« Messire, demande le Bailli, connaissez-vous cette femme ? »
« Je ne la connais pas. Une folle, sans doute. »
Relevant Katheline en sang, Nelle s’enflamme
Et s’encolère toute.
« Je demande à mourir, dit Nelle, si
Cet homme ne connaît pas ma mère,
S’il n’a pas tué le chien de Claes, et si
Il n’a pas assassiné son ami Hilbert. »
Et Katheline dit : « Donne-moi le baiser de paix,
Hans mon bel aimé ! » et son genou, elle embrassait.
Le Bailli dit : « Monsieur, quel est cet homme tué ? »
« En vérité, je ne le sais pas, elle l’a inventé. »
Et le Bailli interpelle Nelle : « Dis la vérité,
Jeune femme, quel est cet homme assassiné ?
« Hilbert, fils de Willem Ryvisch, écuyer
Pour les sept cents carolus de Claes, fut poignardé. »
« Tu mens ! », crie le gentilhomme du haut de sa hauteur.
« Certes non ! Tu es blême et tu frissonnes,
Regardez, il tremble de toute sa personne
Et ce n’est pas de froid, mais de peur.
Toi qui séduisis ma mère,
Toi qui réduisis Till à la misère,
La mort de Soetkin est ton œuvre,
À présent, tu files comme la couleuvre.
Toi, qui es venu chez nous avec un ami,
Toi qui voulus me l’imposer comme mari,
Moi, qui d’Hilbert n’ai pas voulu,
Je te demande : qu’est-il devenu ? »
Alors, solennel, le Bailli dit :
« Femmes, allez apaisées !
Messire, par justice, rendez-moi votre épée ! »
Le drôle refuse : « Je suis noble, ce n’est pas permis ! »
L’épée rendue malgré lui,
Le cavalier blême descend de cheval
Et entre deux sergents conduit,
À la prison commune, on l’installe.
Ainsi, à la Justice, l’accusé
Ce jour-là est remis.
Il passe au chaud la nuit
Empêché de s’échapper.
« Je ne la connais pas. Une folle, sans doute. »
Relevant Katheline en sang, Nelle s’enflamme
Et s’encolère toute.
« Je demande à mourir, dit Nelle, si
Cet homme ne connaît pas ma mère,
S’il n’a pas tué le chien de Claes, et si
Il n’a pas assassiné son ami Hilbert. »
Et Katheline dit : « Donne-moi le baiser de paix,
Hans mon bel aimé ! » et son genou, elle embrassait.
Le Bailli dit : « Monsieur, quel est cet homme tué ? »
« En vérité, je ne le sais pas, elle l’a inventé. »
Et le Bailli interpelle Nelle : « Dis la vérité,
Jeune femme, quel est cet homme assassiné ?
« Hilbert, fils de Willem Ryvisch, écuyer
Pour les sept cents carolus de Claes, fut poignardé. »
« Tu mens ! », crie le gentilhomme du haut de sa hauteur.
« Certes non ! Tu es blême et tu frissonnes,
Regardez, il tremble de toute sa personne
Et ce n’est pas de froid, mais de peur.
Toi qui séduisis ma mère,
Toi qui réduisis Till à la misère,
La mort de Soetkin est ton œuvre,
À présent, tu files comme la couleuvre.
Toi, qui es venu chez nous avec un ami,
Toi qui voulus me l’imposer comme mari,
Moi, qui d’Hilbert n’ai pas voulu,
Je te demande : qu’est-il devenu ? »
Alors, solennel, le Bailli dit :
« Femmes, allez apaisées !
Messire, par justice, rendez-moi votre épée ! »
Le drôle refuse : « Je suis noble, ce n’est pas permis ! »
L’épée rendue malgré lui,
Le cavalier blême descend de cheval
Et entre deux sergents conduit,
À la prison commune, on l’installe.
Ainsi, à la Justice, l’accusé
Ce jour-là est remis.
Il passe au chaud la nuit
Empêché de s’échapper.
inviata da Marco Valdo M.I. - 10/10/2018 - 21:45
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Chanson française – Nelle accuse – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 96
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, III)
Mon ami Lucien l’âne, voici une chanson qui raconte un moment effroyable et proprement tragique, une péripétie aussi tragique que celles des grandes tragédies grecques que tu dois bien connaître.
Oh, Marco Valdo M.I., mon ami, tu ne crois pas si bien dire. Et ça m’intéresse tout particulièrement, car la grande tragédie grecque, je la connais et depuis tellement longtemps. En fait, depuis sa création. Les tragédies grecques, je les ai vues jouées aux Dionysies, il y a maintenant environ deux millénaires et demi. L’histoire épouvantable des Atrides m’est restée en mémoire et singulièrement, le personnage d’Oreste, fils d’Agamemnon.
Donc, reprend Marco Valdo M.I., dès lors tu imagines bien que cette chanson est vraiment terrible, qu’elle raconte un crime épouvantable et tout comme Électre, sœur d’Oreste, accusera les assassins de son père Agamemnon, qui sont sa mère et l’amant de celle-ci, ici, Nelle accuse son père – que sous connaissons sous le nom d’Hans le Blême, de l’assassinat d’Hilbert. Elle le fait avec un grand sens du tragique et un courage fantastique. Car, très jeune encore, elle doit – elle pauvre fille – affronter l’arrogant cavalier, qui fait partie de la noblesse du comté et qui jusque-là, était de la suite du Bailli. En plus, elle doit le faire malgré le fait que sa mère Katheline, dans sa folie, veut à toute force protéger son amant ignoble. Et tout ce virulent débat se déroule sur la place publique du village, devant toute la population qui telle le chœur antique intervient dans le déroulement de la scène en criant « Justice ! Justice ! ».
Voyons ça, dit Lucien l’âne, et puis, tissons le linceul de ce vieux monde suicidaire, mortifère, injuste et cacochyme
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane