L’aube est là. Matthias s’éveille.
Matěj sent des élancements,
Matěj se tourne sur le flanc,
La paille craque, passe une abeille.
Matthias tâte sa tête avec tact
Palpe ses jambes, ses bras, son tronc :
Tout est intact.
Son ventre grogne, il se lève d’un bond.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Matěj, Andrea, orphelin de ses pantins,
Reprend les chemins de son destin :
Les grand-routes sont aux marchands,
Des itinéraires d’armées en mouvement.
Le fuyard prend par le travers des collines,
Longe les petits rus, les médiocres rivières ;
Déserteur, il se tient à l’écart, il chemine,
Il marche en biais vers son éternité entière.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Tout va bien Matthias, ce matin.
Je ne sais pas, vraiment, je l’ignore.
J’ai perdu ma hotte, tous mes pantins.
Il ne me reste que la vie encore.
Ris, chantonne, sois en gaîté.
On t’a promis du pain,
Peut-être même un lapin.
Un lapin ? Tout un lapin fumé.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Matěj sent des élancements,
Matěj se tourne sur le flanc,
La paille craque, passe une abeille.
Matthias tâte sa tête avec tact
Palpe ses jambes, ses bras, son tronc :
Tout est intact.
Son ventre grogne, il se lève d’un bond.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Matěj, Andrea, orphelin de ses pantins,
Reprend les chemins de son destin :
Les grand-routes sont aux marchands,
Des itinéraires d’armées en mouvement.
Le fuyard prend par le travers des collines,
Longe les petits rus, les médiocres rivières ;
Déserteur, il se tient à l’écart, il chemine,
Il marche en biais vers son éternité entière.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Tout va bien Matthias, ce matin.
Je ne sais pas, vraiment, je l’ignore.
J’ai perdu ma hotte, tous mes pantins.
Il ne me reste que la vie encore.
Ris, chantonne, sois en gaîté.
On t’a promis du pain,
Peut-être même un lapin.
Un lapin ? Tout un lapin fumé.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2020/4/7 - 20:25
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Chanson française – Le Lapin fumé – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN AMOUREUX – 51
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
Donc, Lucien l’âne mon ami, Matěj le déserteur avait – en plein milieu du chaos engendré par la bataille d’Austerlitz – une fois encore, déserté.
Eh, dit Lucien l’âne, c’est dans la nature même du déserteur de déserter.
Exactement, reprend Marco Valdo M.I., et il avait, pour ce faire, emprunté un chemin de traverse et après avoir pris du champ par rapport au champ de bataille, il s’était débarrassé de tout son fourniment et avait trouvé sous une meule (il fait chaud sous une meule) un lieu de repos et une excellente cachette. Il s’y était benoitement endormi sans trop se soucier du déroulement des graves événements militaires auxquels il était censé participer et apporter sa contribution. Il trouvait qu’il en avait fait assez et il avait dit « Qu’ils continuent sans moi ! » Par-devers lui, il pensait : ce sont là des affaires d’Empereur et il en a trois en lice là.
Hé, Marco Valdo M.I. mon ami, ce déserteur endormi va quand même bien se réveiller à un certain moment.
Précisément, Lucien l’âne mon ami, c’est le moment où commence cette chanson du « lapin fumé ». Matthias, telle une princesse au bois dormant, s’éveille et puis, voir la chanson qui dit tout ce qu’il faut savoir.
À savoir, Marco Valdo M.I. mon ami ?
À savoir que le déserteur a repris sa route vagabonde et qu’il évite à nouveau de se faire remarquer. Par ruisseaux et chemins forestiers, il traverse de colline en colline, le pays. Une fois encore, il retourne chez lui. Il s’arrête parfois dans une ferme et là, un moment à l’abri, il reprend force et se repose un peu de son errnce en coupant du bois pour le chauffage – je te rappelle qu’on est en décembre- ou en donnant un coup de main pour les travaux en cours. En échange de quoi, il bénéficie d’un toit, de repas et quand il s’en reva de pain et oh, merveille, d’un lapin, une lapin entier, tout un lapin fumé.
Quoi, dit Lucien l’âne, un lapin qui fume ?, je n’ai jamais vu ça.
Mais non, Lucien l’âne mon ami, pas un lapin qui fume, mais un lapin fumé comme un jambon, comme un poulet, comme un saumon, comme un hareng. Le lapin fumé se conserve fort bien et supporte dès lors le voyage vagabond dans la musette de Matěj. Par ailleurs, la chanson nous raconte que Matthias, alias Andrea, le marionnettiste, a perdu son petit théâtre et s’en trouve fort désemparé.
Enfin, dit Lucien l’âne, il a toujours un lapin fumé, c’est déjà quelque chose pour repartir dans la vie ; toi et moi, on n’a jamais eu ça. Tissons pourtant le linceul de ce vieux monde chaotique, bousculé, déboussolé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane