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Wir sind die Eingeborenen von Trizonesien

Karl Berbuer
Language: German


Karl Berbuer

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Les Ambassadrices
(Marco Valdo M.I.)


Wir sind die Eingeborenen von Trizonesien -
Karl Berbuer (1948)


Text, Musik und Gesang von Karl Berbuer.
Das Lied war damals Schlager des Jahres. Mit Trizonesien sind die drei westlichen Besatzungszonen gemeint.

Trizone


Mon ami Lucien l'âne, tu me vois bien embarrassé... et embarrassé pour publier dans les Chansons contre la Guerre une chanson allemande que personnellement, je trouve des plus intéressantes en ce qu'elle peut être vue de diverses façons... J'en avais déjà touché un mot en parlant avec toi de la chanson des Histoires d'Allemagne - Kölle Alaaf : Qui va payer ça ?, qui se situait justement en 1948.

Je m'en souviens, et tu avais noté qu'une autre de ses chansons, « Heidewitzka, Herr Kapitän » n'était pas trop appréciée des nazis...

Celle-ci vient après la disparition du régime nazi, c'est une chanson de 1948, juste au moment où dans l'Allemagne encore occupée, on commence à doucement se remettre de la folle aventure du Reich de Mille Ans et où tant bien que mal, la vie continue. Et pour les habitants, les survivants des carnages déclenchés par leurs dirigeants imbéciles, c'est le temps de l'occupation par des armées étrangères, d'une administration sous contrôle étranger... Pour ceux qui avaient collaboré et soutenu le régime nazi, la chose ne doit pas leur plaire, mais comme on dit, ils l'ont mérité et ils ont même de la chance que ce ne soit pas pire. Mais pour ceux qui avaient déjà dû subir le Reich nazi (sans compter pour certains ce qui l'a précédé : le Reich de Guillaume, la Guerre, la défaite de 18, l'occupation des années 20, etc...), il devait être très pénible de supporter une nouvelle occupation avec tout ce que cela comporte. C'est cela que raconte la chanson... Elle s'élève avec humour contre cette situation, cette réduction de leur lieu de vie en zone occupée, en territoire occupé. Je répète pour que cela soit bien clair : pour ceux qui avaient été nazis, bien fait pour leur pomme... Pour les autres, une telle chanson devait être la bienvenue.

Je comprends très bien ce que tu veux dire... Mais alors, est-ce que cette chanson prête à confusion, laisse-t-elle penser à une quelconque apologie du régime défait ? Si oui, il faut le dire ; si non, il faut le dire aussi...


Comment dire, Lucien l'âne mon ami... A priori, deux choses : d'une part, je n'en sais strictement rien ; d'autre part, rien ne l'indique. Je ne peux même pas te donner d'indication sur les rapports qu'entretenait l'auteur de la chanson, Karl Berbuer, boulanger à Cologne et fan de Karnaval, avec le national-socialisme. D'ailleurs, le fait qu'il participe comme artiste, amuseur au Carnaval et aux fêtes, doit être pris en compte. Ainsi, vue avec le recul, la chanson me paraît à la fois drôle, juste dans ce qu'elle exprime la situation des Trizonésiens – c'est-à-dire les habitants de la « trizone », la zone de l'ex-Reich nazi occupée par trois des Alliés : les États-unis, La Grande-Bretagne, la France. C'est une chanson de vaincus... Y a-t-il place pour les vaincus dans l'histoire ? Et les « vaincus » est aussi un terme vague et ambigu... Avec ce mot, on met tout le monde dans le même panier. Peut-on considérer comme vaincu et traiter comme tel quelqu'un qui n'a pas soutenu le régime criminel, sans pour autant le combattre ouvertement, tout en continuant à vivre dans son pays ? Peut-on également imaginer l'exil de tous les opposants ?

Ce n'est plus un exil, c'est un exode, dit Lucien l'âne. 

Et puis, à partir de quand faut-il s'exiler ? Certains ont pu s'exiler, mais à quel prix ? On sait combien l'exil est difficile – difficile à envisager, difficile à opérer et difficile à vivre. Pour aller où ? Faire quoi ? Il suffit d'évoquer l'exil des Républicains espagnols en France ou celui des opposants allemands au nazisme en France ou ailleurs... Nombre d'entre eux se sont suicidés : Ernst Töller, Klaus Mann, Stefan Zweig, Kurt Tucholsky, Walter Benjamin, Joseph Roth... Le boulanger Berbuer a continué à faire du pain et peut-être a-t-il été embrigadé, comme des millions d'autres... On ne sait. Mais la chanson, elle, est vraiment une chanson contre la guerre... Elle dit l'humiliation que la guerre impose aux gens – avant, pendant et après. Et on peut tout aussi bien comprendre ici, la chanson comme un sursaut de dignité face à la honte qui noie tout autour de vous... Bien sûr, il y a le « nous » qui ne distingue pas entre les « Trizonésiens », qui ne sépare pas le bon grain de l'ivraie, qui ne dénonce pas le passé crapuleux, et ce nous-là, ce nous les « Trizonésiens », qui est le nous de l'Allemagne fédérale, qui est à présent, le nous de l'Allemagne actuelle ne laisse pas d'inquiéter... Cela dit, voici la chanson...

Certes, dit Lucien l'âne, tous les Allemands n'étaient pas nazis et d'ailleurs, tous les nazis n'étaient pas Allemands... Il faut faire la distinction. D'ailleurs, cette ambiguïté se retrouve partout. La guerre est une chose complexe, comme le montre la Guerre de Cent Mille Ans où même la paix est un moment ou un état de la guerre. Quoi qu'il en soit, tissons le linceul de ce vieux monde plein de périls, de massacres, d'humiliation, complexe, ambigu et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Mein lieber Freund, mein lieber Freund,
die alten Zeiten sind vorbei,
ob man da lacht, ob man da weint,
die Welt geht weiter, eins, zwei, drei.
Ein kleines Häuflein Diplomaten
macht heut die große Politik,
sie schaffen Zonen, ändern Staaten.
Und was ist hier mit uns im Augenblick?

Refrain:
Wir sind die Eingeborenen von Trizonesien,
Heidi-tschimmela-tschimmela-tschimmela- tschimmela-bumm!
Wir haben Mägdelein mit feurig wildem Wesien,
Heidi-tschimmela-tschimmela-tschimmela- tschimmela-bumm!
Wir sind zwar keine Menschenfresser,
doch wir küssen um so besser.
Wir sind die Eingeborenen von Trizonesien,
Heidi-tschimmela-tschimmela-tschimmela- tschimmela-bumm!

Doch fremder Mann, damit du's weißt,
ein Trizonesier hat Humor,
er hat Kultur, er hat auch Geist,
darin macht keiner ihm was vor.
Selbst Goethe stammt aus Trizonesien,
Beethovens Wiege ist bekannt.
Nein, sowas gibt's nicht in Chinesien,
darum sind wir auch stolz auf unser Land.

Refrain:
Wir sind die Eingeborenen von Trizonesien,
Heidi-tschimmela-tschimmela-tschimmela- tschimmela-bumm!
Wir haben Mägdelein mit feurig wildem Wesien,
Heidi-tschimmela-tschimmela-tschimmela- tschimmela-bumm!
Wir sind zwar keine Menschenfresser,
doch wir küssen um so besser.
Wir sind die Eingeborenen von Trizonesien,
Heidi-tschimmela-tschimmela-tschimmela- tschimmela-bumm!

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2014/6/4 - 17:55



Language: French

Version française - NOUS SOMMES LES INDIGÈNES DE TRIZONÉSIE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande - Wir sind die Eingeborenen von Trizonesien – Karl Berbuer – 1948
NOUS SOMMES LES INDIGÈNES DE TRIZONÉSIE

Mon cher ami, mon cher ami,
Les anciens temps ne sont plus là,
On rit là, on pleure ici,
Le monde continue, un, deux, trois.
Un petit groupe de diplomates
Fait aujourd'hui la grande politique,
Ils changent les États, ils créent des Zones
Et qu'en est-il de nous à l'heure actuelle ?

Nous sommes les indigènes de Trizonésie,
Trizonésiennes, Trizonésiens, tschimmela-tschimmela-boum !
Nous avons des Madeleines d'une nature ardemment sauvage,
Trizonésiennes, Trizonésiens, tschimmela-tschimmela-boum !
Nous ne sommes certes pas des cannibales,
Nos baisers sont sans égal.
Nous sommes les indigènes de Trizonésie,
Trizonésiennes, Trizonésiens, tschimmela-tschimmela-boum !

Messieurs les étrangers, il vous faut savoir,
Un Trizonésien a de l'humour,
Il est cultivé, il aime l'art,
Il va de l'avant sans détour.
Goethe lui-même vient de Trizonésie,
Le grand Beethoven est né ici.
Non, il n'y a rien de tel dans toute l'Asie,
Voilà pourquoi nous sommes fiers de notre pays.

Nous sommes les indigènes de Trizonésie,
Trizonésiennes, Trizonésiens, tschimmela-tschimmela-boum !
Nous avons des Madeleines d'une nature ardemment sauvage,
Trizonésiennes, Trizonésiens, tschimmela-tschimmela-boum !
Nous ne sommes certes pas des cannibales,
Nos baisers sont sans égal.
Nous sommes les indigènes de Trizonésie,
Trizonésiennes, Trizonésiens, tschimmela-tschimmela-boum !

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2014/6/4 - 17:56




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