À l'Histoire, il n'y a pas d'échappatoire !
L'Histoire, c'est toute une histoire ;
Mais l'Histoire, Matthias, ne se soucie pas de toi,
L’Histoire ne te connaît pas.
Le sergent-recruteur, lui, se souvient de toi.
Longtemps après, il te retrouvera.
Matĕj, Matthias, Mathieu le déserteur,
Cache-toi dans le trou du souffleur.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Faust, mon cher Faust, regarde-moi !
Arlecchina, je te reconnais, c'est bien toi :
Ces épaules nues, ce corps dans la soie.
Suc de pavot, mon rêve, Arlecchina.
Oh, Pollo Sevastiano, je suis ta mie
Tu parles tchèque, n'est-ce pas ?
Was ist Leben ? Qu'est-donc la vie ?
À quoi peut bien rimer tout ça ?
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Finalement, on jouera Don Juan
Et toi, Meister Sevastiano, conseiller in teatro,
Tu seras le Commandeur, nu sur un monument ;
Un beau rôle, un grand numéro.
Compris, Luigi, une statue ne porte pas de caleçon
Et ne t'avise pas de choir. Patatras, trop tard !
Elle rit, la Gräfin au sang de poisson.
Bravo ! Bravo, ballerino ! Ton dernier soir.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Sevastiano est viré. Huit florins dans la main.
Finie la vie de château, il faut s'exiler.
Pluie, pluie, averses, septembre a commencé.
Arlecchina, ma colombe, où coucher, demain ?
L'auberge, mauvais lieu, trop de soldats.
Le galonné te reluque tout le temps.
Hauptmann Benda, officier du régiment.
Fuis, Arlequin déserteur, cache-toi.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Chez les moines, la prière
À voix haute, le pater
Et le bénédicité, deux fois
Le lait ne refroidira pas.
Arlecchino, encore toi, mécréant!
Garde-moi en cellule, notre Père !
Au couvent, tout l'hiver.
Dans les champs, au printemps.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
L'Histoire, c'est toute une histoire ;
Mais l'Histoire, Matthias, ne se soucie pas de toi,
L’Histoire ne te connaît pas.
Le sergent-recruteur, lui, se souvient de toi.
Longtemps après, il te retrouvera.
Matĕj, Matthias, Mathieu le déserteur,
Cache-toi dans le trou du souffleur.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Faust, mon cher Faust, regarde-moi !
Arlecchina, je te reconnais, c'est bien toi :
Ces épaules nues, ce corps dans la soie.
Suc de pavot, mon rêve, Arlecchina.
Oh, Pollo Sevastiano, je suis ta mie
Tu parles tchèque, n'est-ce pas ?
Was ist Leben ? Qu'est-donc la vie ?
À quoi peut bien rimer tout ça ?
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Finalement, on jouera Don Juan
Et toi, Meister Sevastiano, conseiller in teatro,
Tu seras le Commandeur, nu sur un monument ;
Un beau rôle, un grand numéro.
Compris, Luigi, une statue ne porte pas de caleçon
Et ne t'avise pas de choir. Patatras, trop tard !
Elle rit, la Gräfin au sang de poisson.
Bravo ! Bravo, ballerino ! Ton dernier soir.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Sevastiano est viré. Huit florins dans la main.
Finie la vie de château, il faut s'exiler.
Pluie, pluie, averses, septembre a commencé.
Arlecchina, ma colombe, où coucher, demain ?
L'auberge, mauvais lieu, trop de soldats.
Le galonné te reluque tout le temps.
Hauptmann Benda, officier du régiment.
Fuis, Arlequin déserteur, cache-toi.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Chez les moines, la prière
À voix haute, le pater
Et le bénédicité, deux fois
Le lait ne refroidira pas.
Arlecchino, encore toi, mécréant!
Garde-moi en cellule, notre Père !
Au couvent, tout l'hiver.
Dans les champs, au printemps.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
inviata da Marco Valdo M.I. - 8/5/2015 - 22:47
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Chanson française – Une statue ne porte pas de caleçon – Marco Valdo M.I. – 2015
ARLEQUIN AMOUREUX – 6
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
L'histoire de notre Arlequin déserteur, alias Matĕj, Matthias, Mathieu est assez tortueuse ; il te souviendra, Lucien l'âne mon ami, que notre « héros » s'était confié à la comtesse Franziska qui l'avait dissuadé de repartir et l'avait recommandé comme dramaturge à son époux le comte Wallenstein, qui rentrait de Vienne.
Certes, je m'en souviens fort bien. Et si j'ai bien compris, d'un certain côté, c'était une bonne nouvelle. Il me semble comprendre que la comtesse lui voulait plutôt du bien.
En effet, et le comte qui aimerait inauguré son nouveau théâtre, a ramené de Vienne deux pièces qu'il entend faire jouer au château. Il est très ravi d'avoir enfin un conseiller in teatro, censément napolitain. Voilà notre Arlequin invité à mettre en scène un Don Juan, dans lequel, après discussions, lui qui se voyait en Sganarelle, se retrouve à jouer le rôle de la « statue du Commandeur ». Ce Commandeur est un être d'outre-tombe. Personnage austère, pétrifié et terrifiant. Un rôle qui ne convient pas du tout à notre Matthias qui doit rester immobile sur un piédestal durant tout le dernier acte et le comte estimant qu'une statue ne porte pas de caleçon, exige qu'il joue nu seulement enveloppé d'un grand tissu. D'où le titre.
Je me demandais bien d'où pouvait venir un titre aussi étrange. Me voilà fixé. Cela dit, il me semble que cela augure un dénouement comique....
Tu dis juste, Lucien l'âne mon ami. Le rôle de notre ami est – en théorie – fort simple. Il suffit de conserver une immobilité de pierre en se tenant raide sur un piédestal. Mais le piédestal est branlant et la statue respire. De plus, le clown qui sommeille toujours dans notre Arlecchino ne peut s'empêcher de loucher, de faire des grimaces, pour faire rire (en catimini) le public. Et ça marche. Le drame, c'est que le dit-public s'intéresse plus aux fantaisies du Commandeur qu'aux tirades du Comte. Et puis éclatent des fou-rires.
C'est mal parti…
Et pire encore, ensuite, le Commandeur comme il se doit invité au festin par Don Juan, prend des libertés avec la pièce ; il refuse de manger et le dit même en tchèque – langue qu'Arlequin-Sevastiano, conseiller in teatro, est censé ignorer, lui qui se dit originaire de Naples, manière comme une autre, de se camoufler. Finalement, le piédestal s'effondre et Arlequin se retrouve tout nu, à quatre pattes sur la scène, montrant au public son cul… Bref, une catastrophe. Et forcément, c'est le renvoi. Huit florins et dehors.
Je trouve que le comte est encore généreux. Quand même, huit florins, c'est beaucoup d'argent. Matthias Sevastiano a de quoi se retourner...
De fait, il se rend à l'auberge et se paie un bon repas et à boire. Mais manque de chance, l'auberge est remplie de soldats de son régiment (celui dont il a déserté) et le capitaine Benda reconnaît le déserteur, qui n'a que le temps de fuir dans la nuit et se réfugier au couvent. Il s'y colle pour l'hiver, attendant là le printemps pour reprendre son errance… Et à nouveau, fuir, fuir loin de ce régiment.
Et bien, il n'a pas de chance notre ami Arlequin. Il semble ne jamais pouvoir trouver la paix.
Non, il ne peut pas. D'une part, car telle est sa vie, son destin. Mais il doit aussi beaucoup – cette fois en tout cas – à son tempérament farceur, à son penchant pour le comique. En cela, remarque, il est tchèque. Tout se complique quand son déguisement tombe, quand il est mis à nu… Là, le déserteur n'a plus qu'une voie de salut : la fuite.
Ce doit être terrible d'être comme ça tout le temps sous l'emprise de la peur d'être reconnu, de devoir tout le temps se cacher, de ne pouvoir être soi-même…
C'est, en effet, très difficile à vivre cette fausse vie, faux papiers, faux nom. Ne même pas pouvoir utiliser sa propre langue dans son propre pays… Et toujours cette menace d'être reconnu. Et cette fois, il l'est et c'est la fuite éperdue.
Allons, voyons voir ce qu'il en est et puis, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde où nous vivons si lourd, si méfiant, si sécurisé, si contrôlé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane