux gens,
C’est le crocodile intelligent
Des livres illustrés
Et des dessins animés.
Donc, il y a ce bon crocodile,
Ce crocodile vit sur une île,
Là-bas, au chaud, tout au loin,
Avec le soleil pour témoin.
Et puis, il y a le crocodile de Zinovie,
Brute grise sans égards pour la vie.
De quoi a-t-on besoin ?
D’attention, de sincérité,
De sentiment, de fidélité ?
De quelqu’un qui prenne soin.
J’ai des amis, des parents
Je les vois de temps en temps.
Mais Elle ? J’ai besoin d’elle,
Comme un oiseau de ses ailes.
Minuit était déjà parti.
Elle téléphone enfin.
Elle était chez des amis.
Maintenant, j’attends le matin.
Chez nous, pays par l’ennui rongé,
On cultive soigneusement le désespoir.
Que faire d’autre que boire ?
Boire coûte moins cher que manger.
Pour les intellectuels, les artistes, les génies,
Boire est le signe du talent.
Le Guide, les responsables, les opposants,
Tout le monde boit en Zinovie.
À chacun selon sa capacité,
C’est le credo du gouvernement.
Mais chacun boit selon son rang.
En Zinovie, c’est l’ultime réalité.
Est la teinte de mise.
C’est le gris du pays,
Pas n’importe quel gris,
C’est une couleur morose,
Un gris gris, pas le gris des roses,
Pas le gris mordoré des marbres,
Il donne le tournis aux arbres.
Le gris d’ici est trop gris.
En Zinovie, le gris n’est pas épris
Des couleurs du jour,
Du printemps et de l’amour,
Gris vers un peu mélancolique,
À la peau d’un gris vert exotique,
Il dit bonjour aux gens,
C’est le crocodile intelligent
Des livres illustrés
Et des dessins animés.
Donc, il y a ce bon crocodile,
Ce crocodile vit sur une île,
Là-bas, au chaud, tout au loin,
Avec le soleil pour témoin.
Et puis, il y a le crocodile de Zinovie,
Brute grise sans égards pour la vie.
De quoi a-t-on besoin ?
D’attention, de sincérité,
De sentiment, de fidélité ?
De quelqu’un qui prenne soin.
J’ai des amis, des parents
Je les vois de temps en temps.
Mais Elle ? J’ai besoin d’elle,
Comme un oiseau de ses ailes.
Minuit était déjà parti.
Elle téléphone enfin.
Elle était chez des amis.
Maintenant, j’attends le matin.
Chez nous, pays par l’ennui rongé,
On cultive soigneusement le désespoir.
Que faire d’autre que boire ?
Boire coûte moins cher que manger.
Pour les intellectuels, les artistes, les génies,
Boire est le signe du talent.
Le Guide, les responsables, les opposants,
Tout le monde boit en Zinovie.
À chacun selon sa capacité,
C’est le credo du gouvernement.
Mais chacun boit selon son rang.
En Zinovie, c’est l’ultime réalité.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2022/12/24 - 11:35
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Chanson française — Le Pays gris — Marco Valdo M.I. — 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 89
Tout le monde boit en Zinovie.
Chacun boit selon sa capacité,
Chacun boit selon son rang.
Boire est le signe du talent.
Marevna - 1962
Le pays gris, dit Lucien l’âne, en voilà un nom. Moi, je connais bien le Pays noir qui est le Pays de Charleroi, du moins, dans nos régions. J’imagine d’ailleurs qu’il doit y avoir d’autres régions usinières et minières, charbonneuses à souhait que leurs habitants dénomment pays noir. Mais le pays gris, je ne connais pas, je n’en ai même jamais entendu parler. Où est-il ? Quel est-il ?
Eh bien, répond Marco Valdo M.I., le pays gris – du moins, celui-ci – c’est la Zinovie et si l’on en croit la chanson, ce n’est certainement pas le pays du sourire.
Et pourquoi, demande Lucien l’âne, cette appellation de pays gris ? Que signifie-t-elle ?
Ça, Lucien l’âne mon ami, la chanson ne l’explique pas très bien, à première vue, du moins. Mais il suffit juste d’y réfléchir un peu. Elle ne dit jamais vraiment, jamais directement – ce qui est une habitude du pays gris, précisément — et il faut se raccrocher au triple sens du mot gris, qui est généralement considéré comme une couleur terne et métaphoriquement, comprendre ainsi que le pays gris est le pays du terne, du morne, un pays moralement brouillardeux, bourru où forcément la vie en pâtit et semble se dérouler dans un paysage d’ennui éternel où les couleurs sont comme anesthésiées, phagocytées ; littéralement, un pays d’ennui mortel.
Ah, dit Lucien l’âne, voilà qui est enthousiasmant ; j’aime autant ne pas être contraint d’y rester ; et moins encore, d’un vivre.
Oh, dit Marco Valdo M.I., nous, on ne fait que passer, juste pour savoir ce qui s’y passe. Maintenant, je résume la chanson :
— La première strophe définit le gris de Zinovie. Comme on le voit, c’est un gris très particulier que ce gris zinovien :
Pas n’importe quel gris,
C’est une couleur morose,
Un gris gris, pas le gris des roses… »
— La deuxième strophe est plus mystérieuse encore en ce qu’elle évoque des crocodiles pour opposer au crocodile intelligent des livres illustrés et des films pour enfants au vrai crocodile zinovien :
…
Et puis, il y a le crocodile de Zinovie,
Brute grise sans égards pour la vie. »
— La troisième strophe, qui voit se dévoiler la voix du Veilleur de nuit en une sorte de lamentation sur l’ennui de sa solitude et son besoin d’Elle avec qui il entretient une relation à éclipses.
Je les vois de temps en temps.
Mais Elle ? J’ai besoin d’elle,
Comme un oiseau de ses ailes. »
— Et la quatrième strophe est la description de l’effet sur la vie de ce gris de tout le pays ou presque et également, l’usage qu’en fait le pouvoir :
On cultive soigneusement le désespoir.
Que faire d’autre que boire ?
Boire coûte moins cher que manger.
…
À chacun selon sa capacité,
C’est le credo du gouvernement.
Mais chacun boit selon son rang.
En Zinovie, c’est l’ultime réalité. »
C’est ici qu’apparaît un autre sens de « pays gris », car être gris, c’est être pris de boisson, ce qui semble bien être le cas de la Zinovie.
Enfin, dit Lucien l’âne, s’agissant du gris lui-même, il a encore d’autres sens : ce peut être un extra-terrestre (petit-gris), un escargot (petit-gris, gros-gris et gris), un écureuil (petit-gris), du tabac (gris ou gros-gris), un vin (gris), un cheval (gris), un oiseau (perroquet gris du Gabon) et peut-être encore autre chose que je ne connais pas. Mais arrêtons ici et reprenons la tâche qui nous tient à cœur et tissons le linceul de ce vieux monde gris, grisâtre, grisaille, grisouillard, grisé, grimé, grigou, grippé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane