Sur les planches, l’Arlequin de bois est mort,
L’Arlecchino de chair, heureusement, pas encore.
Sur la scène, mutique commandeur anonyme,
Matthias est venu, salut ! Dernière pantomime,
Sans geste, sans mot dire,
Et le public de sourire
Et les gens de rire du message
Du vieux clown si sage.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
L’assistance se disperse dans le noir.
Là-haut, tout là-haut, en haut du perchoir,
Une silhouette est assise, silencieuse :
Une femme, pas une gourgandine licencieuse.
Vous là-haut, approchez, ne restez pas là !
Qui êtes-vous ? Je ne vous vois pas.
C’est moi, Arlecchina, Arlecchino !
Alors, tu n’es pas fâché, Pollo ?
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oh, dis-moi, Pollo, es-tu heureux ?
Avec mes gens de bois, on a joué un peu ;
Heureux, dis-tu ? Je ne sais pas.
Je suis, je suis, je suis moi.
Danse, Arlecchina, mon ombre !
Danse la danse des voiles sombres
Et cache bien ce qu’on ne voit pas.
À la porte, la guerre frappe encore une fois.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
L’Arlecchino de chair, heureusement, pas encore.
Sur la scène, mutique commandeur anonyme,
Matthias est venu, salut ! Dernière pantomime,
Sans geste, sans mot dire,
Et le public de sourire
Et les gens de rire du message
Du vieux clown si sage.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
L’assistance se disperse dans le noir.
Là-haut, tout là-haut, en haut du perchoir,
Une silhouette est assise, silencieuse :
Une femme, pas une gourgandine licencieuse.
Vous là-haut, approchez, ne restez pas là !
Qui êtes-vous ? Je ne vous vois pas.
C’est moi, Arlecchina, Arlecchino !
Alors, tu n’es pas fâché, Pollo ?
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oh, dis-moi, Pollo, es-tu heureux ?
Avec mes gens de bois, on a joué un peu ;
Heureux, dis-tu ? Je ne sais pas.
Je suis, je suis, je suis moi.
Danse, Arlecchina, mon ombre !
Danse la danse des voiles sombres
Et cache bien ce qu’on ne voit pas.
À la porte, la guerre frappe encore une fois.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 14/3/2020 - 11:13
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ARLEQUIN AMOUREUX – 45
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
Comme tu l’avais remarqué depuis longtemps, Lucien l’âne mon ami, la chanson est chose poétique et souvent, énigmatique, elle s’exprime de façon cryptique. Elle joue sur la sensation de mystère, elle s’appuie sur le sentiment d’incertitude. On ne la comprend pas toujours immédiatement, mais toujours, on sent ce qu’elle veut dire. Ensuite, il y faut du temps et certaines répétitions.
Parfois, la chanson, vois-tu Marco Valdo M.I. mon ami, me fait penser à une ânesse qui se fait prier pour vous inviter à la danse du printemps.
C’est un peu ça, assurément, dit Marco Valdo M.I. ; c’est une demoiselle ou une dame qui aime prendre son temps, qui apprécie qu’on la regarde d’un œil ardent. Donc, la chanson est ainsi faite qu’il lui faut apprivoiser les gens.
Excellentes considérations, répond Lucien l’âne, un peu interloqué par la tournure de la conversation, mais – car il y a toujours un mais – mais que raconte cette chanson-ci au titre si ronflant ?
Avec les chansons précédentes : La Sainte Famille et La Résurrection, explique Marco Valdo M.I., on avait assisté à un spectacle à rebondissements.
Oh, dit Lucien l’âne, excuse-moi de t’interrompre, mais c’est toujours comme ça avec ces choses -là ; les gens sont tellement influençables.
Oui, reprend Marco Valdo M.I. en souriant, et même, fort crédules. Cependant, revenons aux faits. C’était le spectacle d’adieu de la petite troupe d’Andrea Sereno. Elle se donnait dans une caverne ou un lieu tout comme et elle s’achevait par la mort, la résurrection et la remort d’Arlequin.
Je me souviens, dit Lucien l’âne. La remort est inévitable dès lors qu’il y a résurrection.
Dès lors, on pourrait imaginer l’affaire classée, mais – car il y a toujours un mais – mais il n’en est rien, comme je m’en vas te le conter. Arlequin remort vient sur scène, silencieux et raidement étrange, Matthias pour qui aussi c’est la dernière représentation de son théâtre de marionnettes. Comme Matthias ne rajeunit pas, que ses cheveux sont partis presque tous on ne sait où, qu’il est vêtu à la va comme je te pousse, c’est une sorte de vieil épouvantail que le public distingue et comme tous les publics, il croit que c’est là une partie du spectacle, d’un spectacle censément comique, baroque, grotesque, il rit. Il rit de ce vieil homme qui fait ses adieux, planté sans rien dire au milieu de nulle part.
Ça me rappelle, dit Lucien l’âne, l’histoire tragique de ce clown au pied de l’échelle qui regarde avec un sourire béat de comédie la lune tout là-haut et finit sous les rires, par mourir à l’endroit où son cœur l’a lâché ; ou cet autre qui jouait du violon dans cette chanson si poignante de Gianni Esposito qui portait justement ce titre : « Le Clown » (https://www.youtube.com/watch?v=jGwQ6-Xi2W4), sans doute une des plus belles chansons françaises.
Oui, Lucien l’âne mon ami, c’est bien cette atmosphère ambiguë de rire trompeur et de pleurs pour de rire dont s’habille la chanson. Et tous finalement s’en vont, le clown n’a pas bougé et dans le fond, tout en haut dans le noir, un silhouette féérique se tint immobile comme une statue. Ainsi, on n’a plus que deux statues en une sorte de jeu de miroir : le Commandeur et la Commandeuse.
Mais quand même, Marco Valdo M.I. mon ami, on ne joue pas Don Juan.
Eh bien, répond Marco Valdo M.I., si ! Ça se pourrait, car souviens-toi de l’épisode en chanson : « Une statue ne porte pas de caleçon », tout comme « Les cadavres ne portent pas de costard » (https://www.youtube.com/watch?v=QScZpzr5lpk), épisode où Sevastiano, alias Matthias, Andrea et consorts, était le Commandeur.
Oui, en effet, répond Lucien l’âne, c’était un moment fort dramatique, d’une comicité remarquable, un instant-clé de l’histoire du déserteur. Cela dit, quoi ensuite ? Qu’est-ce qui se passe entre ce Commandeur et cette Commandeuse ?
Lucien l’âne mon ami, ce sont les retrouvailles d’Arlecchino et d’Arlecchina, où Arlecchina va danser la danse du ventre, chose orientale, qu’elle fera voilée aux endroits cruciaux de son anatomie, comme il se doit. Le reste, la chanson te le dira, ainsi que la rumeur de la guerre qui se rappelle aux acteurs du monde.
En attendant d’en savoir plus, nous qui vivons, rions, rions et tissons le linceul de ce vieux monde solennel, en état d’urgence, en alerte, couronné et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane