Obsession du bide : se remplir.
Aucun d’eux n’arrivait
À veiller, ni à dormir.
Les soldats grelottaient,
Pas grand-chose à becqueter,
Le repas fut vite liquidé.
Et les soldats pensaient encore à
Boire, bâfrer, à bouffer n’importe quoi,
Des calories, du bourratif, du réchauffé.
On rêvait éveillés d’avaler
Du rata par gamelles entières,
L’ordinaire de la guerre.
L’homme veut être un citoyen.
Ce n’est pas le tout d’en avoir envie,
En a-t-il vraiment les moyens ?
La question se pose en Zinovie.
On discute ferme dans le camp.
Qu’est-ce que l’homme, finalement ?
Qu’est-ce que le bonheur ?
En lui-même, à quoi il pense ?
L’homme a une conscience,
L’homme a un honneur.
L’homme aspire à la liberté
À décider, à choisir,
À se déplacer, à partir.
Le Guide dit : Pour la Grande Fête,
Objectif officiel, décision importante :
Une glorieuse mission exaltante,
Il nous faut une grande conquête.
Ce n’est pas une opération militaire,
C’est un défilé publicitaire.
Reste à savoir à quoi ça sert,
Reste à savoir qui va le faire.
On nous envoie, nous les disciplinaires,
Avec le commando punitif au derrière,
Mitrailleuses, mitraillettes et fusils,
On n’en sortira pas vivants, cette fois-ci.
Soudain, un cri puissant, retentissant :
Le commandant hurle : « Mes enfants,
La Patrie est une bonne fille.
Au nom de la Patrie,
Vous êtes tous graciés. »
Hourra ! crie le bataillon amnistié.
« Pour la Patrie, pour le Patron,
À l’assaut ! Allez prendre cette ville ! »
Mitrailleuses derrière, devant canons,
On est partis, tous à la file.
Attention, ce n’est pas une guerre,
C’est une opération militaire.
Aucun d’eux n’arrivait
À veiller, ni à dormir.
Les soldats grelottaient,
Pas grand-chose à becqueter,
Le repas fut vite liquidé.
Et les soldats pensaient encore à
Boire, bâfrer, à bouffer n’importe quoi,
Des calories, du bourratif, du réchauffé.
On rêvait éveillés d’avaler
Du rata par gamelles entières,
L’ordinaire de la guerre.
L’homme veut être un citoyen.
Ce n’est pas le tout d’en avoir envie,
En a-t-il vraiment les moyens ?
La question se pose en Zinovie.
On discute ferme dans le camp.
Qu’est-ce que l’homme, finalement ?
Qu’est-ce que le bonheur ?
En lui-même, à quoi il pense ?
L’homme a une conscience,
L’homme a un honneur.
L’homme aspire à la liberté
À décider, à choisir,
À se déplacer, à partir.
Le Guide dit : Pour la Grande Fête,
Objectif officiel, décision importante :
Une glorieuse mission exaltante,
Il nous faut une grande conquête.
Ce n’est pas une opération militaire,
C’est un défilé publicitaire.
Reste à savoir à quoi ça sert,
Reste à savoir qui va le faire.
On nous envoie, nous les disciplinaires,
Avec le commando punitif au derrière,
Mitrailleuses, mitraillettes et fusils,
On n’en sortira pas vivants, cette fois-ci.
Soudain, un cri puissant, retentissant :
Le commandant hurle : « Mes enfants,
La Patrie est une bonne fille.
Au nom de la Patrie,
Vous êtes tous graciés. »
Hourra ! crie le bataillon amnistié.
« Pour la Patrie, pour le Patron,
À l’assaut ! Allez prendre cette ville ! »
Mitrailleuses derrière, devant canons,
On est partis, tous à la file.
Attention, ce n’est pas une guerre,
C’est une opération militaire.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 30/4/2022 - 18:56
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Chanson française – L’Ordinaire de la Guerre – Marco Valdo M.I. – 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces
Épisode 39
D’abord, Lucien l’âne mon ami, deux-trois mots à propos du titre, car il mérite d’être un peu explicité du fait qu’il contient en lui-même divers niveaux de sens. Pour cela, il convient d’identifier la signification du mot « ordinaire », utilisé ici comme substantif, comme nom commun et de le comprendre en rapport avec l’univers militaire. Dans ce cas, l’ordinaire doit être entendu comme le repas des hommes de troupe, des soldats. Mais, sans abandonner pou autant ce premier sens, si on le relie à la guerre, car le titre est bien « l’ordinaire de la guerre », c’est la violence, le massacre, l’assassinat, les cadavres, etc.
D’accord, dit Lucien l’âne, et comment la chanson se décline-t-elle à partir de là ?
Elle progresse par phase, par strophe, dit Marco Valdo M.I. ; ainsi, la première strophe évoque le repas d’un groupe de soldats ; la deuxième développe leurs discussions autour de questions que leur pose leur conscience d’être humains vivant en Zinovie.
Ce sont là des questions essentielles, dit Lucien l’âne, qu’il revient à chacun de se poser où qu’il vive ou se trouve. Ce serait bien si les soldats en faisaient leur ordinaire.
En effet, reprend Marco Valdo M.I., et peut-être, est-ce le cas, qu’en savons-nous ? De toute façon, si on en croit la suite, ils s’en vont tout droit au massacre
« Pour la Patrie, pour le Patron,
À l’assaut ! Allez prendre cette ville ! »
Mitrailleuses derrière, devant canons,
On est partis, tous à la file. »
et donc, pour eux, tout ça n’aura plus aucun sens.
Et tout ça pour quoi ?, demande Lucien l’âne.
Et tout ça pour rien, dit Marco Valdo M.I., pour une opération publicitaire du Guide :
Objectif officiel, décision importante :
Une glorieuse mission exaltante,
Il nous faut une grande conquête.
Ce n’est pas une opération militaire,
C’est un défilé publicitaire. »
M’est avis, dit Lucien l’âne, qu’il y a là une sorte de glorification, d’adulation obligées et rarement atteintes dans l’histoire, sauf par des autocrates délirants, des gens pires que la peste et le choléra réunis, qui ont des millions de morts à leur actif. Et nous, obstinément, nous tissons le linceul de ce vieux monde arrogant, absurde, avide, aboulique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane