Il y a bien longtemps,
Il y a mille deux cents ans,
À Aix, en Allemagne,
L’Empereur dit à son ministre :
La voix du peuple est sinistre,
Elle sent trop la campagne,
Elle couvre ma voix,
La voix du Roi.
Alcuin répondit à Charlemagne
Vox populi, vox Dei,
Semper insaniae proxima sit.
Voix du peuple, voix de Dieu, sic transit !
Se trouvent toujours proches de la folie.
Tant que le peuple croira,
La voix de Dieu sera celle du Roi,
L’Église y veillera !
Force reste à la Loi,
Media, Merda,
Et patati, et patata !
Merdi, merda et tralala !
Quand on a un parti, des sociétés,
On a des banquiers, des associés,
Des obligés, des électeurs,
Des avocats, des curateurs.
Tout ça n’est pas bien compliqué,
Quand on a compris la vie.
Il suffit de gérer
En bon père de famille.
Un club de football, c’est épatant ;
On peut y faire beaucoup d’argent.
Toujours à la limite de l’escroquerie,
L’équipe marque des buts et ne perd pas.
Media, Merda
Mensonges, faits déformés.
Et patati, et patata !
Merdi, media et tralala !
Le sommeil descend se coucher
Sur la pensée et les livres absents.
Turpitudes mégagalactiques, détails insignifiants.
Là-bas dans le palais, là-bas dans sa villa.
On finissait le repas.
L’alcool coulait à flots,
La musique dégoulinait en sirop.
À qui le tour ?, dit-il béat.
À moi, à moi !, crient les Vénus impatientes –
Ce sont là des dames bien méritantes,
On entend des gloussements, des rires obscènes,
On devine l’examen, on imagine la scène :
Les filles se démènent,
Les mains se promènent,
Dans le palais, là-bas,
Là-bas dans sa villa.
Et partout on l’entend,
Et partout, on le voit ;
Il se défend.
Regard fixe sur la caméra,
Il dément.
Media, Merda,
Et patati, et patata !
Merdi, media et tralala !
L’insecte insatiable
Se pose du l’État,
Il s’installe à la table
Et vide tous les plats
On ne réussit
Ni de jour, ni de nuit,
À chasser ce spectre louche,
Merda, cette importune mouche,
Grosse apparition bleue
Qui naît, croît et prospère,
Agite ses ailes et sa queue
Et d’un coup, tombe à terre.
Et patatras !
Vox de la folie,
Voix de l’escroquerie,
Media, Merda !
Et patati, et patata !
Merdi, media et tralala !
Media, Merda,
Et patati, et patatras !
Il y a mille deux cents ans,
À Aix, en Allemagne,
L’Empereur dit à son ministre :
La voix du peuple est sinistre,
Elle sent trop la campagne,
Elle couvre ma voix,
La voix du Roi.
Alcuin répondit à Charlemagne
Vox populi, vox Dei,
Semper insaniae proxima sit.
Voix du peuple, voix de Dieu, sic transit !
Se trouvent toujours proches de la folie.
Tant que le peuple croira,
La voix de Dieu sera celle du Roi,
L’Église y veillera !
Force reste à la Loi,
Media, Merda,
Et patati, et patata !
Merdi, merda et tralala !
Quand on a un parti, des sociétés,
On a des banquiers, des associés,
Des obligés, des électeurs,
Des avocats, des curateurs.
Tout ça n’est pas bien compliqué,
Quand on a compris la vie.
Il suffit de gérer
En bon père de famille.
Un club de football, c’est épatant ;
On peut y faire beaucoup d’argent.
Toujours à la limite de l’escroquerie,
L’équipe marque des buts et ne perd pas.
Media, Merda
Mensonges, faits déformés.
Et patati, et patata !
Merdi, media et tralala !
Le sommeil descend se coucher
Sur la pensée et les livres absents.
Turpitudes mégagalactiques, détails insignifiants.
Là-bas dans le palais, là-bas dans sa villa.
On finissait le repas.
L’alcool coulait à flots,
La musique dégoulinait en sirop.
À qui le tour ?, dit-il béat.
À moi, à moi !, crient les Vénus impatientes –
Ce sont là des dames bien méritantes,
On entend des gloussements, des rires obscènes,
On devine l’examen, on imagine la scène :
Les filles se démènent,
Les mains se promènent,
Dans le palais, là-bas,
Là-bas dans sa villa.
Et partout on l’entend,
Et partout, on le voit ;
Il se défend.
Regard fixe sur la caméra,
Il dément.
Media, Merda,
Et patati, et patata !
Merdi, media et tralala !
L’insecte insatiable
Se pose du l’État,
Il s’installe à la table
Et vide tous les plats
On ne réussit
Ni de jour, ni de nuit,
À chasser ce spectre louche,
Merda, cette importune mouche,
Grosse apparition bleue
Qui naît, croît et prospère,
Agite ses ailes et sa queue
Et d’un coup, tombe à terre.
Et patatras !
Vox de la folie,
Voix de l’escroquerie,
Media, Merda !
Et patati, et patata !
Merdi, media et tralala !
Media, Merda,
Et patati, et patatras !
inviata da Marco Valdo M.I. - 16/2/2018 - 21:14
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Chanson française – La Leçon d’Alcuin (Vox Media 2018)– Marco Valdo M.I. – 2018
Voici, Lucien l’âne mon ami, une revisitation de Vox Media, une chanson de 2010. Je l’ai refaite presque entièrement compte tenu de certains développements actuels. Tu devineras bien lesquels. Par ailleurs, j’ai conservé une grande partie du dialogue ; j’ai laissé ces passages tels quels au sein du dialogue actuel.
Vox Media, dit Lucien l’âne, que veux-tu dire par là ? Entends-tu signifier une voix, car vox, si je me souviens bien, veut dire voix en latin, donc, une voix moyenne, une voix du milieu ou une voix dont le nom serait Media.
Ce serait plutôt dans ce dernier sens qu’il faut aller, mon ami Lucien l’âne. Media est une sorte de nom international qui désigne les moyens de diffusion – et non de communication, comme certains essayent de le faire croire. On diffuse, un point, c’est tout. Juste un mot à ce sujet : pour qu’il y ait communication, il faut qu’il y ait une voie à double sens, un aller-retour, une expression et une réponse et de surcroît entre deux parties égales. On est loin du fonctionnement des médias où il y a d’un côté, un diffuseur, une voix massive, forte, puissante et unilatérale et de l’autre, des récepteurs minuscules, atomisés et sans voix – une partie qui seule a le droit de parler ; de l’autre, celle qui a le devoir de rester muette. Je te laisse deviner qui détient le pouvoir et dans quelle mesure ce pouvoir est discrétionnaire. C’est donc bien de la Voix des Médias qu’il s’agit ici et tu devines bien également pourquoi la canzone parle aussi de Vox Merda. Pour le reste, tu découvriras par toi-même quels sont les méandres de la méditation de notre prisonnier. C’est une réflexion sur le pouvoir. Tu verras qu’il est question aussi de la grosse mouche bleue qui s’appelle Merda.
Oh ! Les mouches, je ne les supporte pas. Surtout, les taons et les grosses mouches bleues qu’on appelle chez nous les mouches à merde. Tiens, Marco Valdo M.I., je ne sais si c’est intentionnel, mais la canzone me rappelle un auteur de pièces de théâtre grec, le dénommé Aristophane, qui faisait dans la satire et avait écrit une histoire où il était également question d’un stercoraire, d’un bouseux mangeur de merde. Un cousin de Merda, la mouche bleue qu’on voit sur tous les écrans de télévision et les premières pages des journaux, entourée de son essaim de gardes du corps. Une vraie marionnette, celui-là.
Plus sérieusement, et pour en revenir à la Vox Media, c’est un instrument de pouvoir redoutable en ce que, vois-tu Lucien l’âne, mon ami, les humains sont crédules et terriblement influençables.
Mais la canzone n’est pas aussi éthérée qu’on pourrait l’imaginer. Elle ne vole pas que par les ondes, elle est aussi incarnée dans un personnage particulier, celui qui détient le « pouvoir ». Au début de cette histoire, on trouve Charlemagne et cette réflexion d’Alcuin, qui fut son ami, son conseiller et son ambassadeur qui disait : « Vox populi, vox Dei » ; ce que l’Empereur n’eut de cesse d’inverser, comme le feront tous les potentats afin de mieux tenir les rênes de l’équipage. Voilà pour la théorie.
Ensuite, la chanson évoque un cas contemporain hautement exemplatif ; il s’agit de Silvio B. qui fut un temps président du Conseil des ministres en Italie, tout en restant le patron de médias privés et d’un club de football.
Il fut aussi, comme sans doute, tu en as eu écho, un grand consommateur de demoiselles, plus ou moins tendres, à qui il offrait de se faire voir sur ses écrans ; certaines même eurent droit à des postes en vue sur la scène politique. Souviens-toi, je t’avais déjà parlé de George Orwell et de sa mise en garde : « Big Brother is watching you ! », que dans ce cas-ci, on pourrait traduire par « Papi vous regarde ! » et vous montre (offre de voir, faut-il dire) toutes ces belles personnes et leurs avantages.
Comme disait Boby Lapointe : Davantage d’avantages avantagent davantage, dit Lucien l’âne en riant de tout son piano. À propos, Marco Valdo M.I. mon ami, ton personnage a fait des émules et il en est un qui s’illustre à la tête d’un des pays les plus puissants du monde. Il n’est pas le seul, d’ailleurs. Il est vrai que le pouvoir corrompt celui qui s’y frotte et ceux ou celles qui l’approchent et cette corruption n’est pas un phénomène extérieur, elle atteint la personne jusqu’au plus profond de sa personnalité. Cependant, je te l’accorde, cet aspect moral et individuel n’inquiète pas beaucoup ceux que la corruption touche.
Mais tu sais, Lucien mon ami l’âne, peu importe le guignol au pouvoir. En fait, détenir la Vox Media est une arme formidable dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d’accroître leurs richesses, leurs privilèges et leur pouvoir. Vox Media, Vox Merda. C’est la voix de ce monde cacochyme et puant. Nous creuserons sa fosse et nous lui tisserons un linceul à sa mesure.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane