De Joos Damann, écuyer
À Hilbert Ryvish, écuyer.
Ne perds plus ton temps et ton argent
En jeux de misère et tristes brelans.
Pour gagner à tous les coups,
Faisons-nous beaux diables,
C’est un emploi admirable,
Les femmes se pendront à nos cous.
Les femmes donnent à leur homme d’amour
Leurs cottes, leurs chemises et leurs atours.
Laissons les pauvres et les laides,
Prenons les belles et les riches,
Faisons leur payer le plaisir du corps,
Bientôt, nous roulerons sur l’or.
À la nuit, il faut te faire beau
Et t’annoncer d’un chant d’oiseau.
Il faut te faire une face de diable
Et te pommader les joues de phosphore –
Un onguent à l’odeur épouvantable,
Une fragrance d’enfer, un parfum de mort.
Et toujours, tue qui te gêne.
Allons chez Katheline, ma débonnaire.
Tu prendras Nelle sans peine ;
Je te la donne, j’en suis le père.
Katheline cache en son logis
Sept cents carolus d’or,
Un véritable trésor.
Pour l’amour, tel sera notre prix.
Puis, ces femmes pour nous seront
Esclaves et serves en travail amoureux.
En Allemagne, nous les mènerons
Et nous les louerons à qui paiera le mieux.
Et nous en séduirons d’autres encore ;
Allumé le feu ardent sous leur ceinture,
Les femmes nous obéissent en tout,
L’amour a le sourire si doux.
À Katheline : M’aimes-tu, mon doux cœur ?
Dis-moi, caches-tu le trésor sous les fleurs ?
Sorcière mignonne, nous irons ce samedi
Danser ensemble au sabbat des esprits.
À Hilbert Ryvish, écuyer.
Ne perds plus ton temps et ton argent
En jeux de misère et tristes brelans.
Pour gagner à tous les coups,
Faisons-nous beaux diables,
C’est un emploi admirable,
Les femmes se pendront à nos cous.
Les femmes donnent à leur homme d’amour
Leurs cottes, leurs chemises et leurs atours.
Laissons les pauvres et les laides,
Prenons les belles et les riches,
Faisons leur payer le plaisir du corps,
Bientôt, nous roulerons sur l’or.
À la nuit, il faut te faire beau
Et t’annoncer d’un chant d’oiseau.
Il faut te faire une face de diable
Et te pommader les joues de phosphore –
Un onguent à l’odeur épouvantable,
Une fragrance d’enfer, un parfum de mort.
Et toujours, tue qui te gêne.
Allons chez Katheline, ma débonnaire.
Tu prendras Nelle sans peine ;
Je te la donne, j’en suis le père.
Katheline cache en son logis
Sept cents carolus d’or,
Un véritable trésor.
Pour l’amour, tel sera notre prix.
Puis, ces femmes pour nous seront
Esclaves et serves en travail amoureux.
En Allemagne, nous les mènerons
Et nous les louerons à qui paiera le mieux.
Et nous en séduirons d’autres encore ;
Allumé le feu ardent sous leur ceinture,
Les femmes nous obéissent en tout,
L’amour a le sourire si doux.
À Katheline : M’aimes-tu, mon doux cœur ?
Dis-moi, caches-tu le trésor sous les fleurs ?
Sorcière mignonne, nous irons ce samedi
Danser ensemble au sabbat des esprits.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 19/10/2018 - 21:48
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Chanson française – Les Lettres maudites – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 99
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, V)
Comme tu le sais probablement, Lucien l’âne mon ami, lors d’un procès de l’envergure de celui des « sorciers »(Les Sorciers), où il est question de meurtre, de vol, de sorcellerie, où donc il est question de vie et de mort, même s’il y a aveu d’un inculpé, il y faut une enquête complète. La question centrale étant : qu’y a-t-il au-delà, que dissimule l’aveu ? Il y faut des détails, il faut aussi comprendre ce qui a mené à ces désastres.
J’imagine bien que c’est comme ça, dit Lucien l’âne, et même, comme je l’ai souvent entendu et personnellement remarqué, un procès peut en cacher un autre, comme on dit chez nous. Le procès d’une personne vise aussi souvent à découvrir l’ambiance dans la quelle le crime est advenu et les mécanismes qui y ont présidé. Ne fût-ce que pour comprendre les faits et prévenir leur répétition.
Souviens-toi, Lucien l’âne mon ami, dans ce procès-ci, il y a deux accusés et l’un des deux, Joos Damman, même s’il a reconnu le meurtre de son ami Hilbert (La Main d’Hilbert), essaye de se défausser du reste de l’accusation en rejetant tout sur Katheline. Il tente de faire accroire qu’il est un bon gentilhomme odieusement abusé et manipulé par une vilaine sorcière, qui de surcroît simule la folie.
Ce n’est assurément pas très élégant pour un gentilhomme d’agir de la sorte, dit Lucien l’âne, et même, j’ai cru comprendre qu’il essayait également d’échapper à la justice en plaidant la péremption de ses actes, la prescription de son crime, du fait que la loi interdit de poursuivre le meurtrier après dix ans.
C’est exact, dit Marco Valdo M.I., c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il reconnaît l’avoir commis et tente de charger Katheline de tout le reste. Il est bien près de réussir, car Katheline aurait été bien en peine de se défendre pour deux fortes raisons : sa folie et son amour inconditionnel et délirant pour Hans, c’est-à-dire lui-même. Mais c’était compter sans Nelle, qui prend la défense de sa mère en même temps que de la sienne propre, car Joos Damman veut la faire elle aussi passer pour sorcière. Malheureusement pour lui et heureusement pour elles, Nelle retrouve, cousues dans les cottes de fête de sa mère, deux anciennes lettres de la main de Joos Damman. Ces lettres infâmes, c’est Nelle qui les dépose enter les mains du tribunal ; elles causeront la perte de l’ignoble gentilhomme. Ce que disent ces lettres, on le trouve dans la chanson.
Eh bien alors, dit Lucien l’âne, voyons la chanson et puis, tissons le linceul de ce vieux monde périssable, mortel, moisi et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane