Le roi Philippe en Castille,
Comme il fit toute sa vie, prie.
Il rêve de purifier les Provinces Unies
Et par le fer et le feu, de liquider les hérésies.
Philippe assis durant des heures
Rêvasse à la Rome d’autrefois.
Il se voit empereur,
Il ne le sera pas.
Il veut l’Angleterre et la France,
Et aussi, Milan, Gênes et Venise.
Il veut être le maître l’Europe entière
Et du reste de la Terre.
Il songe, mais ne rit pas ;
Le vin ne le réchauffe pas,
Ni le perpétuel feu de bois
Qui brûle dans son âtre de roi.
Don Carlos, son fils, devait être parfait.
Il le découvre fou et contrefait,
Féroce, méchant et laid.
Il le jalouse, il le déteste, il le hait.
Tous à la cour savent ce souci royal,
Ce fils meurtrier et agile,
Ce père sournois et habile
Qui vivent de cadavres en l’Escurial.
Philippe accuse : haute trahison.
Don Carlos gît en prison,
Son goût prononcé des figues vertes
Bientôt cause sa perte.
Philippe vit d’envie en costume de velours,
Il connaît de l’amour
Les charmes volatils et les parfums lourds.
Sur la princesse d’Eboli, il tombe en vautour.
Don Carlos, Isabelle de Valois,
Le Prince d’Eboli, mari effacé,
Philippe les fait tous enterrer
Et triste vautour, il ne pleure pas.
Et les médecins royaux répètent doctement :
« Le sang a cessé de couler soudainement,
Le cœur a cessé de respirer,
Les fonctions de la vie ont cessé. »
Comme il fit toute sa vie, prie.
Il rêve de purifier les Provinces Unies
Et par le fer et le feu, de liquider les hérésies.
Philippe assis durant des heures
Rêvasse à la Rome d’autrefois.
Il se voit empereur,
Il ne le sera pas.
Il veut l’Angleterre et la France,
Et aussi, Milan, Gênes et Venise.
Il veut être le maître l’Europe entière
Et du reste de la Terre.
Il songe, mais ne rit pas ;
Le vin ne le réchauffe pas,
Ni le perpétuel feu de bois
Qui brûle dans son âtre de roi.
Don Carlos, son fils, devait être parfait.
Il le découvre fou et contrefait,
Féroce, méchant et laid.
Il le jalouse, il le déteste, il le hait.
Tous à la cour savent ce souci royal,
Ce fils meurtrier et agile,
Ce père sournois et habile
Qui vivent de cadavres en l’Escurial.
Philippe accuse : haute trahison.
Don Carlos gît en prison,
Son goût prononcé des figues vertes
Bientôt cause sa perte.
Philippe vit d’envie en costume de velours,
Il connaît de l’amour
Les charmes volatils et les parfums lourds.
Sur la princesse d’Eboli, il tombe en vautour.
Don Carlos, Isabelle de Valois,
Le Prince d’Eboli, mari effacé,
Philippe les fait tous enterrer
Et triste vautour, il ne pleure pas.
Et les médecins royaux répètent doctement :
« Le sang a cessé de couler soudainement,
Le cœur a cessé de respirer,
Les fonctions de la vie ont cessé. »
inviata da Marco Valdo M.I. - 2/7/2018 - 18:30
×
Chanson française – Le Vautour triste– Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 62
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXIV)
Il te souviendra, dit Marco Valdo M.I., qu’au début de cette épopée, il y avait la confrontation entre Till et Philippe. Elle traçait de façon indélébile le portrait mental et moral de ces deux personnages emblématiques : Till toujours rit ; Philippe toujours est maussade. Till fait des niches et zwanze ; Philippe se confit en dévotions. Ainsi en allait-il dès leurs enfances si dissemblables.
Je me souviens, dit Lucien l’âne, de ces garçons que le destin avait marqué et déjà alors les opposait avec une grande netteté. Déjà, Till jouait gentiment avec les belles et se jouait comiquement des moines ; c’était déjà un joyeux bonhomme. Philippe déjà arrachait les pattes et les ailes des mouches ; c’était déjà un méchant homme ; la noirceur tapissait déjà son cœur. Mais au fait, Marco Valdo M.I ;, pourquoi dis-tu ça ? Pourquoi me remémores-tu cette chanson des débuts ?
Bonne question, Lucien l’âne mon ami, et je m’en vas y répondre dans l’instant et répondre en même temps à ton interrogation sempiternelle à propos du titre des chansons. Simplement, cette chanson du Vautour triste évoque la personnalité de Philippe, roi d’Espagne et cette chanson lui est consacrée. Les deux mots « vautour » et « triste » ont chacun leur place nécessairement.
Ah, dit Lucien l’âne soudain tout hérissé des pois du dos, un vautour. Je n’aimerais pas en rencontrer, ni même, surtout même, en voir un qui tournerait dans le ciel au-dessus de moi, comme il en tournait un au-dessus du guerrier dans Le vautour de la Paix :
Et l’oiseau plus grand qu’une brebis,
Tournoie au-dessus de lui. »
C’est bien de cet oiseau qu’il est question, reprend ainsi Marco Valdo M.I., cet oiseau de malheur qui tournoie au-dessus de sa proie en attendant qu’elle meure. Dans le titre de la chanson, le deuxième mot triste le qualifie et les faits se conforment à sa personnalité profonde : le roi Philippe est un triste sire. Il est triste à perpétuité et il emporte partout une sombre et terne mélancolie, mais on le lui connaît aucune sympathie, aucune empathie. C’est un être vilainement constitué et malfaisant. C’est un sanguinaire, un assassin refoulé qui opère des crimes et ses meurtres par personnes interposées ; en son palais ou aux environs, il tue ses proches : son fils – Don Carlos, sa femme – Isabelle de Valois, le mari de celle qu’il convoite le prince d’Eboli et dans les pays sur lesquels il règne ou veut régner, il massacre : aux Pays-Bas, par l’entremise du duc d’Albe.
Que voilà un vilain oiseau !, dit Lucien l’âne. Je n’aimerais pas le rencontrer et il est heureux qu’il soit mort depuis longtemps. Cependant, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde envieux, lâche, sournois, meurtrier, sanguinaire et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane