On m’avait dit surtout
Il faut un plan détaillé
Et dire où on veut aller.
On part de Moscou,
Après, il y a toute la Russie
Avec ses villes et ses villages,
Toute l’Union soviétique
En Europe et en Asie
Avec ses routes et ses paysages,
Ses seize républiques,
Ses territoires si grands,
Nord, Sud, Occident, Orient,
Enfin, tout. Mais où ?
Faut-il aller partout ? Jusqu’où ?
On ne sait que penser :
Par quel bout commencer ?
Que laisser de côté ?
On est dérouté,
On ne sait pas,
Qu’en dépit des détours,
Un voyage commence toujours
Par un premier pas.
On pense aux gens,
Le monde est vivant
On pense aux choses,
Tout est si différent.
On veut tout voir.
Mais choisir ?
Choisir, quelle histoire !
J’ai tous les désirs.
Se perdre dans l’infini
Des plaines à perdre la vue,
Déambuler dans les rues,
Sur les places à midi
Quand le soleil danse
Dans le ciel immense
Et en écoutant ses pas
Marcher encore à minuit.
On oublie parfois,
Qu’en dépit des détours,
Un voyage commence toujours
Par un premier pas.
Un plan est une chose terrible
Moi, je choisis tout
En un mois, c’est pas beaucoup
Un plan, mission impossible.
Dès demain, allons au hasard,
Où mèneront les trains, où seront les gares,
Demain, on part.
En un mois, il faut tout voir :
Les maisons, les usines, les écoles,
Avec les gens et les enfants dedans
Les paysans, les artisans, les artistes
Les ouvriers, les marins, les savants
Les hôpitaux, les fermes, les champs
Les journaux, les théâtres, les cinémas
Cordial, un peu sourd, gentil, limpide,
Aux accents grands russes de sa voix profonde
En riant aux éclats,
Mon ami me dit tout bas :
Et surtout, n’oubliez pas,
Qu’en dépit des détours,
Un voyage commence toujours
Par un premier pas.
Il faut un plan détaillé
Et dire où on veut aller.
On part de Moscou,
Après, il y a toute la Russie
Avec ses villes et ses villages,
Toute l’Union soviétique
En Europe et en Asie
Avec ses routes et ses paysages,
Ses seize républiques,
Ses territoires si grands,
Nord, Sud, Occident, Orient,
Enfin, tout. Mais où ?
Faut-il aller partout ? Jusqu’où ?
On ne sait que penser :
Par quel bout commencer ?
Que laisser de côté ?
On est dérouté,
On ne sait pas,
Qu’en dépit des détours,
Un voyage commence toujours
Par un premier pas.
On pense aux gens,
Le monde est vivant
On pense aux choses,
Tout est si différent.
On veut tout voir.
Mais choisir ?
Choisir, quelle histoire !
J’ai tous les désirs.
Se perdre dans l’infini
Des plaines à perdre la vue,
Déambuler dans les rues,
Sur les places à midi
Quand le soleil danse
Dans le ciel immense
Et en écoutant ses pas
Marcher encore à minuit.
On oublie parfois,
Qu’en dépit des détours,
Un voyage commence toujours
Par un premier pas.
Un plan est une chose terrible
Moi, je choisis tout
En un mois, c’est pas beaucoup
Un plan, mission impossible.
Dès demain, allons au hasard,
Où mèneront les trains, où seront les gares,
Demain, on part.
En un mois, il faut tout voir :
Les maisons, les usines, les écoles,
Avec les gens et les enfants dedans
Les paysans, les artisans, les artistes
Les ouvriers, les marins, les savants
Les hôpitaux, les fermes, les champs
Les journaux, les théâtres, les cinémas
Cordial, un peu sourd, gentil, limpide,
Aux accents grands russes de sa voix profonde
En riant aux éclats,
Mon ami me dit tout bas :
Et surtout, n’oubliez pas,
Qu’en dépit des détours,
Un voyage commence toujours
Par un premier pas.
inviata da Marco Valdo M.I. - 9/9/2017 - 23:18
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Chanson française – Le Voyage en Russie – Marco Valdo M.I. – 2017
Canzone léviane tirée de « Il futuro ha un cuore antico » de Carlo Levi.
Les voyages ont toujours titillé l’imagination, la curiosité; l’ailleurs, l’autre, le différent, l’étranger, l’étrange m’ont toujours fasciné, dit Marco Valdo M.I.
Moi aussi, dit l’âne, j’ai toujours aimé aller ailleurs, aller voir plus loin, rencontrer d’autres paysages, d’autres ânes, d’autres gens, d’autres herbes. J’ai toujours aimé voir le soleil se lever de l’autre côté de la montagne. J’aime aller dans les villages, j’aime voir les pays inconnus et marcher sur des chemins ancestraux ou sur les routes qu’ont chantés les aèdes.
Fort bien, dit Marco Valdo M.I, et depuis les temps reculés où tu es en route, tu as eu le temps d’en voir du pays ; mais, dis-moi, Lucien l’âne mon ami, que sais-tu de la Russie et des grands espaces de là-bas ? Que sais-tu de la nuit quand elle tombe sur la Mer Blanche ou sur la Mer Noire et de ce grand soleil d’été qui sur la plaine sibérienne ne se couche presque plus ?
Rien , dit l’âne, mais j’aimerais bien.
Et toi, que sais-tu de tous ces gens qui vivent là-bas, demande l’âne.
Rien, dit Marco Valdo M.I. Ça ne m’empêche pas de faire une chanson sur un voyage en Russie ; c’est une chanson (c’est encore une chanson léviane) qui chante l’angoisse du voyageur devant l’immensité du voyage que propose la Russie – à l’époque encore partie, mais partie maîtresse, de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (en abrégé : U.R.S.S.) ; un voyageur (en l’occurrence, Carlo Levi) est invité à faire ce périple dans les meilleures conditions sur la foi de sa réputation d’écrivain et de journaliste, à parcourir le pays en long et en large – aux frais de la princesse – pendant un mois.
Oh, dit Lucien l’âne, ce n’était pas donné à tout le monde. Est-ce qu’on t’a invité, toi, dans telles conditions ?
Eh bien, pour répondre à ta question, Lucien l’âne mon ami, j’avais un ami qui en ce temps-là avait reçu pareille invitation, mais en ce temps-là, lui aussi, il exerçait l’honorable profession de journaliste. Mais pour des raisons personnelles, il avait refusé cette invitation. C’était d’ailleurs une pratique courante d’inviter des journalistes ou des écrivains ; en fait, c’est une des formes les plus fréquentes de la propagande ou de la promotion touristique, une forme de relations publiques à l’échelle d’un pays, d’une région, d’une ville.
Mais le cas de Carlo Levi est différent, car il n’était pas homme à se laisser conter des balivernes. Il a d’ailleurs fait d’autres voyages du genre en Inde, en Chine, en Allemagne et aux États-Unis dont il a rendu compte dans des articles ou des livres entiers. Personne ne pouvait s’attendre de sa part à trop de complaisance. Ceci dit, sa façon d’aborder le voyage est reprise dans la chanson ; c’est même le thème central de celle-ci. En fait, la chanson ne parle que de la façon dont le voyageur envisage le voyage avant son départ. Comme ce fut le cas dans le réel, le voyageur explique à son accompagnateur-interprète (dans le cas de Levi, il s’agit de son traducteur, de celui qui a traduit ses romans en russe et notamment, Cristò si è fermato a Eboli – Le Christ s’est arrêté à Eboli) ce qu’il attend du voyage, ce qu’il veut voir, dans le livre qui raconte cette épopée, car c’en fut une, il est intéressant de noter que Carlo Levi, grand lecteur et connaisseur de Dante, appelle Virgile – il dit « mon Virgile » des dizaines de fois, sinon des centaines – ce guide qui fera tout le voyage avec lui, comme celui qui accompagne Dante dans son voyage aux enfers.
Arrête, Marco Valdo M.I. mon ami, sinon tu vas nous servir un cours sur Carlo Levi et tous ses écrits. Je sais que tu es capable de le faire, mais ce n’est pas le lieu, il n’y a pas la place pour un pareil discours.
Une dernière chose cependant, Lucien l’âne mon ami, j’y tiens. Il me paraît valoir la peine de faire ressortir combien la façon dont Carlo Levi envisage le voyage s’éloigne de celle que développe l’industrie touristique qui ronge notre monde et qui pratique allègrement une sorte de colonialisme touristique en débarquant dans des endroits réservés et préservés des millions de colons intermittents et en forçant les populations locales à se comporter en esclaves serviles.
On ne peut nier pareille dérive, mais là aussi, il y faudrait un développement. Cependant, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde malade du tourisme, perclus de suffisance, atteint d’obésité et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane