Pour la campagne électorale des partis,
On fait des tas de discours.
L’électeur pense : « Cause toujours ! »
Pour ou contre, le Parti prend parti.
Contre les fraudes alimentaires,
Pour la santé, comme pour le climat,
Vraiment, on n’a pas le droit
De ne rien dire, de ne rien faire.
Pour la protection des animaux :
Chiens, chats, porcs et veaux.
Contre le mépris de l’honorable profession
Des concierges et des portiers
Le Parti se prononce sans hésitation
En faveur de ces anges de quartiers,
Pour inscrire dans le droit
Par le biais d’une imprescriptible loi
L’avenir de ces travailleurs méprisés.
Pour reconnaître par l’étatisation,
À chaque membre de cette corporation,
Comme en Russie, son statut policier.
Pour s’adresser au peuple tout entier.
Le Parti dit dans son manifeste :
« Peuple tchèque, nul ne le conteste :
Christophe Colomb s’en est allé
En bateau à voile, découvrir le Mexique.
Sans lui, que serait devenue l’Amérique ?
Et la démocratie, et le phonographe, et le progrès ?
Même Christophe Colomb l’ignorait.
Pour l’avenir de l’humanité qu’on ne connaît pas,
Il faut un progrès modéré dans les limites de la loi.
Dans la flamme civilisatrice des ardents bûchers,
Jan Hus, Jérôme de Prague, réformateurs,
Les sorcières et les libres-penseurs,
Vanini, Bruno, et tant d’autres athéisés,
L’Église catholique et ses inquisiteurs,
Vivants, les a tous incinérés.
Le Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi,
Avec Záhoř, brandit le flambeau de l’hygiène, du progrès et du droit :
Contre l’incinération forcée des vivants, contre l’inhumation des corps,
Avec Záhoř, pour la libre incinération des morts.
On fait des tas de discours.
L’électeur pense : « Cause toujours ! »
Pour ou contre, le Parti prend parti.
Contre les fraudes alimentaires,
Pour la santé, comme pour le climat,
Vraiment, on n’a pas le droit
De ne rien dire, de ne rien faire.
Pour la protection des animaux :
Chiens, chats, porcs et veaux.
Contre le mépris de l’honorable profession
Des concierges et des portiers
Le Parti se prononce sans hésitation
En faveur de ces anges de quartiers,
Pour inscrire dans le droit
Par le biais d’une imprescriptible loi
L’avenir de ces travailleurs méprisés.
Pour reconnaître par l’étatisation,
À chaque membre de cette corporation,
Comme en Russie, son statut policier.
Pour s’adresser au peuple tout entier.
Le Parti dit dans son manifeste :
« Peuple tchèque, nul ne le conteste :
Christophe Colomb s’en est allé
En bateau à voile, découvrir le Mexique.
Sans lui, que serait devenue l’Amérique ?
Et la démocratie, et le phonographe, et le progrès ?
Même Christophe Colomb l’ignorait.
Pour l’avenir de l’humanité qu’on ne connaît pas,
Il faut un progrès modéré dans les limites de la loi.
Dans la flamme civilisatrice des ardents bûchers,
Jan Hus, Jérôme de Prague, réformateurs,
Les sorcières et les libres-penseurs,
Vanini, Bruno, et tant d’autres athéisés,
L’Église catholique et ses inquisiteurs,
Vivants, les a tous incinérés.
Le Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi,
Avec Záhoř, brandit le flambeau de l’hygiène, du progrès et du droit :
Contre l’incinération forcée des vivants, contre l’inhumation des corps,
Avec Záhoř, pour la libre incinération des morts.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2021/11/3 - 12:55
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Chanson française – Les Discours politiques – Marco Valdo M.I. – 2021
Épopée en chansons, tirée de L’Histoire du Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi (Dějiny Strany mírného pokroku v mezích zákona) de Jaroslav Hašek – traduction française de Michel Chasteau, publiée à Paris chez Fayard en 2008, 342 p.
Épisode 17
Vlasta Vostřebalová-Fischerová – 1922
Pour cette fois-ci, Lucien l’âne mon ami, je vais commencer par une petite présentation d’un des personnages qui apparaît dans le dernier de ces quatre discours politiques qui constituent la chanson. Il s’agit tout bonnement du Docteur Záhoř, bien connu à Prague en ce temps-là – c’est-à-dire dans les vingt-sept premières années du siècle dernier et sans doute encore maintenant. Toute son action et sa philosophie l’ont amené à jouer le rôle de médecin hygiéniste, comme Pasteur et celui d’urbaniste, comme Haussmann, sur le terrain à l’échelon de la ville de Prague et par sa réputation au-delà. Le Parti soutenait ce savant réformateur :
« Le Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi,
Avec Záhoř, brandit le flambeau de l’hygiène, du progrès et du droit »
Ah, dit Lucien l’âne, je suis très désireux d’en savoir plus sur ce Docteur Záhoř et quand même aussi sur ces discours politiques si prometteurs. Car, cette fois encore, du strict point de vue de l’histoire, cette chanson doit être assez unique.
Oui, Lucien l’âne mon ami, je te le concède, c’est une chanson qui sort des rengaines habituelles et apporte une nouvelle dimension à l’argumentation démocratique. Commençons donc par une courte biographie de :
« Jindřich Záhoř (6 novembre 1845 à Volyně – 21 septembre 1927 à Prague) était un médecin autrichien et tchèque, hygiéniste de la ville de Prague et homme politique, au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, membre de l’Assemblée provinciale tchèque. Il a fait ses études aux lycées de Budějovice et de Písek, et a obtenu un doctorat en médecine de l’Université Charles-Ferdinand de Prague en 1871. En 1878, il a commencé à travailler comme médecin de district dans la ville et en 1884 comme médecin à Prague. À partir de 1888, il travaille comme médecin en chef de la ville de Prague. À ce titre, il était responsable de nombreuses mesures sanitaires telles que la construction du système d’égouts, l’assainissement de Josefov, la construction de l’abattoir central et la construction de crématoires. En même temps, il a travaillé comme médecin secondaire dans le deuxième département des maladies internes de l’hôpital général de Prague. Il a cofondé la Société des jeux de la jeunesse tchèque à Prague. Il a promu les funérailles par crémation et s’est impliqué dans la Society for the Cremation of Corpses. »
À cette courte biographie, j’ajouterais volontiers le bout de texte de la chanson qui le concerne où l’on peut voir que Záhoř était et – à mon sens – reste un grand visionnaire, un ardent promoteur de la civilisation et de la liberté posthume :
« Contre l’incinération forcée des vivants, contre l’inhumation des corps
Avec Záhoř, encore et toujours, pour la libre incinération des morts. »
Que voilà en effet un grand savant et un grand politique – au sens le plus élevé du terme évidemment, s’exclame Lucien l’âne. D’ailleurs, à propos d’élévation, avec Záhoř, le Parti a eu le courage de rappeler le rôle de croque-mitaine que l’Église catholique, comme presque toutes les autres religions, jouent à travers l’histoire. Je me souviens de cette terrible chanson « La Mort de Claes, le charbonnier » et des autres de la Geste de Till. Maintenant, que racontent les autres discours politiques ?
Pour le reste, répond Marco Valdo M.I., je me contenterai d’indiquer sommairement l’essentiel, étant entendu qu’il faut lire et méditer ; il y a là-dedans plus qu’il n’y paraît à première vue :
Discours 1 sur les fraudes alimentaires et le respect dû aux animaux, y compris les humains, bien sûr ;
Discours 2 sur l’étatisation des concierges et des portiers ; là aussi, un discours visionnaire quand on pense que Prague et toute la Tchécoslovaquie – pour ne citer qu’elles – ont nationalisé les concierges et les portiers, une mesure prophylactique prise sous le long régime de protection amicale russe qui frappa le pays de 1948 à 1989. Comme il se devait, les concierges et les portiers nationalisés étaient devenus de ce fait des agents de l’État et se devaient d’informer leurs supérieurs de tout ce qu’ils savaient.
Discours 3 est une vision moderne et futuriste du pays qui propose une voie vers le paradis du progrès :
« Pour l’avenir de l’humanité qu’on ne connaît pas,
Il faut un progrès modéré dans les limites de la loi. »
Oh, dit Lucien l’âne, je ne sais pas plus que Colomb, si ce sera suffisant ; il faudrait peut-être presser le pas. En attendant tissons le linceul de ce vieux monde malade des croyances, des crédulités, des croyants, des croques-mitaines et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane