Sans mot dire, je pense assis ;
Je suis heureux d’être seul ici
À rêvasser, à me parler,
À ne rien dire en vérité.
Tiens, c’est déjà demain,
On me tire par la main.
On arrache ma couverture,
Je devrai refaire mon lit.
Sonnent des ordres ennemis,
Je me réveille dans la nature,
Il me faudra noter exactement
Les noms des soldats et leur enterrement.
Un centenaire maigre et souffreteux
Se traîne là en gémissant ;
S’il n’avait été si vieux,
Il aurait fui depuis longtemps.
Il rêve encore d’une existence,
Il rumine tant d’insuffisances :
Hypocrisie, corruption, oppression,
Incurie, tromperie, désinformation.
En Zinovie, tous savent bien
De quoi, de qui on cause
Et qui est le plus grandiose
De tous nos crétins.
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près connus ?
Ils s’acheminent vers le pouvoir,
Toujours inquiets de n’avoir pu
Sur un plus grand siège asseoir
Leur désormais emphatique cul.
Ils écartent les prétendants,
Ils discréditent les concurrents,
Ils poussent en avant leurs affidés,
Ils sauvent du danger la société,
Ils dénoncent les irresponsables,
Et s’affirment indispensables.
La règle est celle du groupe,
La Zinovie vit en troupe,
Dotée d’un caractère remarquable,
Elle rêve de puissance.
En Zinovie, la sottise est chose louable,
Fleur suspecte est l’intelligence,
Et embarras, la conscience morale.
L’insanité est des plus normales,
L’objection est vice réprimé,
L’abjection est voulue, le vil est vertu.
On se méfie de l’individu,
En Zinovie, pour vivre libre, on vit caché.
Je suis heureux d’être seul ici
À rêvasser, à me parler,
À ne rien dire en vérité.
Tiens, c’est déjà demain,
On me tire par la main.
On arrache ma couverture,
Je devrai refaire mon lit.
Sonnent des ordres ennemis,
Je me réveille dans la nature,
Il me faudra noter exactement
Les noms des soldats et leur enterrement.
Un centenaire maigre et souffreteux
Se traîne là en gémissant ;
S’il n’avait été si vieux,
Il aurait fui depuis longtemps.
Il rêve encore d’une existence,
Il rumine tant d’insuffisances :
Hypocrisie, corruption, oppression,
Incurie, tromperie, désinformation.
En Zinovie, tous savent bien
De quoi, de qui on cause
Et qui est le plus grandiose
De tous nos crétins.
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près connus ?
Ils s’acheminent vers le pouvoir,
Toujours inquiets de n’avoir pu
Sur un plus grand siège asseoir
Leur désormais emphatique cul.
Ils écartent les prétendants,
Ils discréditent les concurrents,
Ils poussent en avant leurs affidés,
Ils sauvent du danger la société,
Ils dénoncent les irresponsables,
Et s’affirment indispensables.
La règle est celle du groupe,
La Zinovie vit en troupe,
Dotée d’un caractère remarquable,
Elle rêve de puissance.
En Zinovie, la sottise est chose louable,
Fleur suspecte est l’intelligence,
Et embarras, la conscience morale.
L’insanité est des plus normales,
L’objection est vice réprimé,
L’abjection est voulue, le vil est vertu.
On se méfie de l’individu,
En Zinovie, pour vivre libre, on vit caché.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2022/3/27 - 17:13
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Chanson française – Le Rêve et le Réel – Marco Valdo M.I. – 2022
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins
Épisode 31
En Zinovie, dit Marco Valdo M.I., on peut toujours rêver.
Oui, dit Lucien l’âne, pour ce que j’en sais, on doit même rêver, sinon comment verrait-on l’avenir radieux dont parle le Guide ?
C’est juste, reprend Marco Valdo M.I., le rêve est le visage de la réalité révélée et il faut résolument distinguer le rêve recommandé qu’incarnent l’avenir radieux et toutes les promissions de cette rêverie, de cette rêvasserie brouillonne qui sont les rêves cachés où on peut vivre en liberté dans le présent précaire, mais réel qu’est le quotidien et ainsi, se (re)connaître soi-même. C’est que vivre est en grande partie se voir, se regarder vivre pour se savoir vivant. Il s’agit de se réfléchir, car il s’agit de s’émanciper, d’échapper à la tutelle, de ne pas offrir de prises aux poignées insidieuses.
En somme, dit Lucien l’âne, il s’agit simplement de pouvoir respirer à son aise et dire au moins une fois à une personne, de délivrer la pensée en expansion.
Exactement, Lucien l’âne mon ami, mais en Zinovie, la chose est suspecte ; vivre en dehors est peu recommandé et mène au conscientorium. Pour en venir au titre « Le Rêve et le Réel », il convient de ne pas s’y fier, c’est un trompe-l’œil. On ne sait trop ce qu’est le réel, ni ce que peut être le rêve ; ils se substituent l’un à l’autre en permanence selon l’endroit où on se place. Les cartes sont brouillées, c’est l’effet de la société sous influence, c’est le résultat d’une obsédante propagande.
Je vois bien de quoi il s’agit, dit Lucien l’âne, c’est l’atmosphère étouffante des pays où jamais on ne peut mettre en cause la vulgate, où il faut vivre en somnambule.
Dans la chanson, reprend Marco Valdo M.I., on entend, on perçoit un monologue, un vrai soliloque, un discours bien caché à l’intérieur de la conscience de soi et du monde d’un individu.
À propos, dit Lucien l’âne, il me semble qu’en Zinovie, l’individu est une espèce en danger.
Oui, dit Marco Valdo M.I., ils n’ont pas tellement de solutions pour éviter la persécution ou la cure, dont les traitements sont multiples et variés : dénonciation, accusation, interrogatoires plus ou moins musclés, conscientorium, prison, hôpital psychiatrique, camp, chantier de travail et même, exécution ou plus sournoisement, empoisonnement : soit ils se cachent dans la masse, soit ils fuient hors du pays.
À supposer, dit Lucien l’âne, que de nombreux Zinoviens s’émancipent de leur assouvissement au Guide et à ses affidés, aux responsables de tous genres, et qu’ils fuient en masse, où pourraient-ils aller ? J’imagine que la solution est de débarrasser le pays du problème que sont le Guide et sa bande et par conséquent, de changer le mode de pensée et de fonctionnement de l’ensemble du groupe, ça risque de prendre un certain temps.
Oui, dit Marco Valdo M.I., la question du temps est centrale. En attendant, la chanson donne la recette :
« En Zinovie, pour vivre libre, on vit caché. »
Oh, conclut Lucien l’âne, ce n’est de toute façon pas une mauvaise façon de vivre. Cependant, tissons le linceul de ce vieux monde perclus, tordu, tortu, perdu et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane