Ecco, la guerra è finita.
Si è fatto silenzio sull’Europa.
E sui mari intorno ricominciano di notte a navigare i lumi.
Dal letto dove sono disteso posso finalmente guardare le stelle.
Come siamo felici.
A metà del pranzo la mamma si è messa improvvisamente
a piangere per la gioia,
nessuno era più capace di andare avanti a parlare.
Che da stasera la gente ricominci a essere buona?
Spari di gioia per le vie, finestre accese a sterminio,
tutti sono diventati pazzi, ridono, si abbracciano,
i più duri tipi dicono strane parole dimenticate.
Felicità su tutto il mondo è pace!
Infatti quante cose orribili passate per sempre.
Non udremo più misteriosi schianti nella notte
che gelano il sangue e al rombo ansimante dei motori
le case non saranno mai più cosi immobili e nere.
Non arriveranno più piccoli biglietti colorati con sentenze fatali,
Non più al davanzale per ore, mesi, anni, aspettando lui che ritorni.
Non più le Moire lanciate sul mondo a prendere uno qua
uno là senza preavviso, e sentirle perennemente nell’aria,
notte e dì, capricciose tiranne.
Non più, non più, ecco tutto;
Dio come siamo felici.
Si è fatto silenzio sull’Europa.
E sui mari intorno ricominciano di notte a navigare i lumi.
Dal letto dove sono disteso posso finalmente guardare le stelle.
Come siamo felici.
A metà del pranzo la mamma si è messa improvvisamente
a piangere per la gioia,
nessuno era più capace di andare avanti a parlare.
Che da stasera la gente ricominci a essere buona?
Spari di gioia per le vie, finestre accese a sterminio,
tutti sono diventati pazzi, ridono, si abbracciano,
i più duri tipi dicono strane parole dimenticate.
Felicità su tutto il mondo è pace!
Infatti quante cose orribili passate per sempre.
Non udremo più misteriosi schianti nella notte
che gelano il sangue e al rombo ansimante dei motori
le case non saranno mai più cosi immobili e nere.
Non arriveranno più piccoli biglietti colorati con sentenze fatali,
Non più al davanzale per ore, mesi, anni, aspettando lui che ritorni.
Non più le Moire lanciate sul mondo a prendere uno qua
uno là senza preavviso, e sentirle perennemente nell’aria,
notte e dì, capricciose tiranne.
Non più, non più, ecco tutto;
Dio come siamo felici.
inviata da Riccardo Venturi - 5/2/2020 - 19:22
Lingua: Francese
Version française – AVRIL 1945 – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – Aprile 1945 – Dino Buzzati – 1945
Chanson italienne – Aprile 1945 – Dino Buzzati – 1945
« Sans oser encore le croire, Milan s’est réveillée hier matin à la dernière journée de son interminable attente. Depuis quelques jours, la grande espérance avait acquis une merveilleuse vraisemblance. Par des voies mystérieuses, des rumeurs qui avant semblaient étranges ou folles se répandaient dans la ville, augmentant le désir impatient de la libération. Les tramways roulaient encore, mais déjà on comprenait que Milan avait cessé le travail : le souffle coupé, elle sentait son destin se mettre en mouvement et avancer à un rythme toujours plus précipité. Aujourd’hui, c’est le peuple tout entier qui se réveille. Le destin a été décidé par le peuple lui-même, unanime dans le désir et l’impatience ».
Dino Buzzati : "Cronaca di ore memorabili" – « Chronique d’heures mémorables ». Éditorial du Corriere della Sera, 26 avril 1945.
Dino Buzzati : "Cronaca di ore memorabili" – « Chronique d’heures mémorables ». Éditorial du Corriere della Sera, 26 avril 1945.
AVRIL 1945
Voilà, la guerre est finie.
Le silence s’est fait sur l’Europe.
Et sur les mers à l’entour, recommencent de nuit à naviguer les lumières.
Du lit où je suis étendu, je peux finalement regarder les étoiles.
Comme nous sommes heureux.
À la moitié du repas, maman s’est soudainement mise …
À pleurer de joie,
Personne n’était capable de se mettre à parler.
Serait-ce que de ce soir, les gens recommenceraient à être bons ?
Tirs de joie dans les rues, des fenêtres éclairées à profusion,
Tous sont devenus fous, rient, s’embrassent,
Les types les plus durs disent d’étranges mots oubliés.
Le bonheur sur tout le monde, c’est la paix !
De fait, tant de choses horribles sont passées pour toujours.
Nous n’entendrons plus de mystérieux fracas dans la nuit
Qui gèlent le sang et au rugissement haletant des moteurs,
Les maisons ne seront plus jamais aussi immobiles et noires.
Il n’arrivera plus de petits billets colorés avec des phrases fatales,
Plus à l’appui de fenêtre pendant des heures, des mois, des années, attendant qu’il revienne.
Plus de Moires lancées sur le monde pour en attraper un ici,
Un là sans préavis, et les sentir perpétuellement dans l’air,
Nuit et jour, des tyranes capricieuses.
Plus, plus, voilà tout ;
Dieu que nous sommes heureux.
Voilà, la guerre est finie.
Le silence s’est fait sur l’Europe.
Et sur les mers à l’entour, recommencent de nuit à naviguer les lumières.
Du lit où je suis étendu, je peux finalement regarder les étoiles.
Comme nous sommes heureux.
À la moitié du repas, maman s’est soudainement mise …
À pleurer de joie,
Personne n’était capable de se mettre à parler.
Serait-ce que de ce soir, les gens recommenceraient à être bons ?
Tirs de joie dans les rues, des fenêtres éclairées à profusion,
Tous sont devenus fous, rient, s’embrassent,
Les types les plus durs disent d’étranges mots oubliés.
Le bonheur sur tout le monde, c’est la paix !
De fait, tant de choses horribles sont passées pour toujours.
Nous n’entendrons plus de mystérieux fracas dans la nuit
Qui gèlent le sang et au rugissement haletant des moteurs,
Les maisons ne seront plus jamais aussi immobiles et noires.
Il n’arrivera plus de petits billets colorés avec des phrases fatales,
Plus à l’appui de fenêtre pendant des heures, des mois, des années, attendant qu’il revienne.
Plus de Moires lancées sur le monde pour en attraper un ici,
Un là sans préavis, et les sentir perpétuellement dans l’air,
Nuit et jour, des tyranes capricieuses.
Plus, plus, voilà tout ;
Dieu que nous sommes heureux.
inviata da Marco Valdo M.I. - 19/2/2020 - 11:39
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Poesia di Dino Buzzati
A poem by Dino Buzzati
Poème de Dino Buzzati
Dino Buzzatin runo
“Senza osare ancora crederlo, Milano si è risvegliata ieri mattina all’ultima giornata della sua interminabile attesa. Da alcuni giorni la grande speranza aveva acquistato una verosimiglianza meravigliosa. Per vie misteriose, voci che dapprima parevano strane o pazzesche si spandevano per la città, accrescendo l’ansia della liberazione. I tram andavano ancora ma già si capiva che Milano aveva interrotto il lavoro: il fiato sospeso, essa sentiva il destino mettersi in moto e incalzare con ritmo sempre più precipitoso. Oggi è l’intero popolo che si risveglia. La sorte è stata decisa per opera del popolo stesso, unanime nel desiderio e nell’ansia.”
Dino Buzzati: "Cronaca di ore memorabili". Editoriale del Corriere della Sera, 26 aprile 1945.