Avant Quatre-vingt-neuf
On n'était pas un homme
Sans titre et sans argent,
Mais la bête de somme
D'un seigneur insolent:
Et notre pauvre France
Était dans l'indolence
Avant Quatre-vingt-neuf.
Avant Quatre-vingt-neuf,
De quelle pauvre race,
Tonnerre! étions-nous donc?
Mais de tout on se lasse,
Et lançant un juron,
Le peuple débonnaire,
Dans un jour de colère.
Hurla Quatre-vingt-neuf!
Hurla Quatre-vingt-neuf,
Et coupant les racines
Qui produisaient les rois,
Sur le trône en ruines
Il inscrivit ses droits:
Un trône, comme un saule,
S'abat d'un coup d'épaule
Dans un Quatre-vingt-neuf.
Dans un Quatre-vingt-neuf,
La vengeance publique
Marche à pas de géants.
Et c'est la République
Qui jaillit de ses flancs:
Cette mère des mâles
Qui fait peur aux gens pâles
Depuis quatre-vingt-neuf!
Depuis quatre-vingt-neuf,
On a taillé les hommes
A même les granits.
Ceux du temps où nous sommes
Seraient-ils plus petits?
Pourquoi la décroissance,
Et n'est-on plus en France
Fils de quatre-vingt-neuf?
Fils de quatre-vingt-neuf,
Ardents comme la foudre
Vous construisez des lois,
Vous brûlez de la poudre.
Vous châtiez les rois,
Et, las de faux apôtres.
Vous en reprenez d'autres
Nés de quatre-vingt-neuf.
Nés de quatre-vingt-neuf,
Ils ont construit leur aire
Avec nos ossements;
Mais les flancs de la terre
En sont encor fumants.
Si le peuple sommeille,
Gare qu'il se réveille
Comme en quatre-vingt-neuf!
Comme en quatre-vingt-neuf.
Le peuple est au supplice.
On n'a rien fait pour lui.
Au nom de la justice,
Il est temps aujourd'hui
Que les serfs des usines,
De la terre et des mines
Aient leur quatre-vingt-neuf!
On n'était pas un homme
Sans titre et sans argent,
Mais la bête de somme
D'un seigneur insolent:
Et notre pauvre France
Était dans l'indolence
Avant Quatre-vingt-neuf.
Avant Quatre-vingt-neuf,
De quelle pauvre race,
Tonnerre! étions-nous donc?
Mais de tout on se lasse,
Et lançant un juron,
Le peuple débonnaire,
Dans un jour de colère.
Hurla Quatre-vingt-neuf!
Hurla Quatre-vingt-neuf,
Et coupant les racines
Qui produisaient les rois,
Sur le trône en ruines
Il inscrivit ses droits:
Un trône, comme un saule,
S'abat d'un coup d'épaule
Dans un Quatre-vingt-neuf.
Dans un Quatre-vingt-neuf,
La vengeance publique
Marche à pas de géants.
Et c'est la République
Qui jaillit de ses flancs:
Cette mère des mâles
Qui fait peur aux gens pâles
Depuis quatre-vingt-neuf!
Depuis quatre-vingt-neuf,
On a taillé les hommes
A même les granits.
Ceux du temps où nous sommes
Seraient-ils plus petits?
Pourquoi la décroissance,
Et n'est-on plus en France
Fils de quatre-vingt-neuf?
Fils de quatre-vingt-neuf,
Ardents comme la foudre
Vous construisez des lois,
Vous brûlez de la poudre.
Vous châtiez les rois,
Et, las de faux apôtres.
Vous en reprenez d'autres
Nés de quatre-vingt-neuf.
Nés de quatre-vingt-neuf,
Ils ont construit leur aire
Avec nos ossements;
Mais les flancs de la terre
En sont encor fumants.
Si le peuple sommeille,
Gare qu'il se réveille
Comme en quatre-vingt-neuf!
Comme en quatre-vingt-neuf.
Le peuple est au supplice.
On n'a rien fait pour lui.
Au nom de la justice,
Il est temps aujourd'hui
Que les serfs des usines,
De la terre et des mines
Aient leur quatre-vingt-neuf!
envoyé par Bernart Bartleby - 30/4/2014 - 15:42
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Versi di Jean-Baptiste Clément
Musica di Joseph Darcier (1819-1883), insegnante di canto e musica, attore di teatro, cantante, cantautore, musicista, compositore e goguettier.
Una canzone sul tradimento degli ideali della Rivoluzione, scritta pochi anni prima della Comune e dedicata ad un martire di questa, Théophile Ferré (1846-1871), impiegato in uno studio legale, seguace del socialista rivoluzionario Auguste Blanqui, consigliere della Comune, arrestato, condannato a morte e fucilato vicino a Versailles il 28 novembre del 1871.
C'est au tour des travailleurs de poursuivre l'oeuvre commencée et de hâter l'avènement de la révolution économique, de la quelle sortira l'émancipation humaine et l'égalité pour tous.
C'est ce que j'ai indiqué dans le dérnier couplet de cette chanson, que Darcier n'a pu chanter qu'après la chute de l'empire.”
Spetta ai lavoratori di proseguire l’opera cominciata e di accelerare l’avverarsi della rivoluzione economica, da cui deriverà l’emancipazione umana e l’eguaglianza per tutti.
E’ ciò a cui mi riferivo nell’ultima strofa di questa canzone, che Darcier non ha potuto cantare fin dopo la caduta dell’impero [Clément si riferisce al fatto che fino al 1871 l’ultima strofa fu censurata dal regime] .”
Jean-Baptiste Clemént in “Chansons de Jean-Baptiste Clemént”, Parigi, 1885