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La pêche à la baleine

Jacques Prévert
Langue: français


Jacques Prévert

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[193?]
Versi di Jacques Prévert, nella raccolta “Paroles” pubblicata nel 1946.
Musica di Joseph Kosma (1905-1969), celeberrimo compositore francese di origine ungherese.

Prévert / Kosma, 21 Chansons

Interpretata da diversi artisti, come Les Frères Jacques, Mouloudji, Cora Vaucaire, Olivier Cabanel, James Ollivier.

Les Frères Jacques chantent Prévert, 1959Mouloudji chante Prévert, 1970


Nel 1935 il regista Louis Bonin (in arte Lou Tchimoukow) realizzò un cortometraggio a partire da questo testo di Prévert, un film che recentemente è stato restaurato e incluso nella nuova edizione (2004) de “Mon frère Jacques par Pierre Prévert”, documentario che il fratello del poeta realizzò su di lui nel 1961.



Una poesia da includere certamente nel percorso sulla “Guerra agli animali” ma che contiene anche la denuncia del terzo caposaldo della triade fascio-nazionalista, il “Diopatriafamiglia”.
A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Disait le père d’une voix courroucée
A son fils Prosper, sous l’armoire allongé,
A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne veux pas aller,
Et pourquoi donc?
Et pourquoi donc que j’irais pêcher une bête
Qui ne m’a rien fait, papa,
Va la pépé, va la pêcher toi-même,
Puisque ça te plaît,
J’aime mieux rester à la maison avec ma pauvre mère
Et le cousin Gaston.
Alors dans sa baleinière le père tout seul s’en est allé
Sur la mer démontée…
Voilà le père sur la mer,
Voilà le fils à la maison,
Voilà la baleine en colère,
Et voilà le cousin Gaston qui renverse la soupière,
La soupière au bouillon.
La mer était mauvaise,
La soupe était bonne.
Et voilà sur sa chaise Prosper qui se désole:
A la pêche à la baleine, je ne suis pas allé,
Et pourquoi donc que j’y ai pas été?
Peut-être qu’on l’aurait attrapée,
Alors j’aurais pu en manger.
Mais voilà la porte qui s’ouvre, et ruisselant d’eau
Le père apparaît hors d’haleine,
Tenant la baleine sur son dos.
Il jette l’animal sur la table, une belle baleine aux yeux bleus,
Une bête comme on en voit peu,
Et dit d’une voix lamentable :
Dépêchez-vous de la dépecer,
J’ai faim, j’ai soif, je veux manger.
Mais voilà Prosper qui se lève,
Regardant son père dans le blanc des yeux,
Dans le blanc des yeux bleus de son père,
Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus :
Et pourquoi donc je dépècerais une pauvre bête qui m’a rien fait?
Tant pis, j’abandonne ma part.
Puis il jette le couteau par terre,
Mais la baleine s’en empare, et se précipitant sur le père
Elle le transperce de père en part.
Ah, ah, dit le cousin Gaston,
On me rappelle la chasse, la chasse aux papillons.
Et voilà
Voilà Prosper qui prépare les faire-part,
La mère qui prend le deuil de son pauvre mari
Et la baleine, la larme à l’œil contemplant le foyer détruit.
Soudain elle s’écrie :
Et pourquoi donc j’ai tué ce pauvre imbécile,
Maintenant les autres vont me pourchasser en moto- godille
Et puis ils vont exterminer toute ma petite famille.
Alors, éclatant d’un rire inquiétant,
Elle se dirige vers la porte et dit
A la veuve en passant :
Madame, si quelqu’un vient me demander,
Soyez aimable et répondez :
La baleine est sortie,
Asseyez-vous,
Attendez là,
Dans une quinzaine d’années, sans doute elle reviendra…

envoyé par Bernart Bartleby - 12/11/2014 - 14:24




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