La Zinovie est grande, voyez
Son territoire est immense.
Le Guide pourtant n’en a pas assez,
Il rêve d’empire et de puissance.
À ce délire, je ne veux plus penser,
Pour l’instant, je suis en vacances.
À la Maison de vacances, le slogan affiché
Enthousiasme les consciences :
« Le repos est un devoir sacré. »
Pour nous, c’est l’entrée du paradis
Avec l’avenir radieux, c’est décidé :
Le Guide l’apportera à tous les pays.
Le train fonce vers les champs,
Vers les bois, vers le printemps.
Au-dessus de ma tête, mon bagage
Balance en cadence : roulis, tangage.
Et la fille assise, de ses pieds,
De ses jambes suit le mouvement,
Son visage ne m’est pas indifférent.
Que dire ? Comment lui parler ?
Vous fumez ? Ici, c’est interdit !
Je vais à la maison de vacances ;
Elle sourit et dit : « Je rentre au pays. »
Pas le même endroit, malchance !
Nostalgie, nostalgie, mon amie,
Aujourd’hui, la cité m’est ennemie ;
La nature cligne des deux yeux ;
Elle me dit, viens mon amoureux.
Et le train du loisir s’élance
Loin de la ville et de ses slogans :
« Victoire ! Gloire ! En avant ! »,
Des banlieues grises, des immeubles morts,
Des maisons et des maisons encore.
Où sont les arbres, où sont les prés ?
La ville partout a proliféré.
Une vache meugle, on est arrivés.
Dans le jardin, il y a un monument :
Un groupe pose éternellement :
Un homme, une femme et un enfant,
Tous nus comme au temps d’Adam.
Déploient leurs membres exaltants.
La saine famille chante l’hymne à la vie
Et l’immortelle beauté de la Zinovie
Malheur, la sculpture est en plâtre,
Elle s’effrite à la pluie et se brise au vent.
Un membre tombe, on y met un emplâtre.
Le sculpteur attitré est très content,
Il faut la restaurer plusieurs fois l’an.
Son territoire est immense.
Le Guide pourtant n’en a pas assez,
Il rêve d’empire et de puissance.
À ce délire, je ne veux plus penser,
Pour l’instant, je suis en vacances.
À la Maison de vacances, le slogan affiché
Enthousiasme les consciences :
« Le repos est un devoir sacré. »
Pour nous, c’est l’entrée du paradis
Avec l’avenir radieux, c’est décidé :
Le Guide l’apportera à tous les pays.
Le train fonce vers les champs,
Vers les bois, vers le printemps.
Au-dessus de ma tête, mon bagage
Balance en cadence : roulis, tangage.
Et la fille assise, de ses pieds,
De ses jambes suit le mouvement,
Son visage ne m’est pas indifférent.
Que dire ? Comment lui parler ?
Vous fumez ? Ici, c’est interdit !
Je vais à la maison de vacances ;
Elle sourit et dit : « Je rentre au pays. »
Pas le même endroit, malchance !
Nostalgie, nostalgie, mon amie,
Aujourd’hui, la cité m’est ennemie ;
La nature cligne des deux yeux ;
Elle me dit, viens mon amoureux.
Et le train du loisir s’élance
Loin de la ville et de ses slogans :
« Victoire ! Gloire ! En avant ! »,
Des banlieues grises, des immeubles morts,
Des maisons et des maisons encore.
Où sont les arbres, où sont les prés ?
La ville partout a proliféré.
Une vache meugle, on est arrivés.
Dans le jardin, il y a un monument :
Un groupe pose éternellement :
Un homme, une femme et un enfant,
Tous nus comme au temps d’Adam.
Déploient leurs membres exaltants.
La saine famille chante l’hymne à la vie
Et l’immortelle beauté de la Zinovie
Malheur, la sculpture est en plâtre,
Elle s’effrite à la pluie et se brise au vent.
Un membre tombe, on y met un emplâtre.
Le sculpteur attitré est très content,
Il faut la restaurer plusieurs fois l’an.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 2/11/2022 - 12:32
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Chanson française — Le Devoir sacré — Marco Valdo M.I. — 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ;
Épisode 77
Dialogue Maïeutique
Tu peux me croire, Lucien l’âne mon ami, la grandiloquence est une pratique courante en Zinovie et sans doute, en d’autres lieux aussi. À lui seul, le titre de la chanson le démontre et ne manque pas de vous en persuader.
En effet, dit Lucien l’âne, c’est assez évident. Mais qui donc et pourquoi a l’idée saugrenue d’invoquer ainsi « Le Devoir sacré ». Ça relève normalement de l’hagiographie, de l’héroïsme, de l’exaltation programmée. En plus, ordinairement, ça sent la guerre, le sacrifice et la mort. C’est très solennel.
C’est bien ainsi, répond Marco Valdo M.I., qu’il faut habituellement le comprendre. Cependant, ici, il y a une surprise. Je m’en vais te l’exposer, mais pour cela, il faut préalablement résumer l’affaire et même comme on peut le voir, il y a une affaire dans l’affaire. Il y a donc une voix anonyme qui raconte que le locuteur s’en va en vacances, plus précisément, dans un centre de vacances, dans une maison de vacances. C’est comme ça que ça va en Zinovie : on part en vacances dans une structure collective ; il en existe de diverses catégories où l’on accède selon son rang dans la société. Celle qui nous occupe n’est pas destinée aux rangs les plus élevés ; bien au contraire. Disons qu’elle est dans la moyenne. Devant la Maison de Vacances, il y a une inscription sur un portique : « Le repos est un devoir sacré ». Je ne sais si c’est de l’humour, de la dérision ; je laisse chacun apprécier l’ironie de pareille sentence.
Oui, dit Lucien l’âne, je perçois cette ironie. Normalement, on se serait attendu à une formule plus conforme du genre : « La Défense de la Patrie… », « L’Obéissance au Guide… » ou encore, « Le Travail… » et d’autres déclarations du même tonneau.
Enfin, reprend Marco Valdo M.I., cette histoire de « devoir sacré » étant éclaircie, j’en viens au reste de la chanson qui, lui aussi, est barbouillé de sarcasmes. Pratiquement, il s’agit d’un voyage en train et passage de la ville à la campagne. Cette excursion hors de la vie routinière et sans doute, morne, terne et ennuyeuse mène notre voyageur inconnu vers une sorte de paradis. Sur le trajet, comme je l’ai dit, on trouve une affaire dans l’affaire – malheureusement, cette brève rencontre ferroviaire n’aboutira pas et tout au bout du voyage, c’est l’arrivée à la Maison de Vacances qui, on le verra, tombe un peu en ruines.
Comme je vois, comme je comprends, dit Lucien l’âne, il y a de la joie. Mais je t’en prie, n’en dis pas plus. Avec ce que tu m’en as dit, j’en ai l’eau à la bouche, et je préfère découvrir les choses moi-même. Et puis, il est temps, il nous faut tisser le linceul de ce vieux monde soucieux, sérieux, vertueux et cacochyme
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane