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Canto degl’inquilini

Angelo Galli
Langue: italien


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La Guerre de Cent mille ans
(Marco Valdo M.I.)
Ballata per un ferroviere
(Gruppo sei Genova)


Canto degl’inquilini, dedicato agli sfruttati
(da cantarsi sulla musica dell’Inno a Garibaldi).
ANGELO GALLI - 1906
tratto del
GRIDO DELLA FOLLA, dal N. 26. Anno IV. MILANO, 29 GIUGNO 1906.

Angelo Galli
Si schiudon le porte, si levano armati
del nuovo diritto gli stanchi sfruttati,
E, strett' in un fascio, ricordan la storia, l’amor,
la vittoria - d’Italia e l’onor.

Le case d’Italia son fatte per noi -
gridavan, pugnando, morendo, gli eroi
che misero in fuga gl’ingordi stranieri.
Tu allora dov’eri, - panciuto signor ?

Va’ fuorti di casa, va’ fuori, padrone ;
A te la pigione - nessun pagherà.

Moriron quei forti, restaron le case,
fuggi lo straniero, ma il ladro rimase,
e, tristo padrone, scordando gli eroi.
pretese da noi - piu cara pigion.
Non pagan le belve, non pagan gli augelli,
non pagano i pesci, e noi, noi ribelli,
pagarti dobbiamo la decima odiata,
la taglia infamata, - crudele padron ?

Va’ fuorti di casa, va’ fuori, padrone ;
A te la pigione - nessun pagherà.

Ai nostri fanciulli negasti ricetto :
per te senza pane, per te senza tetto
sarebbero e ignudi, per te, nella via,
a dirne qual sia - dei ricchi l’altar.
Da secoli forse ti fù già pagato
il fosco tugurio da te appigionato,
l’angusta officina, la casa modesta ;
ma il popol si desta - nè vuol piu pagar.

Va’ fuorti di casa, va’ fuori, padrone ;
A te la pigione - nessun pagherà.

E vero : gli artieri che avean fabbricate
le case, che sfrutti, tu pur l’hai pagate ;
ma solo una volta, fornito il lavora
he (rutta tesoro - crescente ognor più.
Ma forti noi siamo del nostro diritto,
beffardo padrone : "pagarti è delitto ;
va’, somma per bene le avute pigioni
vedrai che i padroni - siam noi, non sei tu.

Va’ fuorti di casa, va’ fuori, padrone ;
A te la pigione - nessun pagherà.

Va’, computa pure la manutensione,
gli affitti perduti, le imposte, o padrone ;
a conti ben fatti, vedrai pigionali
che, come animali, - lavoran per te
Il suolo usurpato su cui fabbricasti,
il dritto di gente sfruttata scordasti,
nel fare i tuoi conti, pensando ch’eterno
durasse il governo - del papa, del re.

Va’ fuorti di casa, va’ fuori, padrone ;
A te la pigione - nessun pagherà.

La terra è di tutti : quel suolo usurpato.
sia pure dagli avi venduto, comprato,
ritorni per dritto, per mille ragioni,
ai primi padroni - e a noi tornera.

Siam noi la tua forza, siam noi gl’inquilini
ch’empiemmo il tuo scrigno di tanti quattrini ;
siam noi che facciamo la guardia alla banca
e il pane ci manca ; - chi mai non lo sa ?

Va’ fuorti di casa, va’ fuori, padrone ;
A te la pigione - nessun pagherà.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 9/1/2016 - 22:09



Langue: français

Version française – LE CHANT DES LOCATAIRES – Marco Valdo M.I. – 2016
(À chanter sur la musique de l’hymne à Garibaldi).

Chanson italienne - CANTO DEGL’INQUILINI, DEDICATO AGLI SFRUTTATI – ANGELO GALLI - 1906
(Da cantarsi sulla musica dell’inno a Garibaldi).

Il y a parfois de ces choses étranges et parfois surprenantes, de stupéfiants détours qui nous entraînent en des lieux inconnus, à découvrir de magnifiques raretés. C’est un des charmes de cette aventure d’errance dans le labyrinthe des chansons. Et c’est ce qui m’est advenu l’autre soir en cherchant des renseignements à propos de l’anarchiste Galli, dont Carlo Carrà fit en 1911 un tableau (depuis lors devenu célèbre) qui représentait ses funérailles. J’ai été amené à cette découverte – une merveilleuse rareté – en faisant la version française de la « Ballata per un ferroviere » (LA BALLADE DU CHEMINOT) Ballata per un ferroviere.

« I funerali dell’anarchico Galli »
« I funerali dell’anarchico Galli »


Je me souviens très bien de cela et du tableau d’Enrico Baj, qui illustre notre discussion, notre dialogue, prétexte à mille supputations et à d’infinies digressions de ta part.

Soit, je digresse, mais en cela j’ai de grands prédécesseurs, à commencer par Lucien. J’y ajouterais Cervantès, Rabelais, Montaigne, Sterne (surtout), Diderot, Voltaire, Günter Grass et sans doute bien d’autres. À propos de digression, en voici une qui m’a tout l’air d’être née de cette maïeutique qui nous est propre. Je m’explique. La « Ballade du Cheminot » nous a conduits à considérer le destin de Giuseppe Pinelli ; arrivé là, je voulais (et j’y tiens assez) illustrer notre réflexion par une image, j’ai trouvé pour ce faire le tableau d’Enrico Baj dont le titre était pour moi un véritable signal, qui me renvoyait bien des années en arrière. « I funerali dell’anarchico Pinelli », ce titre était pour moi éclairant de ce que pensait Enrico Baj à propos de la mort de Pinelli. En choisissant ce titre pour son tableau, plutôt inspiré du Guernica de Picasso, il signifiait qu’il était persuadé que Pinelli avait été suicidé lors de son séjour à la questure de Milan. Ce tableau m’apparaissait immédiatement comme une accusation de 36 m².

Mais Marco Valdo M.I., comment peux-tu prétendre ça ? Tu en as parlé à Enrico Baj ?

Absolument pas. Mais le titre renvoyait à cet autre tableau qui portait au nom près le même titre : « I funerali dell’anarchico Galli » et donc, à la mort d’Angelo Galli, qui avait été assassiné par un sbire. Par parenthèse, il existe aussi une musique expérimentale de Massimo Croce qui s’intitule de la même façon : « I funerali dell’anarchico Galli ». J’en viens maintenant à la rareté dont je te parlais en commençant. Dès le moment où je me suis intéressé à la vie d’Angelo Galli, à chercher des éléments le concernant, sa photo, par exemple. C’est en faisant cette recherche que j’ai trouvé une carte postale où figuraient la photo de Galli et une chanson qu’il avait écrite et qui avait été publiée peu après sa mort dans le journal « Grido della Folla » (« Cri de la foule ») du 29 juin 1906. C’est cette chanson, la rareté que je propose. C’est une chanson typiquement anarchiste, car elle s’en prend avec virulence aux propriétaires. Souviens-toi de Pierre-Joseph Proudhon qui disait : « La propriété, c’est le vol ». C’est le thème de la chanson dont le titre est sans équivoque : « Chant des locataires, dédié aux exploités ». Je te laisse découvrir le détail, mais grosso modo, elle dit que par les loyers, les locataires, surtout quand il s’agit de gens pauvres et de logements miteux, travaillent pour entretenir les propriétaires.

C’est, en effet, souvent le cas, dit Lucien l’âne en se raidissant.

C’est souvent le cas, en effet. Mais la chanson de Galli ne fait pas que dénoncer les infâmes pratiques des propriétaires, elle revendique également que, puisque les maisons sont payées par les locataires, elles leur reviennent de plein droit. « Les maisons sont à nous », tel aurait pu être le titre de la chanson.

En fait, on est pile-poil au cœur d’une des formes de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants (et les propriétaires) font aux pauvres afin d’étendre leurs propriétés, d’accroître leur fortune, de renforcer leur domination et de parfaire l’exploitation. Cela dit, voyons donc la chanson et ensuite, comme elle, comme Angelo Galli, comme Enrico Baj, tissons le linceul de ce vieux monde propriétaire, voleur, menteur, tricheur, exploiteur, criminel et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
LE CHANT DES LOCATAIRES, DÉDIÉ AUX EXPLOITÉS

Les portes s’ouvrent, les exploités fatigués,
De leur nouveau droit se lèvent armés
Et, serrés en un faisceau, rappellent l’histoire
L’amour, l’honneur – de l’Italie et la victoire.

Les maisons d’Italie sont faites pour nous
Criaient, en combattant, en mourant, les héros
Qui mirent en fuite les insatiables étrangers.
Seigneur pansu, où étais-tu alors ?

Dehors, propriétaire, sors de chez moi ;
À toi le loyer – personne ne payera.

Ces forts mourront, resteront les demeures,
L’étranger fuit, mais le voleur est resté,
Et, oubliant les héros, triste propriétaire,
Il exige de nous – un loyer plus élevé.

Les bêtes ne payent pas, les oiseaux ne payent pas,
Les poissons ne payent pas,
Et nous, nous rebelles devons te payer la dîme haïssable,
L’infâme tribut – cruel propriétaire ?

Dehors, propriétaire, sors de chez moi ;
À toi le loyer – personne ne payera.
À nos enfants, tu refuses un abri :
Par toi sans pain, par toi sans-logis
Ils seraient nus, et par toi, dans la rue,
Pour dire ce qu’elle est – l’autel des riches.

Depuis des siècles peut-être te fut déjà payé
Le sombre taudis par toi mis e location,
L’étroit atelier, la modeste maison,
Mais le peuple se rebiffe – il ne veut plus payer.

Dehors, propriétaire, sors de chez moi ;
À toi le loyer – personne ne payera.

C’est vrai : les artisans qui avaient fabriqué
Les maisons que tu exploites, tu les as sans doute payés ;
Mais seulement une fois, le travail fourni
Qui créa ton trésor – croissant toujours plus.
Mais nous sommes forts de notre droit,
Cynique propriétaire : « Te payer est un délit ;
Allons, totalise bien les loyers reçus
Tu verras que les propriétaires – c’est nous, ce n’est pas toi.

Dehors, propriétaire, sors de chez moi ;
À toi le loyer – personne ne payera.

Allons, calcule aussi les entretiens,
Les locations perdues, les impôts, ô propriétaire ;
Les comptes bien faits, tu verras que les locataires
Comme des animaux, travaillent pour toi
Le sol usurpé sur lequel tu bâtis,
Le droit de gens exploités que tu omis,
En faisant tes comptes, pensant bien
qu’éternel serait le gouvernement – du pape, du roi.

Dehors, propriétaire, sors de chez moi ;
À toi le loyer – personne ne payera.

La terre est à tous : ce sol usurpé.
Qu’il soit même vendu par des aïeux ou acheté,
Pour mille raisons, revient de droit,
Aux premiers propriétaires – et à nous reviendra.
C’est nous ta force, c’est nous les locataires
Qui emplissons ton coffre de tant de sous ;
C’est nous qui montons la garde à ta banque
Et le pain nous manque ; – qui ne le sait pas déjà ?

Dehors, propriétaire, sors de chez moi ;
À toi le loyer – personne ne payera.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 9/1/2016 - 22:31




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