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La Vérité sur La Prise de Monastir

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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La Vérité sur La Prise de Monastir

Chanson française – La Vérité sur La Prise de Monastir Prise de Monastir – Marco Valdo M.I. – 2021

Épopée en chansons, tirée de L’Histoire du Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi (Dějiny Strany mírného pokroku v mezích zákona) de Jaroslav Hašek – traduction française de Michel Chasteau, publiée à Paris chez Fayard en 2008, 342 p.
Épisode 1 – Le Parti ; Épisode 2 – Le Programme du Parti ; Épisode 3 – Le Fils du Pasteur et le Voïvode ; Épisode 4 – La Guerre de Klim ; Épisode 5 : La Prise de Monastir

Épisode 6

Dialogue maïeutique

Le Parti va vers le peuple et vers le Parti va le Peuple. Ensemble, on est plus unis.
Le Parti va vers le peuple et vers le Parti va le Peuple. Ensemble, on est plus unis.


La vérité, dit Lucien l’âne, en voilà une drôle d’idée ; que vient-elle faire dans cette épopée héroïco-comique du Parti ?

D’abord, Lucien l’âne mon ami, je dois dire que ta remarque est tout à fait justifiée, car en vérité, la vérité est un mot immense, une sorte d’infini nébuleux et en même temps, un monstre d’exactitude. La vérité en soi est en quelque sorte intangible. Cependant, cette vérité-ci n’est pas n’importe quelle vérité ; elle entend éclairer ce qu’avait raconté, ce que raconte Klim, le voïvode macédonien, volontaire engagé quelque peu trop hâbleur. Trempé dans l’acide véridique, le héros s’épure, la baudruche patriotique se dégonfle et se révèle certaine dimension particratique fondatrice de tout rassemblement à vocation dominatrice.

Depuis le début de cette épopée, je me demande, s’inquiète Lucien l’âne, si ce Parti dont elle raconte l’histoire, tout en tant à coup sûr le Parti pour un Progrès modéré dans les Limites de la Loi, ne serait pas par hasard une quintessence du Parti en général. J’ai bien l’impression qu’elle met à jour la nature du Parti, de n’importe quel parti, son essence, son squelette, son fondement.

En cela, Lucien l’âne mon ami, tu mets le doigt sur un des ressorts de cette histoire. Je n’en dirai pas plus, car ça nous entraînerait trop loin et de toute façon, j’ai l’idée qu’on y reviendra encore. Pour l’instant, je voudrais attirer ton attention sur le fait qu’il s’agit dans cette chanson de la complète réfutation de la chanson précédente – La Prise de Monastir et même, de la destruction de notre dialogue qui s’était efforcé de prendre au pied de la lettre les vantardises et les supercheries de Klim, le voïvode macédonien.

Vérité pour vérité, il nous faut quand même avouer, dit Lucien l’âne en riant, que ni toi, ni moi n’étions dupes de ce fanfaron et qu’on jouait le jeu, tout en sachant la vérité vraie de l’affaire.

Soit, reprend Marco Valdo M.I. ; pour ce qui est du Parti et de sa plus ou moins grande universalité, il faut faire la distinction entre les détails particuliers concernant les aventures, les paroles et les actes – réels ou inventés de Klim le héros et les considérations générales. Certains éléments sont directement d’application à tous les partis indistinctement, comme les slogans qui concluent la chanson :

« Le Parti va vers le peuple
Et vers le Parti va le Peuple.
Ensemble, on est plus unis. »


Oh oui, dit Lucien l’âne, ça me semble évident. Que serait un parti sans ses slogans et un parti qui n’irait pas vers le peuple et d’ailleurs, que serait ce parti si le peuple (qui c’est ?) n’allait pas vers lui ?

Fais attention, Lucien l’âne mon ami, à ce que tu déclares ici, car on marche sur des braises, car ni le(s) parti(s), ni le(s) peuple(s) n’aiment qu’on questionne leur nature réelle. On risquerait de rencontrer la vérité.

Certes, répond Lucien l’âne, beaucoup ont payé cher une telle insolence. Maintenant, pour ce qui est du peuple, disons le mot, c’est un concept vague que des cuisiniers de tous bords assaisonnent à leur mode et c’est souvent peu ragoûtant. Cela dit, tissons le linceul de ce vieux monde chaotique, brouillon, populaire, folklorique et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Les discours du voïvode macédonien
Étaient une bénédiction pour le Parti
Tant Klim parlait bien
De ses exploits face à l’ennemi.
On sentait le patriote à chaque mot,
Par ses effluves de héros,
Sa sauvage exaltation fascinait
Les clients du bistro
Qui buvaient, buvaient, buvaient
Ses phrases et chacun de ses propos.

Dans cette affaire de Monastir,
Il y avait un certain décalage
Entre la réalité et ses bavardages.
Certes, Monastir était Monastir.
Mais la vérité a ses droits
Et Monastir n’était pas
Une ville, une citadelle de l’Empire ottoman.
Après notre reddition au pied du Mont Garvan,
Les Turcs nous avaient menés à la frontière
Et ce couvent était vraiment un monastère.

Après deux heures de siège, on entra au monastir,
Où les moines ont bien voulu nous nourrir.
Puis, à peine installés dans un champ,
À notre campement vint une belle,
Aussi furieuse qu’elle était vielle.
Elle nous chassa en hurlant
La bave aux lèvres
Qu’on en voulait à sa chèvre.
On repartit clopin-clopant jusqu’à Sofia
À une heure de marche de là.

À Sofia, après quelques bières,
Le voïvode courageux s’empressa
D’exhiber ses blessures de guerre,
Témoins muets de la bataille de Vitocha.
À Prague, Klim fit plus d’une fois
Les récits pédagogiques de ses exploits.
Ainsi, grâce à lui, grandit le Parti.
Klim disait : Le Parti va vers le peuple
Et vers le Parti va le Peuple.
Ensemble, on est plus unis.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 4/7/2021 - 16:43




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