La vie, c’est comme une dent.
D’abord, on n’y a pas pensé,
On s’est contenté de mâcher
Et puis, ça se gâte ; soudain,
Ça vous fait mal et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri,
Il faut vous l’arracher la vie.
D’abord, on n’y a pas pensé,
On s’est contenté de mâcher
Et puis, ça se gâte ; soudain,
Ça vous fait mal et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu’on soit vraiment guéri,
Il faut vous l’arracher la vie.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 18/6/2022 - 21:47
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Chanson française – La Vie, c’est comme une Dent – Boris Vian – 1959
Paroles et musique : Boris Vian
Interprétations :
Serge Reggiani
Encore une chanson sur la vie, dit Lucien l’âne.
Oui, répond Marco Valdo M.I., son titre complet est « La Vie, c’est comme une Dent » et elle est de Boris Vian. Une chanson, c’est beaucoup dire au départ ; juste un petit poème, un de ceux dont Boris était coutumier – il adorait ça. Un petit poème qui en grandissant est devenu une chanson que Serge Reggiani se fit un plaisir d’interpréter. C’est d’ailleurs comme ça, d’une petite idée à une petite sentence, d’une petite sentence à un petit poème que naissent et fleurissent les chansons. Cependant, celle-ci, à bien y regarder, en dit plus que bien des grandes et moins discrètes qu’elle.
Soit, mais que dit-elle ?, demande Lucien l’âne. Mais il faut me dire pourquoi et comment elle est venue ici seulement maintenant, alors que tu la connais depuis longtemps ; cela je le sais.
Oh, dit Marco Valdo M.I., elle dit plein de choses et elle les dit fort bien. Si elle est venue ici à présent, c’est à la suite de la chanson « La Vie » de Léo Ferré, qu’on a insérée récemment, où – dans notre dialogue, je l’avais citée et tout comme cette dernière, elle resurgit du fin fond des années 50 du siècle dernier. Ensuite, cependant, elle a de droit sa place dans des Chansons conte la Guerre du simple fait qu’elle est issue de la même veine que Le déserteur et qu’à vrai dire, elle lui donne tout son sens : cet attachement profond à la conscience d’être et de la précarité d’exister. Et puis, elle donne à la vie toute sa capacité de résistance, une dimension qui nous est chère.
Oui, dit Lucien l’âne, sans doute ; la vie est le fondement de notre être qu’il importe naturellement de préserver jusqu’à tant que ça en vaut encore la peine. Il y a là une limite certaine autant que floue : celle du moment où, comme une dent précisément, il faut l’arracher, à laquelle chacun in fine est confronté Seul ; seul et lui seul et lui seulement doit pouvoir en disposer. Pour ce qui nous concerne et en attendant, tissons le linceul de ce vieux monde absolu, absurde, abstrus, absorbé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane