Tolérance, tolérance, tolérance,
Impie et scandaleuse impuissance !
Catholiques mollassons, moutons sans façons.
Âmes sans fierté, sans foi, sans passion.
Rendez-vous tout partout
Pour chasser les séides de Calvin.
Réveillez-vous ! Levez-vous !
Pourchassez les, les armes à la main :
Cuirasses, lances, hallebardes,
Épées, bragmarts et arbalètes ;
Bâtons, épieux et daguettes,
Fauconneaux, couleuvrines et bombardes.
Ces hérétiques sont pacifiques, dites vous,
Ces gens ne demandent que la liberté
De penser et de méditer,
Ils écoutent la parole divine, je m’en fous !
Quoi ? Vous êtes encore ici,
Vous n’êtes pas encore partis ?
Sus à tous ces damnés calvinistes
Sortez de la ville ! En piste !
Allez-vous laisser faire
Ces hérétiques pervers
Les laisser entrer en vos familles
Et tambouriner sur le ventre de vos filles ?
Ô, couards poltrons,
À quoi sert mon sermon,
Si tels des canards et des oies,
Vous cancanez, vous carcanez et vous n’agissez pas ?
Coqs et poules qui tremblez
Sur votre tas de fumier,
Il faut vous redresser
Et sans peur les catholiciser.
Honte sur vous ! Honte à vous !
Tous les diables de l’enfer
Au jour dernier, fondront sur vous
Dans une nue ardente de feu et de fer.
À ceux qui ont trahi l’Église
Aucune faute ne sera remise ;
La colère de Dieu est sans pitié
Pour ceux qui l’ont abandonné.
Impie et scandaleuse impuissance !
Catholiques mollassons, moutons sans façons.
Âmes sans fierté, sans foi, sans passion.
Rendez-vous tout partout
Pour chasser les séides de Calvin.
Réveillez-vous ! Levez-vous !
Pourchassez les, les armes à la main :
Cuirasses, lances, hallebardes,
Épées, bragmarts et arbalètes ;
Bâtons, épieux et daguettes,
Fauconneaux, couleuvrines et bombardes.
Ces hérétiques sont pacifiques, dites vous,
Ces gens ne demandent que la liberté
De penser et de méditer,
Ils écoutent la parole divine, je m’en fous !
Quoi ? Vous êtes encore ici,
Vous n’êtes pas encore partis ?
Sus à tous ces damnés calvinistes
Sortez de la ville ! En piste !
Allez-vous laisser faire
Ces hérétiques pervers
Les laisser entrer en vos familles
Et tambouriner sur le ventre de vos filles ?
Ô, couards poltrons,
À quoi sert mon sermon,
Si tels des canards et des oies,
Vous cancanez, vous carcanez et vous n’agissez pas ?
Coqs et poules qui tremblez
Sur votre tas de fumier,
Il faut vous redresser
Et sans peur les catholiciser.
Honte sur vous ! Honte à vous !
Tous les diables de l’enfer
Au jour dernier, fondront sur vous
Dans une nue ardente de feu et de fer.
À ceux qui ont trahi l’Église
Aucune faute ne sera remise ;
La colère de Dieu est sans pitié
Pour ceux qui l’ont abandonné.
inviata da Marco Valdo M.I. - 8/5/2018 - 22:09
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Chanson française – Honte sur vous !– Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 36
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, XI)
Donc, dit Marco Valdo M.I. du même ton du conteur, le Père Cornélis Adriaensen prêchait du haut de la chaire d’une des églises de Bruges qui en ce temps-là était encore un port de mer. Parmi ses auditeurs, il y avait Till et Lamme qui étaient entrés là par désœuvrement et disette, ne pouvant aller au cabaret, comme ils en avaient l’habitude. Le beau parleur était lancé avec une virulence rare dans une diatribe dénonciatrice où il s’en prenait pêle-mêle à tous les hérétiques : Luther, Calvin, Servet, à leurs disciples et même, aux adamites et aux libertins. Il rappelait à ses ouailles catholiques que Dieu exigeait la soumission à la Sainte Mère de Rome, c’est-à-dire à l’Église catholique, apostolique et romaine.
Oui, je me souviens très bien de cette envolée lyrique, dit Lucien l’âne en clignant de l’œil droit. Elle était assez drôle en son genre, quoique passablement inquiétante.
De fait, elle l’était, reprend Marco Valdo M.I., mais elle était seulement théorique et de ce fait, assez pacifique, si on la compare à ce qui suit et qui constitue la trame de la chanson « Honte à vous ! ».Et tant qu’à faire, réglons la question du titre qui toujours t’intrigue.
« Honte à vous ! » est un titre inhabituel, dit Lucien l’âne et d’ailleurs, je me demande à qui s’adresse cette invective.
Toute la question est là, rétorque Marco Valdo M.I., car, contrairement à ce que laisserait penser le début de son exorde, l’orateur ne s’adresse pas aux protestants et autres hérétiques et incroyants, mais aux catholiques eux-mêmes qu’il va copieusement engueuler ; c’est ici que le mot « sermonner » prend tout son sens. Le sermon passe de la critique et de l’insulte à l’appel au meurtre ; la chanson est nettement plus brutale et franchement, ostensiblement, assassine. Le prédicateur, frère mineur de son état ecclésiastique, n’y va pas avec la modération qu’on est en droit d’attendre d’un sermonneur, porteur patenté de la parole divine. Sans tergiverser, il appelle les catholiques à aller incontinent massacrer leurs frères, leurs voisins protestants, adamites et libertins, lesquels regroupent en fait les incroyants ou les athées, comme on voudra, vu que c’est la même chose. Et si le Père Adriaensen n’évoque pas d’autres espèces de croyants, c’est qu’il n’en a pas sous la main et s’il ne s’en prend pas aux juifs, c’est qu’il les a momentanément perdus de vue. Mais je suis sûr que si on lui posait la question, il nous confirmerait qu’il conviendrait d’appliquer la même médecine à tous ceux qui ne sont pas catholiques.
C’est assez binaire comme logique, dit Lucien l’âne. En quelque sorte, il appelle à la guerre sainte, chose que d’autres font à présent régulièrement de nos jours encore. Ce qui, à l’évidence, est une vilaine manie.
Certes, dit Marco Valdo M.I., mais à présent (et provisoirement, peut-on espérer quand comme nous on vit ici dans les pays de Till), ce ne sont plus les catholiques (qui se sont calmés), mais, partout dans le monde, des musulmans, des hindous ou que sais-je encore, car il y a tant de tueurs zélotes. Avant de te laisser découvrir tous les détails de l’ingénieuse proclamation cléricale, j’attirerai cependant ton attention sur le fait que la chanson commence par une condamnation sans appel de cette « tolérance », qui toujours a révulsé les partisans de l’ordre et de l’autorité, car au fond, cet ordre et cette autorité ne sont rien d’autre que le but de tout pouvoir, qu’il soit spirituel ou temporel :
« Tolérance, tolérance, tolérance,
Impie et scandaleuse impuissance ! »
Comme disait Voltaire, qui voyait les choses autrement :
« La tolérance n’a jamais excité de guerre civile ;
l’intolérance a couvert la terre de carnage. »
(Traité sur la tolérance, 1763).
Ainsi va le monde tel que je l’ai vu depuis les siècles que je le parcours, conclut Lucien l’âne. Quant à nous, reprenons notre tâche illimitée et tissons le linceul de ce vieux monde intolérant, fanatique, criminel, assassin, meurtrier et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane