Se préparer à la guerre, c’est
Se préparer à défendre ses arrières ;
Se préparer à l’attaque, c’est
Se préparer à vaincre l’adversaire,
Se préparer à tuer,
Se préparer à être tué,
Se préparer à fuir,
Et se préparer à mourir,
C’est le lot de l’humanité.
À la guerre, il faut se préparer
Avec des conserves, du sel et du savon
Pour laver la suie des explosions.
La guerre, c’est les arrières,
Surtout les arrières.
On vit beaucoup mieux la guerre
Quand on la voit de derrière.
À l’avant, c’est terriblement mortel ;
On y vit jamais longtemps.
Comme disait le colonel :
Il n’y a rien de plus tuant
Que le front, face à l’ennemi.
Là-bas, c’est quasiment forcé,
C’est le massacre garanti.
On est tué ou au moins, estropié.
Le lieutenant a peur du front -
Un, deux ! Un, deux ! Marquez le pas ! –,
On comprend ses hésitations,
Mais quand même, on l’y enverra.
Ceux qui ont fait la grande dernière
Étaient des types ordinaires.
Après les expériences révolutionnaires
Et toutes ces années de misère,
Dans le pays ravagé,
Il fallait refaire tout.
On ne peut que remonter
Du fond d’un trou.
Ah mais, il y a le faux front,
Un front bien caché au fond.
C’est un arrière camouflé
Où on vit bien et en sécurité.
Là, on dispose
Sans danger des mille choses
Qui rendent agréable la vie :
Nourriture, boisson et filles.
Comme on est des gars du front,
On récolte grades et décorations.
À la fin, on nous couvre de gloire.
Nous sommes les Héros de l’Histoire.
Se préparer à défendre ses arrières ;
Se préparer à l’attaque, c’est
Se préparer à vaincre l’adversaire,
Se préparer à tuer,
Se préparer à être tué,
Se préparer à fuir,
Et se préparer à mourir,
C’est le lot de l’humanité.
À la guerre, il faut se préparer
Avec des conserves, du sel et du savon
Pour laver la suie des explosions.
La guerre, c’est les arrières,
Surtout les arrières.
On vit beaucoup mieux la guerre
Quand on la voit de derrière.
À l’avant, c’est terriblement mortel ;
On y vit jamais longtemps.
Comme disait le colonel :
Il n’y a rien de plus tuant
Que le front, face à l’ennemi.
Là-bas, c’est quasiment forcé,
C’est le massacre garanti.
On est tué ou au moins, estropié.
Le lieutenant a peur du front -
Un, deux ! Un, deux ! Marquez le pas ! –,
On comprend ses hésitations,
Mais quand même, on l’y enverra.
Ceux qui ont fait la grande dernière
Étaient des types ordinaires.
Après les expériences révolutionnaires
Et toutes ces années de misère,
Dans le pays ravagé,
Il fallait refaire tout.
On ne peut que remonter
Du fond d’un trou.
Ah mais, il y a le faux front,
Un front bien caché au fond.
C’est un arrière camouflé
Où on vit bien et en sécurité.
Là, on dispose
Sans danger des mille choses
Qui rendent agréable la vie :
Nourriture, boisson et filles.
Comme on est des gars du front,
On récolte grades et décorations.
À la fin, on nous couvre de gloire.
Nous sommes les Héros de l’Histoire.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2021/11/16 - 10:28
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Chanson française – Les Héros de l’Histoire – Marco Valdo M.I. – 2021
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ;
Épisode 4 : Le Paradis sur Terre
Épisode 5
Vers 1943 – Nikolaï Prissekine
Comme tu le sais sans doute, Lucien l’âne mon ami, il y a eu la guerre, une guerre terrible, comme au demeurant le sont toutes les vraies guerres réelles.
Oui, dit Lucien l’âne, je le sais et je sais très bien que les guerres sont terribles et qu’il y en a tout le temps et qu’il y en a eu un peu partout. Mais au fait, de quelle guerre parle la chanson ?
De quelle guerre, en effet ?, répond Marco Valdo M.I. ; c’est une affaire alambiquée que de répondre à ta question, car comme tu vas le voir, cette chanson parle de toutes les guerres, de la guerre en général et de la dernière grande guerre mondiale à laquelle avait participé Alexandre Zinoviev, principalement comme aviateur. Il avait commencé comme tankiste, c’est-à-dire comme cavalier, mais par la suite, au moment de la guerre, on l’avait versé dans l’aviation du fait qu’il savait lire et écrire ; disons qu’on avait recruté ceux qui avaient ceux qui avaient fait des études secondaires pour en faire des pilotes. Cela même si, dès le début des hostilités, il n’y avait quasiment plus d’avions. Comme pour tout le reste, la guerre avait très mal commencé pour l’aviation. Mais je m’égare, il n’est pas question de cette affaire d’avions dans la chanson, sauf l’allusion au lieutenant, qui fait marcher au pas ses aviateurs cloués au sol :
Un, deux ! Un, deux ! Marquez le pas !
On comprend ses hésitations.
Mais quand même, on l’y enverra. »
Bon, dit Lucien l’âne, tout ça est fort peu clair. Résumons : ça parle de guerre, soit ; mais qui sont ces Héros de l’Histoire dont fait état le titre ?
En deux mots, reprend Marco Valdo M.I., les Héros de l’Histoire sont ceux qui après la guerre seront considérés, fêtés, promus et honorés comme tels. Comme je te vois le penser, ce sont – c’est indispensable – ceux qui sont sortis vivants de cette pagaille. Il faut toutefois noter que ces Héros n’ont survécu au grand massacre que parce qu’ils n’y sont pas allés. Disons qu’ils sont allés au front arrière, celui où en plus, ils ont pu se faire voir et obtenir de belles promotions, sans compter qu’ils y étaient envoyés sur ce « front arrière », car ils bénéficiaient de protections.
Oh, c’est souvent comme ça dans les guerres. On fête ceux qui sont encore là après ; pour les morts, il est difficile de les faire défiler et de les congratuler.
Quoique ! Lucien l’âne mon ami, je me souviens de certaine chanson de Bertolt Brecht où on remettait en route un soldat mort. Elle s'intitulait d’ailleurs très opportunément : « Legende vom toten Soldaten » et sa version française : « La Légende du Soldat mort ». On pouvait y lire ceci :
Jouait une marche militaire.
Et le soldat, comme il avait appris à le faire,
Levait les jambes jusqu’à ses fesses. »
Dans tous les cas, une chose est certaine, les « types ordinaires » ne sont jamais des « Héros de l’Histoire ». Ces deux catégories ne se mélangent pas, elles s’excluent mutuellement et elles apparaissent ainsi dans la chanson :
Catégorie 1 - : « Ceux qui ont fait la grande dernière
Étaient des types ordinaires.
…
Catégorie 2 - : « À la fin, on nous couvre de gloire.
Nous sommes les Héros de l’Histoire. »
En effet, dit Lucien l’âne, mais d’un autre côté, qu’est-ce qu’on en a à foutre d’être des Héros de l’Histoire ? Tout comme je me demande ce que nous pourrions bien faire de l’héroïsme, de l’Histoire et de la Gloire ? Par les temps qui courent et dans le monde tel qu’il va, je trouve déjà bien beau qu’on vit et bien content d’être ton ami. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde héroïque, historique, hystérique, bancal, bancroche, tortu, cagneux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane