Verdumpft, verengt, verpennt, blockiert,
so geht das seit zehn Jahren.
Wie sind die Deutschen dezimiert,
die einst von Goethe waren!
Ein Mittel gibts – und das ist rar.
Das Mittel das ist dies:
Mensch, ein Mal auf dem Buhlewar!
Mensch, ein Mal in Paris!
Als Ludendorff einst Lüttich nahm
und nachher nicht mehr rausfand –
Welch Tag für ihn! Der Brave kam
zum ersten Mal ins Ausland.
Man denk ihn sich mit Schnurrbarthaar,
mit Orden, Helm und Spieß,
Mensch, ein Mal auf dem Buhlewar!
Mensch, ein Mal in Paris!
Hannover-Süd und Franken-Nord.
Der Horizont wird kleiner.
Von Hause kommen wenige fort
und in die Welt fast keiner.
Ich wünsch der Angestelltenschar
statt brandenburger Kies:
nur ein Mal auf dem Buhlewar!
nur ein Mal in Paris!
Da draußen kümmert sich kein Bein
um eure Fahrdienstleiter.
Ihr könnt Hep-Hep und Hurra schrein:
die Welt geht ruhig weiter.
Die Völker leben. Freude lacht.
Wir stehn in letzter Reihe.
Was sich bei uns so mausig macht,
das sollte mal ins Freie!
Den Richtern, Bonzen, ja, sogar
Herrn Hitler wünsch ich dies:
Mensch, ein Mal auf dem Buhlewar!
Mensch, ein Mal nach Paris –!
so geht das seit zehn Jahren.
Wie sind die Deutschen dezimiert,
die einst von Goethe waren!
Ein Mittel gibts – und das ist rar.
Das Mittel das ist dies:
Mensch, ein Mal auf dem Buhlewar!
Mensch, ein Mal in Paris!
Als Ludendorff einst Lüttich nahm
und nachher nicht mehr rausfand –
Welch Tag für ihn! Der Brave kam
zum ersten Mal ins Ausland.
Man denk ihn sich mit Schnurrbarthaar,
mit Orden, Helm und Spieß,
Mensch, ein Mal auf dem Buhlewar!
Mensch, ein Mal in Paris!
Hannover-Süd und Franken-Nord.
Der Horizont wird kleiner.
Von Hause kommen wenige fort
und in die Welt fast keiner.
Ich wünsch der Angestelltenschar
statt brandenburger Kies:
nur ein Mal auf dem Buhlewar!
nur ein Mal in Paris!
Da draußen kümmert sich kein Bein
um eure Fahrdienstleiter.
Ihr könnt Hep-Hep und Hurra schrein:
die Welt geht ruhig weiter.
Die Völker leben. Freude lacht.
Wir stehn in letzter Reihe.
Was sich bei uns so mausig macht,
das sollte mal ins Freie!
Den Richtern, Bonzen, ja, sogar
Herrn Hitler wünsch ich dies:
Mensch, ein Mal auf dem Buhlewar!
Mensch, ein Mal nach Paris –!
Contributed by Bernart Bartleby - 2019/1/27 - 21:08
Charlie Chaplin alle prese con la Grande Berta ne "Il Grande Dittatore" (1940)
B.B. - 2019/1/27 - 21:13
Language: Italian
Versione italiana di Francesco Mazzocchi
SEMPRE FUORI CON LA MAMMA... !
Ammuffiti, rattrappiti, addormentati, bloccati,
la va così da dieci anni.
Come sono decimati i Tedeschi,
che un tempo erano di Goethe!
C’è un modo – ed è una meraviglia.
Il modo che è questo:
accidenti, una volta sul boulevard!
Accidenti, una volta a Parigi!
Quando Ludendorff una volta prese Liegi
dopo di ché non ce ne andò più fuori –
Che giorno per lui! Il brav’uomo andava
per la prima volta all’estero.
Immaginatelo coi baffoni,
con medagliere, elmo e spiedo,
accidenti, una volta sul boulevard!
Accidenti, una volta a Parigi!
Sud dell’Hannover e Nord-Franconia.
L’orizzonte diventa un po’ piccolo.
Pochi vanno via da casa
e nel mondo quasi nessuno.
Io auguro alla schiera degli impiegati
invece della ghiaia del Brandeburgo:
solo una volta sul boulevard!
Solo una volta a Parigi!
Là fuori non ci si preoccupa
del vostro capotreno.
Voi potete gridare hip-hip e urrà:
il mondo va tranquillamente avanti.
La gente vive. Ride la gioia.
Noi siamo in ultima fila.
Quel che da noi è così insolente,
una volta si faccia in libertà!
Ai giudici, ai pezzi grossi, sì, perfino
al signor Hitler io lo auguro:
Accidenti, una volta sul boulevard!
Accidenti, una volta a Parigi –!
Ammuffiti, rattrappiti, addormentati, bloccati,
la va così da dieci anni.
Come sono decimati i Tedeschi,
che un tempo erano di Goethe!
C’è un modo – ed è una meraviglia.
Il modo che è questo:
accidenti, una volta sul boulevard!
Accidenti, una volta a Parigi!
Quando Ludendorff una volta prese Liegi
dopo di ché non ce ne andò più fuori –
Che giorno per lui! Il brav’uomo andava
per la prima volta all’estero.
Immaginatelo coi baffoni,
con medagliere, elmo e spiedo,
accidenti, una volta sul boulevard!
Accidenti, una volta a Parigi!
Sud dell’Hannover e Nord-Franconia.
L’orizzonte diventa un po’ piccolo.
Pochi vanno via da casa
e nel mondo quasi nessuno.
Io auguro alla schiera degli impiegati
invece della ghiaia del Brandeburgo:
solo una volta sul boulevard!
Solo una volta a Parigi!
Là fuori non ci si preoccupa
del vostro capotreno.
Voi potete gridare hip-hip e urrà:
il mondo va tranquillamente avanti.
La gente vive. Ride la gioia.
Noi siamo in ultima fila.
Quel che da noi è così insolente,
una volta si faccia in libertà!
Ai giudici, ai pezzi grossi, sì, perfino
al signor Hitler io lo auguro:
Accidenti, una volta sul boulevard!
Accidenti, una volta a Parigi –!
Contributed by Francesco Mazzocchi - 2019/1/28 - 10:25
"Nationalism does nothing but teach you how to hate people that you never met." (Douglas Stanhope, cabarettista staunitense, classe 1967.
B.B. - 2019/1/28 - 22:05
Language: French
Version française – POUR EN FINIR AVEC LA MÈRE… ! – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson allemande – Immer raus mit der Mutter… ! – Kurt Tucholsky – 1924
Texte de Kurt Tucholsky, publié dans Die Weltbühne en 1924 sous un de ses pseudonymes, celui de Theobald Tiger.
Musique de Hanns Eisler
Interprété par Ernst Busch, album "Ist Das Von Gestern ?" de 1965.
Chanson allemande – Immer raus mit der Mutter… ! – Kurt Tucholsky – 1924
Texte de Kurt Tucholsky, publié dans Die Weltbühne en 1924 sous un de ses pseudonymes, celui de Theobald Tiger.
Musique de Hanns Eisler
Interprété par Ernst Busch, album "Ist Das Von Gestern ?" de 1965.
Poème dédié à Paul Graetz (1890-1937), un des maîtres du cabaret berlinois des années Weimar. Paul Graetz, comme Tucholsky lui-même, fut contraint de fuir l’Allemagne en 1933 et mourut prématurément (d’une crise cardiaque, pas de sa propre main, comme Tucholsky) à Hollywood en 1937.
Dans ce poème, Tucholsky affirme quelle est pour lui la solution aux aberrations du nationalisme : connaître le monde, connaître d’autres cultures, vérifier à la première personne que les Français sont comme les Allemands, des êtres humains. Comme nous le savons, Tucholsky, grand viveur, aimait Paris et y passait beaucoup de temps. L’autre chose que Tucholsky aimait (avec les femmes) était le cabaret (la dédicace à Paul Graetz n’est pas accidentelle) et s’il y a un élément qui unissait étroitement Berlin et Paris dans ces années-là était précisément le cabaret, la vie nocturne.
L’invitation de Tucholsky aux Allemands, au lieu de continuer à pleurer sur les guerres passées, est donc d’aller faire une belle promenade sur les boulevards de Paris. Mais attention, pas comme le général Ludendorff avait tenté de le faire au début de la Grande Guerre, en envahissant la Belgique neutre et en rasant avec la Grande Berta les forteresses de Liège pour ouvrir un corridor vers la capitale française… Pour mémoire, Ludendorff, avec von Hindenburg, était le représentant de la classe militaire allemande, le même qui était non seulement coresponsable du carnage de la guerre, mais qui plus tard a aidé à concéder l’Allemagne à Hitler…
L’aspect tragique et moqueur de ces vers est que Ludendorff n’est arrivé qu’à 40 km de Paris alors qu’Hitler, vers qui Tucholsky se tourne enfin pour renouveler son invitation à visiter la France, est vraiment arrivé à Paris, et paspour une visite de courtoisie ou pour assister à un spectacle cabaret. Mais en juin 1940, le grand écrivain et poète juif d’origine polonaise – aimant trop la vie et connaissant bien l’Horreur – avait déjà depuis quelques années mis fin à des jours en exil à Göteborg…
Dans ce poème, Tucholsky affirme quelle est pour lui la solution aux aberrations du nationalisme : connaître le monde, connaître d’autres cultures, vérifier à la première personne que les Français sont comme les Allemands, des êtres humains. Comme nous le savons, Tucholsky, grand viveur, aimait Paris et y passait beaucoup de temps. L’autre chose que Tucholsky aimait (avec les femmes) était le cabaret (la dédicace à Paul Graetz n’est pas accidentelle) et s’il y a un élément qui unissait étroitement Berlin et Paris dans ces années-là était précisément le cabaret, la vie nocturne.
L’invitation de Tucholsky aux Allemands, au lieu de continuer à pleurer sur les guerres passées, est donc d’aller faire une belle promenade sur les boulevards de Paris. Mais attention, pas comme le général Ludendorff avait tenté de le faire au début de la Grande Guerre, en envahissant la Belgique neutre et en rasant avec la Grande Berta les forteresses de Liège pour ouvrir un corridor vers la capitale française… Pour mémoire, Ludendorff, avec von Hindenburg, était le représentant de la classe militaire allemande, le même qui était non seulement coresponsable du carnage de la guerre, mais qui plus tard a aidé à concéder l’Allemagne à Hitler…
L’aspect tragique et moqueur de ces vers est que Ludendorff n’est arrivé qu’à 40 km de Paris alors qu’Hitler, vers qui Tucholsky se tourne enfin pour renouveler son invitation à visiter la France, est vraiment arrivé à Paris, et paspour une visite de courtoisie ou pour assister à un spectacle cabaret. Mais en juin 1940, le grand écrivain et poète juif d’origine polonaise – aimant trop la vie et connaissant bien l’Horreur – avait déjà depuis quelques années mis fin à des jours en exil à Göteborg…
POUR EN FINIR AVEC LA MÈRE… !
Contractés, ratatinés, ankylosés, paralysés,
Depuis dix ans, ça va comme ça.
Comme les Allemands sont décimés,
Qui étaient les tenants de Goethe autrefois !
Il existe un truc – et il est inouï.
Ce truc, le voici :
Va une fois sur les boulevards, Mec !
Va une fois à Paris, Mec !
Ludendorff, les forts de Liège une fois pris,
Du pays n’est plus jamais sorti.
Quelle journée pour lui ! Le Brave avait été
Pour la première fois à l’étranger.
On l’imagine avec ses grosses bacchantes,
Avec ses médailles, son casque et sa lance,
Une fois sur les boulevards, Mec !
Une fois à Paris, Mec !
Entre au sud, le Hanovre et au nord, la Franconie,
L’horizon se rétrécit.
Peu s’en vont de la maison
Et presque personne dans le monde.
J’aimerais qu’au lieu des chemins du Brandebourg,
Les employés en masse fassent un tour
Sur les boulevards, une fois, seulement !
À Paris, une fois, seulement !
Là-bas dehors, nul ne se soucie
De votre chef de convoi ;
Vous pouvez crier hiphip et hourra :
Le monde continue tranquille.
Les peuples vivent. La joie rit.
Nous, on traîne derrière.
Ce qu’on fait en cachette ici,
Ça sera découvert.
Aux juges, aux bonzes, oui, jusqu’à
M. Hitler, je dis comme ça :
Va une fois sur les boulevards, Mec !
Va une fois à Paris, Mec !
Contractés, ratatinés, ankylosés, paralysés,
Depuis dix ans, ça va comme ça.
Comme les Allemands sont décimés,
Qui étaient les tenants de Goethe autrefois !
Il existe un truc – et il est inouï.
Ce truc, le voici :
Va une fois sur les boulevards, Mec !
Va une fois à Paris, Mec !
Ludendorff, les forts de Liège une fois pris,
Du pays n’est plus jamais sorti.
Quelle journée pour lui ! Le Brave avait été
Pour la première fois à l’étranger.
On l’imagine avec ses grosses bacchantes,
Avec ses médailles, son casque et sa lance,
Une fois sur les boulevards, Mec !
Une fois à Paris, Mec !
Entre au sud, le Hanovre et au nord, la Franconie,
L’horizon se rétrécit.
Peu s’en vont de la maison
Et presque personne dans le monde.
J’aimerais qu’au lieu des chemins du Brandebourg,
Les employés en masse fassent un tour
Sur les boulevards, une fois, seulement !
À Paris, une fois, seulement !
Là-bas dehors, nul ne se soucie
De votre chef de convoi ;
Vous pouvez crier hiphip et hourra :
Le monde continue tranquille.
Les peuples vivent. La joie rit.
Nous, on traîne derrière.
Ce qu’on fait en cachette ici,
Ça sera découvert.
Aux juges, aux bonzes, oui, jusqu’à
M. Hitler, je dis comme ça :
Va une fois sur les boulevards, Mec !
Va une fois à Paris, Mec !
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2019/1/29 - 12:09
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Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.
Versi di Kurt Tucholsky, pubblicati su Die Weltbühne nel 1924 con uno dei suoi pseudonimi, quello di Theobald Tiger.
Musica di Hanns Eisler
Interpretata da Ernst Busch, a partire dall'album "Ist Das Von Gestern?" del 1965
Una poesia dedicata espressamente a Paul Graetz (1890-1937), uno dei maestri del cabaret berlinese negli anni di Weimar. Paul Graetz, come lo stesso Tucholsky, nel 1933 fu costretto a fuggire dalla Germania e morì prematuramente (per un infarto, non per sua mano, come invece Tucholsky) ad Hollywood nel 1937.
In questa poesia Tucholsky afferma quale sia per lui la soluzione alle aberrazioni del nazionalismo: conoscere il mondo, conoscere le altre culture, verificare in prima persona che i francesi sono proprio come i tedeschi, esseri umani. Come sappiamo Tucholsky, gran viveur, adorava Parigi e ci trascorse molto tempo. L'altra cosa che Tucholsky amava (insieme alle donne) era il cabaret (la dedica a Paul Graetz non è casuale) e se c'è un elemento che accomunava strettamente Berlino e Parigi in quegli anni era proprio il cabaret, la vita notturna.
Così l'invito di Tucholsky ai tedeschi, invece di continuare a piangere sulle guerre versate, è quello di andare a farsi una bella passeggiata sui boulevards di Parigi. Ma, attenzione, non come aveva cercato di fare il generale Ludendorff all'inizio della Grande Guerra, invadendo il neutrale Belgio e spianando con la Grande Berta le fortezze di Liegi per costruirsi un corridoio verso la capitale francese... Per la cronaca, Ludendorff, insieme a von Hindenburg, era il rappresentante della classe militare tedesca, quella stessa che non solo fu corresponsabile della carneficina della guerra, ma che successivamente contribuì a consegnare la Germania ad Hitler...
L'aspetto tragico e beffardo di questi versi è che Ludendorff non arrivò se non a 40 km da Parigi mentre Hitler, al quale Tucholsky si rivolge alla fine rinnovando il suo invito a visitare la Francia, a Parigi ci arrivò davvero, e non per una visita di cortesia o per assistere a qualche spettacolo di cabaret... Ma nel giugno del 1940 il grande scrittore e poeta ebreo di origine polacca – amando troppo la vita e conoscendo bene l'Orrore - aveva già da alcuni anni posto fine ai suoi giorni nell'esilio di Göteborg...