Terreur blanche ! Terreur ! Terreur !,
Mots terribles dans les conversations.
Aucun grand ne répond à mes questions.
Quelle est cette chose qui leur fait si peur ?
Comme pour la lutte des classes, on ne me répond jamais.
Mais, moi, je sais ce que c’est :
C’est la guerre entre deux clans de rouspéteurs.
Mais que font les instituteurs ?
Alors, chez les grands, tout le monde rit.
Moi, je rougis ; moi, je n’ai rien compris.
Mais pour la terreur blanche, la terreur,
Personne ne rit, c’est l’horreur.
Le soir est triste autour du foyer.
De mon lit, j’écoute les grands
Aux yeux inquiets, aux visages tourmentés.
Ils se taisent longtemps.
Au moindre bruit, un craquement,
Une porte qui bat, d’une voix blanche
Maman dit : « C’est le vent ».
Pan, pan, pan ! Terreur blanche !
Tac, tac, tac ! Des tirs, des tirs encore.
J’entends ces coups de feu dans la nuit :
Mémé dit :« Dans la viande, dans le corps.
Malheureuses femmes, pauvres enfants ! »
Le blanc à présent me fait peur.
Peur des roses blanches, des rideaux blancs,
Peur de la chemise blanche de grand-maman.
Terreur blanche ! Hiver ! Terreur ! Terreur !
Mots terribles dans les conversations.
Aucun grand ne répond à mes questions.
Quelle est cette chose qui leur fait si peur ?
Comme pour la lutte des classes, on ne me répond jamais.
Mais, moi, je sais ce que c’est :
C’est la guerre entre deux clans de rouspéteurs.
Mais que font les instituteurs ?
Alors, chez les grands, tout le monde rit.
Moi, je rougis ; moi, je n’ai rien compris.
Mais pour la terreur blanche, la terreur,
Personne ne rit, c’est l’horreur.
Le soir est triste autour du foyer.
De mon lit, j’écoute les grands
Aux yeux inquiets, aux visages tourmentés.
Ils se taisent longtemps.
Au moindre bruit, un craquement,
Une porte qui bat, d’une voix blanche
Maman dit : « C’est le vent ».
Pan, pan, pan ! Terreur blanche !
Tac, tac, tac ! Des tirs, des tirs encore.
J’entends ces coups de feu dans la nuit :
Mémé dit :« Dans la viande, dans le corps.
Malheureuses femmes, pauvres enfants ! »
Le blanc à présent me fait peur.
Peur des roses blanches, des rideaux blancs,
Peur de la chemise blanche de grand-maman.
Terreur blanche ! Hiver ! Terreur ! Terreur !
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2020/6/1 - 21:51
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Chanson française – La Terreur blanche – Marco Valdo M.I. – 2020
Quelques histoires albanaises, tirées de nouvelles d’Ismaïl Kadaré, traduites par Christian GUT et publiées en langue française en 1985 sous le titre La Ville du Sud.(6)
« La Terreur blanche », Lucien l’âne mon ami, voilà qui me rappelle quelque chose. La terreur est un mal qui se répand par toute la Terre : on en a vu des noires, des brunes, des rouges, des bleues, des vertes, des safrans et bien sûr, des blanches. De façon générale, il s’agit de massacrer ceux avec qui on n’est pas d’accord et de préférence, des civils désarmés et sans défense. Au fait, les Vaudois ont connu ça.
Oui, Lucien l’âne mon ami, dit Marco Valdo M.I. ; mais avant d’aller plus avant, je voudrais faire une petite précision : quand il s’agit de se massacrer entre militaires, on appelle ça la guerre. Pour en revenir aux Vaudois, la Terreur blanche les poursuivit souvent jusque dans leurs plus hautes retraites désertiques et même plusieurs fois au cours du millénaire écoulé et cette terreur blanche venait toujours du même côté, du côté de l’Église catholique et de ses affidés. La terreur blanche vient toujours de la droite, c’est la Terreur de la réaction et elle déborde souvent en mouvements populaires, en mouvements des foules assassines. Quand on regarde l’histoire, la terreur blanche a sévi et la liste n’est pas exhaustive – en France (notamment en Bretagne), en Russie, en Hongrie, en Chine, en Inde et plus récemment, en Espagne et aux États-Unis, où elle est menée par des organisations proches du KKK – Ku Klux Klan, où la Terreur blanche est liée très étroitement au racisme et à la volonté de domination de la « race blanche ». Note qu’en Allemagne, dans le Reich nazi, le même KKK résumait de la façon la plus traditionnelle, le rôle de la femme : Kinder, Küche, Kirche – littéralement, enfant, cuisine, église.
Je pense même, dit Lucien l‘âne, qu’on peut en trouver des traces en Amérique latine, en Australie; enfin, un peu partout.
Soit, dit Marco Valdo M.I., dans la chanson, c’est en Albanie qu’on la retrouve. À l’époque, là, la Terreur blanche était l’œuvre des royalistes et des fascistes albanais qui s’étaient alliés aux fascistes italiens ; puis, après la déroute de ceux-ci et la reprise des territoires par les armées allemandes, elle s’est ralliée aux nazis l’essentiel était de combattre et d’éliminer les partisans et les résistants. Cependant, dans la chanson, rien de tout cela n’est précisé ; on ne peut que le deviner. Dans la conversation des grands de la famille, on use du concept de « lutte des classes » – ce qui indiquerait une orientation marxiste – tendance Karl (je précise puisque toi et moi, nous sommes aussi marxistes, mais de la tendance Groucho) et on tremble à l’idée de la terreur blanche, ce qui indiquerait une orientation anti-royaliste, antifasciste de la famille. On entend des coups de feu, des assassinats se passent dans la nuit et tout ce qu’on sait, tout ce qu’on perçoit, ce sont un inquiétant silence, l’effroi des grandes personnes, les coups de feu et le commentaire glaçant de la grand-mère :
J’entends ces coups de feu dans la nuit :
Mémé dit :« Dans la viande, dans le corps.
Malheureuses femmes, pauvres enfants ! »
En somme, dit Lucien l’âne, c’est la guerre (in)civile entendue du lit d’un enfant. Écoutons-la et tissons le linceul de ce vieux monde terrorisé, raciste, brut, brutal et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane