Princes, entendez bien, vous germez dans la fumure populace et vous êtes solitaires. Le grain qui se refait à la même terre est damné puis il dégénère.
Le peuple porte en toute fierté le triste emblême de l'engeance des valets. Et pourtant le blason de haut-vol est blasphème. Princes, entendez bien. Vous condamnez toute guerre sauf la vôtre que vous dîtes juste. Ceci est l'immonde chose du soldat : guerroyer pour les grands d'Eglise et les princes d'en-bas.
Nous retrouverons la souveraine indécence des peuples barbares. Vos puissances s'étioleront sous le piétinement des hordes antiques. Princes, entendez la chevauchée des armées populaires. La fureur des esclaves couve depuis longtemps. Ce jour, se fécondent lentement les nouvelles républiques et les nouveaux parterres.
Nous retracerons dans la plaine des surfaces corrigées où chaque toit sera nouvelle demeure.
Princes, vous n'êtes que le crépis des façades, que les vents nouveaux désagrègent.
Sur le parvis de l'empire, les pauvres ont signé un pacte éternel de gérance.
Les hauts lieux de l'Histoire sont inondés par le sang des justes et des pacifiques que vous avez immolés pour la sauvegarde de votre progéniture.
Princes de tout régime, courtisans à breloques, républicains de finances, la couronne est maudite.
Voici les bateleurs et votre dernière garde, les casqués à matraque, les archers imbéciles qui ne tireront aucune gloire d'avoir pelé leurs enfants quand il fallait aimer et les croire.
Voici les jeunes cohortes de qui portent à chaque toit le dernier chant des libertaires.
Voici la suite des faucheurs, des maîtres manœuvres, le gerbier des plaines, le soleil des fenaisons.
Princes, vous n'attendiez pas ces maraudeurs, et les voilà aux portes de vos cités et sur les marches des palais, la troupe est peut-être dans vos cuisines.
Vous serez seuls à table quand vos prétoriens viendront quérir les deniers de la trahison.
Il y aura des hommes et des hommes à foison aux agapes des places publiques. Chacun dira son aventure. Car de l'esclavage à la liberté la route fut longue. Ils furent longtemps trompés par leurs propres élus, par vous, princes des fausses républiques.
Vous avez détrôné les rois tout en gardant le trône.
Les fermes générales se nomment préfectures. De la place guillotine aux nouvelles baronnies, un cortège de fripons essaime les cendres de la roture. La tour défaite, la tour jacobine, l'insolence des valets se drape dans le pourpre des messes royales.
Vous dites liberté quand la vôtre, seule, se dore au soleil. Vous dites gouvernement quand votre régime, seul, bascule. Vous dites Patrie pour sauver vos écus. Vous dites nation pour justifier la querelle d'un petit nombre et la bombe d'un hystérique et vous dites France pour déodorer la pestilence d'une poubelle lutécienne.
Compagnons, nous avons rêvé sous le chaume d'honorer un nouveau langage, le nôtre, et le plus ancien. Nous avons attendu des heures de nuit une aurore où la vallée serait au midi de sa verdure, où les anciens diraient : nos enfants ont mérité de notre misère car ils ont les yeux de la guerre et le regard effrayé.
Compagnons, nous étions en si petit nombre que le discours avait l'ardeur ridicule des palabres d'enfants. Nous étions si tendrement révoltés qu'il fallait percer l'indolence de nos dires pour y découvrir la sombre fureur.
Compagnons insoumis des heures noires, nous avons tout de même semé et toute bonne graine honore le semeur. La moisson est proche.
Il y aura des hommes et des hommes à foison aux agapes des places publiques.
Il y aura des hommes debout pour une nouvelle république, la nôtre, la plus ancienne...
Princes, entendez bien, les racines de la puissance sont fragiles. Imaginez simplement le bruit de la terre en qui tout se nourrit, le grondement des forces souterraines, le bourdonnement des colères humaines. Ne dites plus, ceci est la civilisation, car nous sommes au pouvoir. Ne dites plus, ceci est la paix car nous sommes les garants du monde. Ne dites plus, ceci est science car nous avons ses produits à la face du peuple. N'ajoutez plus, nous sommes la science et l'avenir, quand il faut toute une armée de pithécanthropes pour établir et maintenir les vôtres.
Même vos dieux ont bonne conscience. Les vieilles pousses des officines vaticanes ont dressé plus d'idoles sous les dômes de Saint-Pierre que dix siècles d'égarement. De la place romaine à la chapelle du village, l'étal des médailles et des miracles engraisse les religieux politiques.
Ce soir, Monseigneur dîne à la préfecture : deux chancelleries, au souper de province.
- Nous vivons des heures graves, Monseigneur.
- A qui le dîtes-vous, Monsieur le Préfet !
- Une orangeade pour Monseigneur, une.
- La truite aux amandes fut délicieuse.
- Je vous en prie, Monseigneur, veuillez passer dans le salon.
- Un whisky pour Monsieur le Vicaire Général, un.
- Je voulais vous entretenir, si vous le permettez, des événements de bientôt. J'ai charge politique de tout un troupeau pour lequel, Monseigneur, vous avez charge spirituelle. Lourdes responsabilités, n'est-ce pas ? Vous savez l'intérêt que le gouvernement porte aujourd'hui à l'éducation civique du citoyen ; et qui dit civisme, dit aussi religion.
- Tout de même pas. Ce ne sont pas les mêmes dieux.
- L'Eglise a tout à gagner par le maintien constant de l'ordre et nous sommes les seuls, aujourd'hui, à même de le garantir. Ainsi donc le Président compte sur les bons conseils d'un clergé respectueux. J'ajoute, Monseigneur, que Monsieur le Président honore de sa présence les messes de province. Un exemple, tout de même ; disons de vrais spots publicitaires, pour une église que déserte la clientèle. Si, ci. Et puis Monseigneur je sais que vous tenez beaucoup aux orgues de votre cathédrale. Leur réfection vous demande un effort financier que vous ne sauriez supporter. Contre une petite homélie, une petite missive pastorale, le gouvernement que je représente prendrait en considération votre demande de crédit, disons une subvention...
Vos petites sœurs, sur la foi de leur dévouement, pourraient utilement conseiller les gens de campagne. Cette masse manque trop de véritable information. Les petits scandales que des journaux de province ont cru devoir étaler sur la place publique. Nous savons d'ailleurs qui... Enfin, nous avons tout à gagner en conjuguant nos efforts. Qu'en pensez-vous Monseigneur ?
- Il y a bien longtemps, Monsieur le Préfet, que l'Evêque ne pense plus. Nous laissons ce soin aux vicaires généraux. Nous avons besoin, hélas, des largesses du gouvernement pour entretenir une religion qui coûte de plus en plus cher, le fidèle se faisant de plus en plus rare. Monsieur le Vicaire Général rédigera ces petits conseils électoraux. Toutefois nous ne pourrons pas les lire officiellement. Notre fidèle clergé les transmettra de bouche à oreille.
- Monseigneur, je tiens à votre disposition la subvention qui tardait un peu à venir, je dois l'avouer.
Monseigneur a dîné ce soir à la préfecture,
deux bonnes chancelleries au chantage de province, nous garderons l'Histoire muette, les flots du passé pour dépoussiérer le jour.
Une orangeade pour Monseigneur, une.
Que nul ne s'avance ni ne s'arrête, tenir debout est rôle suffisant et court.
Nous tiendrons conseil dans les prétoires d'en haut après avoir vidé le corps de garde. Nous adouberons les gueux du voyage pour guerroyer les états préhendiers.
Princes, entendez bien. La roture dressée que vous teniez à l'attelle a rompu les sangles de l'attelage. La voilà, tels les chevaux sauvages
prêts à piétiner le char qu'ils tiraient. Et vous, princes, savez votre puissance fragile quand le trône tiré reste enfin immobile.
Le peuple porte en toute fierté le triste emblême de l'engeance des valets. Et pourtant le blason de haut-vol est blasphème. Princes, entendez bien. Vous condamnez toute guerre sauf la vôtre que vous dîtes juste. Ceci est l'immonde chose du soldat : guerroyer pour les grands d'Eglise et les princes d'en-bas.
Nous retrouverons la souveraine indécence des peuples barbares. Vos puissances s'étioleront sous le piétinement des hordes antiques. Princes, entendez la chevauchée des armées populaires. La fureur des esclaves couve depuis longtemps. Ce jour, se fécondent lentement les nouvelles républiques et les nouveaux parterres.
Nous retracerons dans la plaine des surfaces corrigées où chaque toit sera nouvelle demeure.
Princes, vous n'êtes que le crépis des façades, que les vents nouveaux désagrègent.
Sur le parvis de l'empire, les pauvres ont signé un pacte éternel de gérance.
Les hauts lieux de l'Histoire sont inondés par le sang des justes et des pacifiques que vous avez immolés pour la sauvegarde de votre progéniture.
Princes de tout régime, courtisans à breloques, républicains de finances, la couronne est maudite.
Voici les bateleurs et votre dernière garde, les casqués à matraque, les archers imbéciles qui ne tireront aucune gloire d'avoir pelé leurs enfants quand il fallait aimer et les croire.
Voici les jeunes cohortes de qui portent à chaque toit le dernier chant des libertaires.
Voici la suite des faucheurs, des maîtres manœuvres, le gerbier des plaines, le soleil des fenaisons.
Princes, vous n'attendiez pas ces maraudeurs, et les voilà aux portes de vos cités et sur les marches des palais, la troupe est peut-être dans vos cuisines.
Vous serez seuls à table quand vos prétoriens viendront quérir les deniers de la trahison.
Il y aura des hommes et des hommes à foison aux agapes des places publiques. Chacun dira son aventure. Car de l'esclavage à la liberté la route fut longue. Ils furent longtemps trompés par leurs propres élus, par vous, princes des fausses républiques.
Vous avez détrôné les rois tout en gardant le trône.
Les fermes générales se nomment préfectures. De la place guillotine aux nouvelles baronnies, un cortège de fripons essaime les cendres de la roture. La tour défaite, la tour jacobine, l'insolence des valets se drape dans le pourpre des messes royales.
Vous dites liberté quand la vôtre, seule, se dore au soleil. Vous dites gouvernement quand votre régime, seul, bascule. Vous dites Patrie pour sauver vos écus. Vous dites nation pour justifier la querelle d'un petit nombre et la bombe d'un hystérique et vous dites France pour déodorer la pestilence d'une poubelle lutécienne.
Compagnons, nous avons rêvé sous le chaume d'honorer un nouveau langage, le nôtre, et le plus ancien. Nous avons attendu des heures de nuit une aurore où la vallée serait au midi de sa verdure, où les anciens diraient : nos enfants ont mérité de notre misère car ils ont les yeux de la guerre et le regard effrayé.
Compagnons, nous étions en si petit nombre que le discours avait l'ardeur ridicule des palabres d'enfants. Nous étions si tendrement révoltés qu'il fallait percer l'indolence de nos dires pour y découvrir la sombre fureur.
Compagnons insoumis des heures noires, nous avons tout de même semé et toute bonne graine honore le semeur. La moisson est proche.
Il y aura des hommes et des hommes à foison aux agapes des places publiques.
Il y aura des hommes debout pour une nouvelle république, la nôtre, la plus ancienne...
Princes, entendez bien, les racines de la puissance sont fragiles. Imaginez simplement le bruit de la terre en qui tout se nourrit, le grondement des forces souterraines, le bourdonnement des colères humaines. Ne dites plus, ceci est la civilisation, car nous sommes au pouvoir. Ne dites plus, ceci est la paix car nous sommes les garants du monde. Ne dites plus, ceci est science car nous avons ses produits à la face du peuple. N'ajoutez plus, nous sommes la science et l'avenir, quand il faut toute une armée de pithécanthropes pour établir et maintenir les vôtres.
Même vos dieux ont bonne conscience. Les vieilles pousses des officines vaticanes ont dressé plus d'idoles sous les dômes de Saint-Pierre que dix siècles d'égarement. De la place romaine à la chapelle du village, l'étal des médailles et des miracles engraisse les religieux politiques.
Ce soir, Monseigneur dîne à la préfecture : deux chancelleries, au souper de province.
- Nous vivons des heures graves, Monseigneur.
- A qui le dîtes-vous, Monsieur le Préfet !
- Une orangeade pour Monseigneur, une.
- La truite aux amandes fut délicieuse.
- Je vous en prie, Monseigneur, veuillez passer dans le salon.
- Un whisky pour Monsieur le Vicaire Général, un.
- Je voulais vous entretenir, si vous le permettez, des événements de bientôt. J'ai charge politique de tout un troupeau pour lequel, Monseigneur, vous avez charge spirituelle. Lourdes responsabilités, n'est-ce pas ? Vous savez l'intérêt que le gouvernement porte aujourd'hui à l'éducation civique du citoyen ; et qui dit civisme, dit aussi religion.
- Tout de même pas. Ce ne sont pas les mêmes dieux.
- L'Eglise a tout à gagner par le maintien constant de l'ordre et nous sommes les seuls, aujourd'hui, à même de le garantir. Ainsi donc le Président compte sur les bons conseils d'un clergé respectueux. J'ajoute, Monseigneur, que Monsieur le Président honore de sa présence les messes de province. Un exemple, tout de même ; disons de vrais spots publicitaires, pour une église que déserte la clientèle. Si, ci. Et puis Monseigneur je sais que vous tenez beaucoup aux orgues de votre cathédrale. Leur réfection vous demande un effort financier que vous ne sauriez supporter. Contre une petite homélie, une petite missive pastorale, le gouvernement que je représente prendrait en considération votre demande de crédit, disons une subvention...
Vos petites sœurs, sur la foi de leur dévouement, pourraient utilement conseiller les gens de campagne. Cette masse manque trop de véritable information. Les petits scandales que des journaux de province ont cru devoir étaler sur la place publique. Nous savons d'ailleurs qui... Enfin, nous avons tout à gagner en conjuguant nos efforts. Qu'en pensez-vous Monseigneur ?
- Il y a bien longtemps, Monsieur le Préfet, que l'Evêque ne pense plus. Nous laissons ce soin aux vicaires généraux. Nous avons besoin, hélas, des largesses du gouvernement pour entretenir une religion qui coûte de plus en plus cher, le fidèle se faisant de plus en plus rare. Monsieur le Vicaire Général rédigera ces petits conseils électoraux. Toutefois nous ne pourrons pas les lire officiellement. Notre fidèle clergé les transmettra de bouche à oreille.
- Monseigneur, je tiens à votre disposition la subvention qui tardait un peu à venir, je dois l'avouer.
Monseigneur a dîné ce soir à la préfecture,
deux bonnes chancelleries au chantage de province, nous garderons l'Histoire muette, les flots du passé pour dépoussiérer le jour.
Une orangeade pour Monseigneur, une.
Que nul ne s'avance ni ne s'arrête, tenir debout est rôle suffisant et court.
Nous tiendrons conseil dans les prétoires d'en haut après avoir vidé le corps de garde. Nous adouberons les gueux du voyage pour guerroyer les états préhendiers.
Princes, entendez bien. La roture dressée que vous teniez à l'attelle a rompu les sangles de l'attelage. La voilà, tels les chevaux sauvages
prêts à piétiner le char qu'ils tiraient. Et vous, princes, savez votre puissance fragile quand le trône tiré reste enfin immobile.
Contributed by Flavio Poltronieri - 2014/5/14 - 22:16
Language: Italian
Versione italiana di Flavio Poltronieri
PRINCIPI, SENTITE BENE
Principi, sentite bene, voi germogliate nel concime della plebaglia e siete solitari. Il grano che si rifà alla stessa terra è dannato, poi degenera. Il popolo porta in tutta fierezza il triste emblema della razza dei valletti. E pertanto il blasone di alto bordo è blasfemo. Principi, sentite bene. Voi condannate tutte le guerre tranne la vostra che dite giusta. Questa è l'immonda cosa del soldato: guerreggiare per i grandi di Chiesa e i principi del basso.
Noi ritroveremo la sovrana indecenza dei popoli barbari. Le vostre potenze si illanguiranno sotto il calpestio delle orde antiche. Principi, sentite la cavalcata delle armate popolari. Il furore degli schiavi cova da molto tempo. Oggi, si fecondano lentamente le nuove repubbliche e le nuove platee.
Noi tracceremo di nuovo nella pianura delle superfici corrette dove ogni tetto sarà nuova dimora.
Principi, voi non siete che gli intonaci delle facciate, che i nuovi venti disgregano.
Sul sagrato dell'impero i poveri hanno firmato un patto eterno di gerenza:
Gli alti luoghi della Storia.sono inondati dal sangue dei giusti e dei pacifici che voi avete immolato per la salvaguardia della vostra progenitura.
Principi di ogni regime, cortigiani di ciondoli, repubblicani di finanze, la corona è maledetta.
Ecco i saltimbanchi e la vostra ultima guardia, quelli con l'elmetto e il manganello, gli arcieri imbecilli che non trarranno alcuna gloria dall'aver spellacchiato i loro bambini quando bisognava amare e credere in loro.
Ecco le giovani brigate che portano ad ogni tetto l'ultimo canto dei libertari.
Ecco il seguito dei falciatori, dei maestri manovali, la bica delle pianure, il sole delle fienagioni.
Principi, non aspettavate questi razziatori ed eccoli alle porte delle vostra città e sugli scalini dei palazzi. E chissà, la truppa è già forse nelle vostre cucine.
Sarete soli a tavola quando i vostri pretoriani verranno a cercare gli ultimi del tradimento.
Ci saranno degli uomini e degli uomini a bizzeffe ai banchetti delle piazze pubbliche. Ciascuno dirà la sua avventura. Poiché dalla schiavitù alla libertà la strada fu lunga. Essi furono per lungo tempo ingannati dai loro propri eletti, da voi, principi delle false repubbliche.
Avete detronizzato i re conservando il trono. Le fattorie generali si chiamano prefetture. Dalla piazza ghigliottina alle nuove baronie, un corteo di bricconi dissemina le ceneri della ignobiltà. La torre distrutta, la torre giacobina, l'insolenza dei valletti si drappeggia nella porpora delle messe reali.
Voi dite libertà quando la vostra, sola, si indora al sole. Voi dite governo quando il vostro regime, solo, si rovescia. Voi dite Patria per salvare i vostri scudi. Voi dite nazione per giustificare il litigio di un piccolo numero e la bomba di un isterico e dite Francia per deodorare la pestilenza di una pattumiera luteziana.
Compagni, noi abbiamo sognato sotto la stoppia di onorare un nuovo linguaggio, il nostro, e il più antico. Abbiamo atteso nelle ore della notte un'aurora dove la vallata sia al mezzogiorno della sua verdura, dove gli antichi direbbero: i nostri bambini hanno meritato la nostra miseria poiché essi hanno gli occhi della guerra e lo sguardo spaventato.
Compagni, eravamo in così piccolo numero che il discorso aveva l'ardore ridicolo delle chiacchiere dei bambini. Eravamo così teneramente rivoltosi che bisognava forare l'indolenza delle nostre affermazioni per scoprirne l’oscuro furore. Compagni ribelli delle ore nere, abbiamo lo stesso seminato e ogni buon chicco onora il seminatore.
La mietitura è prossima.
Ci saranno degli uomini e degli uomini a bizzeffe ai banchetti delle piazze pubbliche. Ci saranno degli uomini in piedi per una nuova repubblica, la nostra, la più antica.
Principi, sentite bene, le radici della potenza sono fragili: Immaginate semplicemente il rumore della terra dalla quale tutto si nutre, il brontolio delle forze sotterranee, il brusio delle collere umane. Non dite più, questa è la civiltà, poiché siamo al potere. Non dite più, questa è la pace poiché siamo i garanti del mondo. Non dite più, questa è la scienza poiché abbiamo i suoi prodotti alla faccia del popolo. Non aggiungete più, siamo la scienza e l'avvenire, quando ci vuole tutta una armata di pitecantropi per stabilire e mantenere le vostre.
Anche i vostri dei hanno buona coscienza. I vecchi germogli delle officine vaticane hanno innalzato più idoli sotto la cupola di San Pietro che dieci secoli di smarrimento. Dalla piazza romana alla cappella del villaggio la bancarella delle medaglie e dei miracoli ingrassa i religiosi politici.
Stasera, Monsignore cena alla prefettura: due cancellerie, cenetta di Provincia
-Viviamo delle ore Gravi, Monsignore.
- A chi lo dite, Signor Prefetto.
-Un'aranciata per Monsignore, una.
-La trota alle .mandorle è stata deliziosa.
-Vi prego, Monsignore, vogliamo passare nel salone.
-Un whisky per il Signor Vicario Generale, uno.
- Volevo intrattenervi, se voi permettete, sugli avvenimenti imminenti.
Ho carica politica di tutto un branco per il quale, Monsignore, voi avete carico spirituale. Pesanti responsabilità, non è vero? Voi sapete l'interesse che il governo porta oggi per l'educazione civica del cittadino; e chi dice civismo, dice anche religione.
-Comunque non sono gli stessi dei.
-La Chiesa ha tutto da guadagnare dal mantenimento costante dell'ordine e noi siamo i soli, oggi, in grado di garantirlo. Così dunque il Presidente conta sui buoni consigli di un clero rispettoso. Aggiungo, Monsignore, che il Signor Presidente onora della sua presenza le messe di Provincia. Un esempio, tuttavia; diciamo di veri spot pubblicitari, per una Chiesa che diserta la clientela. Si, si. E poi monsignore io so che voi tenete molto agli organi della vostra cattedrale. La loro refezione vi chiede uno sforzo finanziario che non sapreste sopportare. In cambio di una piccola omelia, una piccola missiva pastorale, il governo che io rappresento prenderebbe in considerazione la vostra domanda di credito, diciamo di sovvenzione...
Le vostre piccole sorelle, sulla testimonianza della loro dedizione, potrebbero utilmente consigliare le genti di campagna. Questa massa manca da troppo di vera informazione. I piccoli scandali che dei giornali di provincia hanno creduto dover esporre hanno un poi offuscato la santa immagine del regime. Voi sapete Monsignore che si tratta là delle inezie che una stampa malintenzionata ha creduto dover esporre sulla piazza pubblica. Noi sappiamo d'altronde che...
Infine, noi abbiamo tutto da guadagnare a congiungere i nostri sforzi. Che ne pensate Monsignore?
-E' molto tempo, Signor Prefetto, che il Vescovo non pensa più. Noi lasciamo questa preoccupazione ai vicari generali. Abbiamo bisogno, ahimè, delle elargizioni del governo per mantenere una religione che costa sempre più cara, il fedele si fa sempre più raro. Il Signor Vicario Generale redigerà questi piccoli consigli elettorali. Tuttavia noi non potremo leggerli ufficialmente. Il nostro fedele clero le trasmetterà di bocca a orecchio.
-Monsignore, io tengo a vostra disposizione la sovvenzione che tardava un po' a venire, devo ammetterlo.
Monsignore ha cenato stasera alla prefettura.
Due buone cancellerie al ricatto di provincia.
Noi terremo la Storia muta, le onde del passato per levar la polvere al giorno. Un'aranciata per monsignore, una.
Che nulla vada avanti, né si fermi, tenere in piedi è ruolo sufficiente e corto.
Noi terremo consiglio nei pretori superiori dopo aver svuotato il corpo di guardia.
Armeremo cavalieri i pezzenti del viaggio per guerreggiare gli stati prebendari.
Principi, sentite bene.
La ignobiltà eretta che tenevate attaccata al cavallo ha rotto le cinghie dell'attacco.
Ecco là come i cavalli selvaggi sono pronti a calpestare i carri che tiravano.
E voi principi, sapete la vostra potenza fragile quando il trono tirato resta infine immobile.
Principi, sentite bene, voi germogliate nel concime della plebaglia e siete solitari. Il grano che si rifà alla stessa terra è dannato, poi degenera. Il popolo porta in tutta fierezza il triste emblema della razza dei valletti. E pertanto il blasone di alto bordo è blasfemo. Principi, sentite bene. Voi condannate tutte le guerre tranne la vostra che dite giusta. Questa è l'immonda cosa del soldato: guerreggiare per i grandi di Chiesa e i principi del basso.
Noi ritroveremo la sovrana indecenza dei popoli barbari. Le vostre potenze si illanguiranno sotto il calpestio delle orde antiche. Principi, sentite la cavalcata delle armate popolari. Il furore degli schiavi cova da molto tempo. Oggi, si fecondano lentamente le nuove repubbliche e le nuove platee.
Noi tracceremo di nuovo nella pianura delle superfici corrette dove ogni tetto sarà nuova dimora.
Principi, voi non siete che gli intonaci delle facciate, che i nuovi venti disgregano.
Sul sagrato dell'impero i poveri hanno firmato un patto eterno di gerenza:
Gli alti luoghi della Storia.sono inondati dal sangue dei giusti e dei pacifici che voi avete immolato per la salvaguardia della vostra progenitura.
Principi di ogni regime, cortigiani di ciondoli, repubblicani di finanze, la corona è maledetta.
Ecco i saltimbanchi e la vostra ultima guardia, quelli con l'elmetto e il manganello, gli arcieri imbecilli che non trarranno alcuna gloria dall'aver spellacchiato i loro bambini quando bisognava amare e credere in loro.
Ecco le giovani brigate che portano ad ogni tetto l'ultimo canto dei libertari.
Ecco il seguito dei falciatori, dei maestri manovali, la bica delle pianure, il sole delle fienagioni.
Principi, non aspettavate questi razziatori ed eccoli alle porte delle vostra città e sugli scalini dei palazzi. E chissà, la truppa è già forse nelle vostre cucine.
Sarete soli a tavola quando i vostri pretoriani verranno a cercare gli ultimi del tradimento.
Ci saranno degli uomini e degli uomini a bizzeffe ai banchetti delle piazze pubbliche. Ciascuno dirà la sua avventura. Poiché dalla schiavitù alla libertà la strada fu lunga. Essi furono per lungo tempo ingannati dai loro propri eletti, da voi, principi delle false repubbliche.
Avete detronizzato i re conservando il trono. Le fattorie generali si chiamano prefetture. Dalla piazza ghigliottina alle nuove baronie, un corteo di bricconi dissemina le ceneri della ignobiltà. La torre distrutta, la torre giacobina, l'insolenza dei valletti si drappeggia nella porpora delle messe reali.
Voi dite libertà quando la vostra, sola, si indora al sole. Voi dite governo quando il vostro regime, solo, si rovescia. Voi dite Patria per salvare i vostri scudi. Voi dite nazione per giustificare il litigio di un piccolo numero e la bomba di un isterico e dite Francia per deodorare la pestilenza di una pattumiera luteziana.
Compagni, noi abbiamo sognato sotto la stoppia di onorare un nuovo linguaggio, il nostro, e il più antico. Abbiamo atteso nelle ore della notte un'aurora dove la vallata sia al mezzogiorno della sua verdura, dove gli antichi direbbero: i nostri bambini hanno meritato la nostra miseria poiché essi hanno gli occhi della guerra e lo sguardo spaventato.
Compagni, eravamo in così piccolo numero che il discorso aveva l'ardore ridicolo delle chiacchiere dei bambini. Eravamo così teneramente rivoltosi che bisognava forare l'indolenza delle nostre affermazioni per scoprirne l’oscuro furore. Compagni ribelli delle ore nere, abbiamo lo stesso seminato e ogni buon chicco onora il seminatore.
La mietitura è prossima.
Ci saranno degli uomini e degli uomini a bizzeffe ai banchetti delle piazze pubbliche. Ci saranno degli uomini in piedi per una nuova repubblica, la nostra, la più antica.
Principi, sentite bene, le radici della potenza sono fragili: Immaginate semplicemente il rumore della terra dalla quale tutto si nutre, il brontolio delle forze sotterranee, il brusio delle collere umane. Non dite più, questa è la civiltà, poiché siamo al potere. Non dite più, questa è la pace poiché siamo i garanti del mondo. Non dite più, questa è la scienza poiché abbiamo i suoi prodotti alla faccia del popolo. Non aggiungete più, siamo la scienza e l'avvenire, quando ci vuole tutta una armata di pitecantropi per stabilire e mantenere le vostre.
Anche i vostri dei hanno buona coscienza. I vecchi germogli delle officine vaticane hanno innalzato più idoli sotto la cupola di San Pietro che dieci secoli di smarrimento. Dalla piazza romana alla cappella del villaggio la bancarella delle medaglie e dei miracoli ingrassa i religiosi politici.
Stasera, Monsignore cena alla prefettura: due cancellerie, cenetta di Provincia
-Viviamo delle ore Gravi, Monsignore.
- A chi lo dite, Signor Prefetto.
-Un'aranciata per Monsignore, una.
-La trota alle .mandorle è stata deliziosa.
-Vi prego, Monsignore, vogliamo passare nel salone.
-Un whisky per il Signor Vicario Generale, uno.
- Volevo intrattenervi, se voi permettete, sugli avvenimenti imminenti.
Ho carica politica di tutto un branco per il quale, Monsignore, voi avete carico spirituale. Pesanti responsabilità, non è vero? Voi sapete l'interesse che il governo porta oggi per l'educazione civica del cittadino; e chi dice civismo, dice anche religione.
-Comunque non sono gli stessi dei.
-La Chiesa ha tutto da guadagnare dal mantenimento costante dell'ordine e noi siamo i soli, oggi, in grado di garantirlo. Così dunque il Presidente conta sui buoni consigli di un clero rispettoso. Aggiungo, Monsignore, che il Signor Presidente onora della sua presenza le messe di Provincia. Un esempio, tuttavia; diciamo di veri spot pubblicitari, per una Chiesa che diserta la clientela. Si, si. E poi monsignore io so che voi tenete molto agli organi della vostra cattedrale. La loro refezione vi chiede uno sforzo finanziario che non sapreste sopportare. In cambio di una piccola omelia, una piccola missiva pastorale, il governo che io rappresento prenderebbe in considerazione la vostra domanda di credito, diciamo di sovvenzione...
Le vostre piccole sorelle, sulla testimonianza della loro dedizione, potrebbero utilmente consigliare le genti di campagna. Questa massa manca da troppo di vera informazione. I piccoli scandali che dei giornali di provincia hanno creduto dover esporre hanno un poi offuscato la santa immagine del regime. Voi sapete Monsignore che si tratta là delle inezie che una stampa malintenzionata ha creduto dover esporre sulla piazza pubblica. Noi sappiamo d'altronde che...
Infine, noi abbiamo tutto da guadagnare a congiungere i nostri sforzi. Che ne pensate Monsignore?
-E' molto tempo, Signor Prefetto, che il Vescovo non pensa più. Noi lasciamo questa preoccupazione ai vicari generali. Abbiamo bisogno, ahimè, delle elargizioni del governo per mantenere una religione che costa sempre più cara, il fedele si fa sempre più raro. Il Signor Vicario Generale redigerà questi piccoli consigli elettorali. Tuttavia noi non potremo leggerli ufficialmente. Il nostro fedele clero le trasmetterà di bocca a orecchio.
-Monsignore, io tengo a vostra disposizione la sovvenzione che tardava un po' a venire, devo ammetterlo.
Monsignore ha cenato stasera alla prefettura.
Due buone cancellerie al ricatto di provincia.
Noi terremo la Storia muta, le onde del passato per levar la polvere al giorno. Un'aranciata per monsignore, una.
Che nulla vada avanti, né si fermi, tenere in piedi è ruolo sufficiente e corto.
Noi terremo consiglio nei pretori superiori dopo aver svuotato il corpo di guardia.
Armeremo cavalieri i pezzenti del viaggio per guerreggiare gli stati prebendari.
Principi, sentite bene.
La ignobiltà eretta che tenevate attaccata al cavallo ha rotto le cinghie dell'attacco.
Ecco là come i cavalli selvaggi sono pronti a calpestare i carri che tiravano.
E voi principi, sapete la vostra potenza fragile quando il trono tirato resta infine immobile.
Contributed by Flavio Poltronieri - 2014/5/14 - 22:19
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Vorrei contribuire a far comprendere (seppur nei limiti della traduzione) l'apocalisse artistica descritta nei versi della sua poetica. Un'ira di Dio. La Bretagna non fu più la stessa. Personaggio stratosferico Glenmor. Glen (terra) Mor (mare), all'anagrafe Emile Le Scanv (Milig ar Scanv in bretone) nato al solstizio d'estate del 1931. Bardo moderno all'origine del rinnovamento e dell'impegno in difesa dell'identità culturale della sua terra e della lingua, così come Jord Cochevelou (padre di Alan Stivell) lo fu della rinascita (ricostruzione) dell'arpa celtica.
Filosofo, visionario, scrittore, anarchico, censurato, amato a Montparnasse, amico di Léo Ferré (vedi foto), con cui sovente condivide lo stesso furore nel canto, perfino Jacques Brel lo cita in Le Moribond (Adieu l'Emile je t'aimais bien...). Satanesco prete da combattimento, perennemente in lotta al servizio del popolo e dell'infanzia, la barba da profeta, tribuno contro il potere e la sopraffazione, i suoi sono i versi dell'ombra che aspira alla luce. Ha scritto circa duecento canzoni atemporali di una qualità difficile perfino da immaginare.
Negli anni cinquanta solo pochissimi anziani oramai conoscevano la lingua bretone che era bandita dalle scuole. La forza smisurata della poesia di Glenmor ha oltrepassato i confini regionali e aperto tutte le porte della notte. Si è eretto a testimone come fanno i profeti, forgiando parole nuove, parole che sapevano di sale e di fiamma e i venti erano propizi perchè la riuscita è stata totale e in tutta la Bretagna le voci e i suoni delle bombarde si sono levati, ma non bisogna dimenticare che all'inizio una sola fu la voce ad opporsi a tutti gli assolutismi e quella era la voce di Glenmor. A metà degli anni sessanta lo accompagnava all'arpa un giovanissimo Alan Stivell che nel 1977 a lui dedica l'intera prima facciata del suo LP 'Raok Dilestra (Prima dell'approdo), dal titolo En enor (Il nostro passato), nel quale riscrive per sommi capi la storia della Bretagna in contrasto con quella ufficiale dei testi scolastici. Vorrei ricordare a questo proposito ancora le parole di Stivell, che nel 1998, assieme a Paddy Moloney dei Chieftains, gli ha dedicato con questa canzone un sentito arrivederci in musica nel cd 1 Douar:
che non osavano parlar chiaro e forte della loro patria addormentata
non c'era che un bardo in
Armorica
a casa sua lo chiamavano Milig
io già lo amavo come un eroe della Storia
stasera piange la terra della vallata e il mare suona
la voce del nostro bardo-aquila canta nel vento gelato
grazie a te Glenmor
delle tue parole che hanno scolpito sentieri
mai si spegnerà la loro magia
le nostre rivolte ignoreranno la morte"
Purtroppo non ho avuto in passato la fortuna e l'occasione di incontrarlo, nè di assistere ad una sua esibizione ma amici comuni che con lui hanno suonato (come Bernard Benoit) o che mi hanno inviato dischi interi consacrati alle sue composizioni anche in tempi recenti (vedi Gérard Ducos, Clarisse Lavanant, Laurence Meillarec) testimoniano la dirompente immortalità della sua opera.