En la ville, on ne comprend pas pourquoi
On détruit toutes les églises, toutes les chapelles ;
On prend tous les flambeaux, toutes les chandelles.
En criant « Vive le Gueux ! À bas le Roi ! »
Pourquoi les malconnus venus d’ailleurs,
La guenaille de la ville aussi,
Brisent la grille du chœur
Et tirent la Vierge hors de son nid.
Ils crient « Vive le Gueux ! » et avant minuit,
En l’église, tout est détruit :
Les autels, les images, les peintures,
Abattues les statues, brisées les serrures.
« Voyez, voyez », dit Till,
« Qui détruit, qui saccage. »
« Cherchez, cherchez », dit Till,
« À qui profite le pillage. »
« Larron pillard, gentil larron,
Gracieux vaurien, bélître stipendié,
Besogneux sicaire, montre-moi ta commission,
Misérable mercenaire, dis-moi qui t’a payé ! »
« Cave canem : prenez-garde au Chien rouge !
Cave canem : on a brisé le crucifix.
Cave canem : le crime est commis.
Cave canem : méfiez-vous du Chien rouge !
La moisson a mûri,
La moisson est mûre.
Les faucheurs arrivent aux Pays,
La désolation est sûre.
La mer monte, la mer de vengeance,
Le Duc, le Duc marche sur les Pays du Nord.
Fuyez filles, femmes, fuyez tous cette engeance !
Le père sema la mort, le fils fera pis encore.
Voici le temps des ruines et des souffrances.
Aux carrefours, sur les places poussent les potences.
Pauvres gens, pour la paix, il n’est plus l’heure,
Fuyez les bourreaux, fuyez les fossoyeurs. »
Till partout sonne l’alarme,
Lamme partout fait vacarme.
Par milliers avec leurs chariots chargés,
Les vieux, les jeunes, les enfants partent des cités.
On détruit toutes les églises, toutes les chapelles ;
On prend tous les flambeaux, toutes les chandelles.
En criant « Vive le Gueux ! À bas le Roi ! »
Pourquoi les malconnus venus d’ailleurs,
La guenaille de la ville aussi,
Brisent la grille du chœur
Et tirent la Vierge hors de son nid.
Ils crient « Vive le Gueux ! » et avant minuit,
En l’église, tout est détruit :
Les autels, les images, les peintures,
Abattues les statues, brisées les serrures.
« Voyez, voyez », dit Till,
« Qui détruit, qui saccage. »
« Cherchez, cherchez », dit Till,
« À qui profite le pillage. »
« Larron pillard, gentil larron,
Gracieux vaurien, bélître stipendié,
Besogneux sicaire, montre-moi ta commission,
Misérable mercenaire, dis-moi qui t’a payé ! »
« Cave canem : prenez-garde au Chien rouge !
Cave canem : on a brisé le crucifix.
Cave canem : le crime est commis.
Cave canem : méfiez-vous du Chien rouge !
La moisson a mûri,
La moisson est mûre.
Les faucheurs arrivent aux Pays,
La désolation est sûre.
La mer monte, la mer de vengeance,
Le Duc, le Duc marche sur les Pays du Nord.
Fuyez filles, femmes, fuyez tous cette engeance !
Le père sema la mort, le fils fera pis encore.
Voici le temps des ruines et des souffrances.
Aux carrefours, sur les places poussent les potences.
Pauvres gens, pour la paix, il n’est plus l’heure,
Fuyez les bourreaux, fuyez les fossoyeurs. »
Till partout sonne l’alarme,
Lamme partout fait vacarme.
Par milliers avec leurs chariots chargés,
Les vieux, les jeunes, les enfants partent des cités.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 14/5/2018 - 20:42
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Chanson française – Cave Canem ! – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 41
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, XV)
Tiens, Marco Valdo M.I. mon ami, j’ai comme l’impression que te voilà pris par le démon des séries, te voilà à faire des chansons littéralement à la queue leu-leu et la question qui me turlupine est de savoir jusque-z-où ? Jusque-z-à quand ?
Jusqu’où ? Jusqu’à quand ? Ça, Lucien l’âne mon ami, je le sais, tu le sais, tout le monde le sait ou peut le savoir en réfléchissant un instant : jusqu’à la fin de l’histoire telle qu’elle est contée par la Légende. Mais j’imagine que ça ne répond nullement à ton attente. À vrai dire, hors ça, je n’en sais rien, car à la vérité, ces chansons, je les fais au fur et à mesure et en quelque sorte, sur mesure ? j’avance page après page dans la légende et je ne sais pas trop ce que réserve la page suivante. Peut-être y aura-t-il de quoi faire une chanson, peut-être pas.
Je te comprends, Marco Valdo M.I. mon ami, car à chaque jour suffit sa peine et point n’est besoin d’avoir établi de grands plans pour savoir qu’il y faudra encore des semaines et des mois. Si j’ai bien compté, jusqu’ici, tu en as écrit une quarantaine et tu serais arrivé à peu près au milieu du gué.
Comme je te l’ai dit, répond Marco Valdo M.I., je n’en sais trop rien, parce que tout va dépendre de ce que le récit de Charles De Coster me permettra de faire. Par exemple, on y trouve de nombreuses anecdotes, venues tout droit du fonds des légendes allemandes du Moyen Âge. Des histoires où Till, Lamme et Nelle et Katheline et les autres vivent des scènes de la vie privée, des moments ordinaires, certes intéressants, mais qui n’apportent rien au récit de la lutte de Till contre l’Inquisition, l’occupant espagnol et l’intolérance, ni au récit de ses aventures comme porteur de l’esprit de liberté, au personnage de Till comme ludion de la raison, comme précurseur d’une humanité libérée des religions en tout genre.
Lors donc, procédons et parlons de ce Cave Canem ! qui m’intrigue beaucoup, dit Lucien l’âne. Si je n’ai pas oublié mon latin, ça voudrait dire « Prends garde au chien ! » ou « Attention au chien ! ».
Exactement, Lucien l’âne mon ami. Ce « Prends garde au chien ! », qui figurait en mosaïque devant la maison de patriciens romains, s’adresse au voyageur, au visiteur. Maintenant, on se contente d’un panneau plus prosaïque sur lequel il est écrit : Chien méchant. Toutes ces formulations conviennent pour la chanson, car le Cave Canem ! de la chanson met en garde contre le Chien rouge, contre ce Cardinal Granvelle, qui est à Bruxelles, l’âme damnée de Philippe II d’Espagne, l’homme fort de l’oppression et de la répression du mouvement de liberté qui secoue les Pays. Quant au Duc qui « marche sur les Pays du Nord », il s’agit de Fernando Álvarez de Toledo y Pimentel, connu sous le nom de Duc d’Albe – un Grand d’Espagne, celui-là, un personnage typique de la domination espagnole quand elle s’entête dans son orgueil et dans son catholicisme, quand elle se trouve confrontée à un vent de liberté et à une volonté d’indépendance.
Pour les détails, tout se trouve dans la chanson.
Je n’en demandais pas plus, Marco Valdo M.I. mon ami. J’en sais assez à présent et nous pouvons reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde obstiné borné, répressif, intolérant, religieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane