Der Krieg wird nicht mehr erklärt,
sondern fortgesetzt. Das Unerhörte
ist alltäglich geworden. Der Held
bleibt den Kämpfen fern. Der Schwache
ist in die Feuerzonen gerückt.
Die Uniform des Tages ist die Geduld,
die Auszeichnung der armselige Stern
der Hoffnung über dem Herzen.
Er wird verliehen,
wenn nichts mehr geschieht,
wenn das Trommelfeuer verstummt,
wenn der Feind unsichtbar geworden ist
und der Schatten ewiger Rüstung
den Himmel bedeckt.
Er wird verliehen
für die Flucht von den Fahnen,
für die Tapferkeit vor dem Freund,
für den Verrat unwürdiger Geheimnisse
und die Nichtachtung
jeglichen Befehls.
sondern fortgesetzt. Das Unerhörte
ist alltäglich geworden. Der Held
bleibt den Kämpfen fern. Der Schwache
ist in die Feuerzonen gerückt.
Die Uniform des Tages ist die Geduld,
die Auszeichnung der armselige Stern
der Hoffnung über dem Herzen.
Er wird verliehen,
wenn nichts mehr geschieht,
wenn das Trommelfeuer verstummt,
wenn der Feind unsichtbar geworden ist
und der Schatten ewiger Rüstung
den Himmel bedeckt.
Er wird verliehen
für die Flucht von den Fahnen,
für die Tapferkeit vor dem Freund,
für den Verrat unwürdiger Geheimnisse
und die Nichtachtung
jeglichen Befehls.
inviata da Bernart Bartleby - 6/5/2014 - 13:15
Lingua: Italiano
Traduzione italiana di Maria Teresa Mandalari da “Ingeborg Bachmann. Poesie”, Guanda, 1987.
TUTTI I GIORNI
La guerra non viene più dichiarata,
ma proseguita. L'inaudito
è divenuto quotidiano. L'eroe
resta lontano dai combattimenti. Il debole
è trasferito nelle zone del fuoco.
La divisa di oggi è la pazienza,
medaglia la misera stella
della speranza, appuntata sul cuore.
Viene conferita
quando non accade più nulla,
quando il fuoco tambureggiante ammutolisce,
quando il nemico è divenuto invisibile
e l'ombra d'eterno riarmo
ricopre il cielo.
Viene conferita
per diserzione dalle bandiere,
per il valore di fronte all'amico,
per il tradimento di segreti obbrobriosi
e l'inosservanza
di tutti gli ordini.
La guerra non viene più dichiarata,
ma proseguita. L'inaudito
è divenuto quotidiano. L'eroe
resta lontano dai combattimenti. Il debole
è trasferito nelle zone del fuoco.
La divisa di oggi è la pazienza,
medaglia la misera stella
della speranza, appuntata sul cuore.
Viene conferita
quando non accade più nulla,
quando il fuoco tambureggiante ammutolisce,
quando il nemico è divenuto invisibile
e l'ombra d'eterno riarmo
ricopre il cielo.
Viene conferita
per diserzione dalle bandiere,
per il valore di fronte all'amico,
per il tradimento di segreti obbrobriosi
e l'inosservanza
di tutti gli ordini.
inviata da Bernart Bartleby - 6/5/2014 - 13:16
Lingua: Finlandese
Traduzione / Translation / Traduction / Suomennos: Juha Rämö
PÄIVÄSTÄ PÄIVÄÄN
Sotaa ei enää julisteta,
vaan sitä jatketaan. Ennenkuulumaton
on muuttunut jokapäiväiseksi. Sankari
pysyy etäällä taisteluista. Heikko
heitetään pahimpaan tuleen.
Nykyajan univormu on kärsivällisyys
ja kunniamerkki haalistunut
toivon tähti rintapielessä.
Se myönnetään,
kun mitään ei enää tapahdu,
kun rumputuli on vaiennut,
kun vihollinen on muuttunut näkymättömäksi
ja kun ikuisen varustelun varjo
on peittänyt taivaan.
Se myönnetään
pakenemisesta lippujen alta,
urheudesta ystävän edessä,
olemattomien salaisuuksien paljastamisesta
ja kaikkien käskyjen
noudattamatta jättämisestä.
Sotaa ei enää julisteta,
vaan sitä jatketaan. Ennenkuulumaton
on muuttunut jokapäiväiseksi. Sankari
pysyy etäällä taisteluista. Heikko
heitetään pahimpaan tuleen.
Nykyajan univormu on kärsivällisyys
ja kunniamerkki haalistunut
toivon tähti rintapielessä.
Se myönnetään,
kun mitään ei enää tapahdu,
kun rumputuli on vaiennut,
kun vihollinen on muuttunut näkymättömäksi
ja kun ikuisen varustelun varjo
on peittänyt taivaan.
Se myönnetään
pakenemisesta lippujen alta,
urheudesta ystävän edessä,
olemattomien salaisuuksien paljastamisesta
ja kaikkien käskyjen
noudattamatta jättämisestä.
inviata da Juha Rämö - 26/6/2016 - 09:50
Lingua: Francese
Version française – CHAQUE JOUR – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson allemande – Alle Tage – Ingeborg Bachmann – 1952
Cette chanson, Lucien l’âne mon ami, m’a demandé beaucoup de temps, car j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour établir ma version française – celle qui me permet de comprendre.
De comprendre ? Je ne te comprends pas, Marco Valdo M.I. mon ami. Dois-je comprendre qu’au départ, tu ne comprends pas ?
En effet, Lucien l’âne mon ami, c’est bien ça. Je te rappelle – je sais parfaitement que tu le sais, mais il y a d’autres qui peuvent ne pas savoir – je te rappelle donc que hormis le français, je ne connais aucune langue et que si je « traduis », c’est pour comprendre ce qui s’offre à mon regard comme un rébus. Passons sur le fait qu’à la longue, les choses sont plus faciles et que je finis quand même par pouvoir déchiffrer plus aisément certaines langues. L’italien, par exemple. De là à dire que je connais vraiment la langue de Carlo Levi, il y a de la marge.
Soit. J’imagine, Marco Valdo M.I., que les choses se présentent ainsi : devant toi, il y a un texte que tu ne comprends pas ou que tu ne saisis pas complètement.
C’est exactement le cas. Donc, c’est de faire la version française qui me permet de comprendre ce que j’ai devant moi. J’insiste sur le faire, sur ce travail particulier, sur cette manipulation des mots et des idées et des sensations et de certaines intuitions ; vue ainsi, la « traduction » est une recréation. Je ne pars donc pas d’une « science » préalable que j’appliquerais à ce qui est là donné, mais bien de mon « ignorance » pour m’éclairer – moi, tout le premier – quant au sens de ce que je découvre ainsi et pour assurer mon savoir nouveau, je lui donne une forme, je le transforme en un objet qui me satisfait. Avant d’en terminer avec ces considérations personnelles, je voudrais revenir un instant sur la question de la rime. Question, à mes yeux, essentielle en ce qu’elle est intimement liée à la musicalité du texte poétique. Verlaine ne critiquait la rime que pour mieux la magnifier. La rime, c’est le bâton du poète ; elle l’aide à marcher. Cependant, en qui me concerne, elle a un autre rôle, c’est quelle contraint à réfléchir le texte, à en reconstituer une image dans un autre miroir, à le soumettre à certaines torsions particulières, à le plier dans tous les sens et à chercher des mots, à tourner les phrases.
En somme, dit Lucien l’âne, si j’ai bien suivi, la rime force à donner place à la forme ; elle contraint à l’esthétique de la pensée poétique.
Elle force, elle forge, elle martèle ; mais l’art du sculpteur – de bois, de pierre, de marbre ou de phrases, peu importe – impose de marteler. Ingeborg Bachmann, poétesse autrichienne de langue allemande, elle forgeait différemment.
J’aimerais, dit Lucien l’âne en souriant, Marco Valdo M.I. mon ami, que tu me parles un peu de cette poétesse et puis aussi, de cette chanson.
C’est ce que je comptais bien faire, mais cette introduction était nécessaire, précisément, car il s’agissait d’un poème d’Ingeborg Bachmann, laquelle menait un combat littéraire assez éloigné de la forme de la chanson telle que je la pratique – forme qui se réclame de l’aède aveugle et nécessite le martèlement du récit. Par ailleurs, il s’agit aussi de tisser, comme tu le sais.
Tisser et marteler, tisseur et marteleur, ce pourrait être une définition du poète, du chanteur de la langue. Peu importe la langue, d’ailleurs. Il me plaît de penser cela, dit Lucien l’âne. Mais, je t’en prie, continue.
J’en viens à Ingeborg Bachmann qui est une étoile apparue dans le ciel trop sombre de l’après-Reich. Ce n’est pas un hasard si elle s’est mêlée au Gruppe 47 (groupe 47), lequel – dès 1947 – s’employa à redonner une littérature à l’univers de langue allemande et une littérature allemande à la littérature mondiale.
Et il y est arrivé, dit Lucien l’âne.
Et comment !, poursuit Marco Valdo M.I. Dans ce groupe 47, on retrouve à peu près tout ce qui compte d’écrivains de langue allemande de la seconde moitié du siècle dernier, dont bien sûr, Günter Grass, notre guide dans ces histoires d’Allemagne. Pour les autres, je préfère ne citer personne, car la liste est vraiment longue et j’avoue mon ignorance, car je connais assez peu la plupart de ces auteurs.
Donc, Ingeborg Bachmann a écrit ce « Alle Tage » – « Chaque jour ». « Chaque jour » : d’abord, est-ce bien ce qu’elle voulait dire ? Aurait-elle préféré « Quotidien », comme je l’ai pensé ? Je ne le saurai jamais. Quand je l’ai eu mise en forme, « Chaque jour » m’a stupéfié en ce que cette chanson est celle de la quotidienneté de la lutte et de la résistance aux ordres. Elle m’est apparue comme familière, comme si Ingeborg Bachmann avait écrit le vade-mecum de la Guerre de Cent Mille Ans.
Mais, c’est chronologiquement impossible, dit Lucien l’âne en roulant des yeux comme des spirales lumineuses. « Alle Tage » a été écrit environ soixante ans avant la première ligne de la Guerre de Cent Mille Ans Alle Tage.
Oh, je le sais, dit Marco Valdo M.I. Je le sais que c’est anachronique, mais je considère quand même « Alle Tage » ainsi ou comme une glose. À moins que ce ne soit l’inverse, évidemment. Voilà tout.
Voilà tout, dis-tu, Marco Valdo M.I. mon ami. Ce tout n’est pas rien et il me plonge dans un abîme de réflexion qui ne me déplaît pas. Cependant, il nous faut, nous aussi, comme Ingeborg Bachmann le fit toute sa vie, tisser le linceul de ce vieux monde si peu poétique, plat, stupide et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Chanson allemande – Alle Tage – Ingeborg Bachmann – 1952
Cette chanson, Lucien l’âne mon ami, m’a demandé beaucoup de temps, car j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour établir ma version française – celle qui me permet de comprendre.
De comprendre ? Je ne te comprends pas, Marco Valdo M.I. mon ami. Dois-je comprendre qu’au départ, tu ne comprends pas ?
En effet, Lucien l’âne mon ami, c’est bien ça. Je te rappelle – je sais parfaitement que tu le sais, mais il y a d’autres qui peuvent ne pas savoir – je te rappelle donc que hormis le français, je ne connais aucune langue et que si je « traduis », c’est pour comprendre ce qui s’offre à mon regard comme un rébus. Passons sur le fait qu’à la longue, les choses sont plus faciles et que je finis quand même par pouvoir déchiffrer plus aisément certaines langues. L’italien, par exemple. De là à dire que je connais vraiment la langue de Carlo Levi, il y a de la marge.
Soit. J’imagine, Marco Valdo M.I., que les choses se présentent ainsi : devant toi, il y a un texte que tu ne comprends pas ou que tu ne saisis pas complètement.
C’est exactement le cas. Donc, c’est de faire la version française qui me permet de comprendre ce que j’ai devant moi. J’insiste sur le faire, sur ce travail particulier, sur cette manipulation des mots et des idées et des sensations et de certaines intuitions ; vue ainsi, la « traduction » est une recréation. Je ne pars donc pas d’une « science » préalable que j’appliquerais à ce qui est là donné, mais bien de mon « ignorance » pour m’éclairer – moi, tout le premier – quant au sens de ce que je découvre ainsi et pour assurer mon savoir nouveau, je lui donne une forme, je le transforme en un objet qui me satisfait. Avant d’en terminer avec ces considérations personnelles, je voudrais revenir un instant sur la question de la rime. Question, à mes yeux, essentielle en ce qu’elle est intimement liée à la musicalité du texte poétique. Verlaine ne critiquait la rime que pour mieux la magnifier. La rime, c’est le bâton du poète ; elle l’aide à marcher. Cependant, en qui me concerne, elle a un autre rôle, c’est quelle contraint à réfléchir le texte, à en reconstituer une image dans un autre miroir, à le soumettre à certaines torsions particulières, à le plier dans tous les sens et à chercher des mots, à tourner les phrases.
En somme, dit Lucien l’âne, si j’ai bien suivi, la rime force à donner place à la forme ; elle contraint à l’esthétique de la pensée poétique.
Elle force, elle forge, elle martèle ; mais l’art du sculpteur – de bois, de pierre, de marbre ou de phrases, peu importe – impose de marteler. Ingeborg Bachmann, poétesse autrichienne de langue allemande, elle forgeait différemment.
J’aimerais, dit Lucien l’âne en souriant, Marco Valdo M.I. mon ami, que tu me parles un peu de cette poétesse et puis aussi, de cette chanson.
C’est ce que je comptais bien faire, mais cette introduction était nécessaire, précisément, car il s’agissait d’un poème d’Ingeborg Bachmann, laquelle menait un combat littéraire assez éloigné de la forme de la chanson telle que je la pratique – forme qui se réclame de l’aède aveugle et nécessite le martèlement du récit. Par ailleurs, il s’agit aussi de tisser, comme tu le sais.
Tisser et marteler, tisseur et marteleur, ce pourrait être une définition du poète, du chanteur de la langue. Peu importe la langue, d’ailleurs. Il me plaît de penser cela, dit Lucien l’âne. Mais, je t’en prie, continue.
J’en viens à Ingeborg Bachmann qui est une étoile apparue dans le ciel trop sombre de l’après-Reich. Ce n’est pas un hasard si elle s’est mêlée au Gruppe 47 (groupe 47), lequel – dès 1947 – s’employa à redonner une littérature à l’univers de langue allemande et une littérature allemande à la littérature mondiale.
Et il y est arrivé, dit Lucien l’âne.
Et comment !, poursuit Marco Valdo M.I. Dans ce groupe 47, on retrouve à peu près tout ce qui compte d’écrivains de langue allemande de la seconde moitié du siècle dernier, dont bien sûr, Günter Grass, notre guide dans ces histoires d’Allemagne. Pour les autres, je préfère ne citer personne, car la liste est vraiment longue et j’avoue mon ignorance, car je connais assez peu la plupart de ces auteurs.
Donc, Ingeborg Bachmann a écrit ce « Alle Tage » – « Chaque jour ». « Chaque jour » : d’abord, est-ce bien ce qu’elle voulait dire ? Aurait-elle préféré « Quotidien », comme je l’ai pensé ? Je ne le saurai jamais. Quand je l’ai eu mise en forme, « Chaque jour » m’a stupéfié en ce que cette chanson est celle de la quotidienneté de la lutte et de la résistance aux ordres. Elle m’est apparue comme familière, comme si Ingeborg Bachmann avait écrit le vade-mecum de la Guerre de Cent Mille Ans.
Mais, c’est chronologiquement impossible, dit Lucien l’âne en roulant des yeux comme des spirales lumineuses. « Alle Tage » a été écrit environ soixante ans avant la première ligne de la Guerre de Cent Mille Ans Alle Tage.
Oh, je le sais, dit Marco Valdo M.I. Je le sais que c’est anachronique, mais je considère quand même « Alle Tage » ainsi ou comme une glose. À moins que ce ne soit l’inverse, évidemment. Voilà tout.
Voilà tout, dis-tu, Marco Valdo M.I. mon ami. Ce tout n’est pas rien et il me plonge dans un abîme de réflexion qui ne me déplaît pas. Cependant, il nous faut, nous aussi, comme Ingeborg Bachmann le fit toute sa vie, tisser le linceul de ce vieux monde si peu poétique, plat, stupide et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
CHAQUE JOUR
La guerre ne sera plus déclarée,
Elle est seulement continuée.
L’inouï est devenu quotidien.
Le héros se terre dans un coin.
Le faible est envoyé à la bataille.
La patience est l’uniforme de l’heure.
La décoration, la pauvre étoile,
Espoir au-dessus des cœurs.
On l’attribuera
Quand plus rien n’arrivera,
Quand le feu roulant se taira,
Quand l’ennemi disparaîtra,
Et l’ombre de la protection éternelle
Alors couvrira le ciel.
On l’attribuera aussitôt
Pour la débandade des drapeaux,
Pour la bravoure face à l’ami,
Pour la révélation des secrets interdits,
Pour la résistance
À tous les ordres.
La guerre ne sera plus déclarée,
Elle est seulement continuée.
L’inouï est devenu quotidien.
Le héros se terre dans un coin.
Le faible est envoyé à la bataille.
La patience est l’uniforme de l’heure.
La décoration, la pauvre étoile,
Espoir au-dessus des cœurs.
On l’attribuera
Quand plus rien n’arrivera,
Quand le feu roulant se taira,
Quand l’ennemi disparaîtra,
Et l’ombre de la protection éternelle
Alors couvrira le ciel.
On l’attribuera aussitôt
Pour la débandade des drapeaux,
Pour la bravoure face à l’ami,
Pour la révélation des secrets interdits,
Pour la résistance
À tous les ordres.
inviata da Marco Valdo M.I. - 4/8/2016 - 11:47
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Versi di Ingeborg Bachmann, dalla raccolta intitolata “Die gestundete Zeit” [Il tempo dilazionato], 1953.
Musica di Dieter Kaufmann (1941-), compositore austriaco, nella sua opera “Evocation - Oratorium Gegen Die Gewalt Nach Gedichten von Ingeborg Bachmann” del 1974.