Ein Mann, der einen Selbstmord unternahm
und den man rettete, als er schon schlief,
schrieb, als er schließlich wieder zu sich kam,
den Brief:
„Ihr Esel habt mich wieder aufgeweckt.
Ihr habt mit mir geturnt. Ich war schon tot.
Ihr habt mich krummgedrückt und langgestreckt.
Ich war schon fast hinüber, sapperlot.
Ihr habt mir meine Steuern nie bezahlt.
Ihr habt mir nie nur eine Mark geborgt.
Ich hatte einen Posten, den Ihr stahlt.
Ihr habt mir keinen anderen besorgt.
Ihr habt mich überall herumgeschickt.
Ich wollte Arbeit. Doch Ihr gabt sie nicht.
Ihr habt mich kalt und böse angeblickt.
Ihr spracht mit mir, wie man mit Dieben spricht.
Ihr habt mich, als ich krank war, nicht geheilt.
Ihr habt mich, wenn ich krank war, noch gekränkt.
Ihr habt Euch, als ich lebte, nie beeilt!
Und meine Frau hat sich an Euch verschenkt.
Ihr weckt mich auf. Woher nehmt Ihr den Mut?
Ihr hieltet mich zurück. Ich wollte fort.
Wenn jemand endlich das, was ich tat, tut,
dann wird aus Lebensrettung Mord.
Habt Ihr mich denn noch nicht genug gequält?
Soll das noch einmal losgehn Tag für Tag?
Ich denk nicht dran! Das hat mir noch gefehlt!
Ich mag nicht mehr! Warum? Weil ich nicht mag.“
Man muß nicht leben, wenn man es nicht darf.
und den man rettete, als er schon schlief,
schrieb, als er schließlich wieder zu sich kam,
den Brief:
„Ihr Esel habt mich wieder aufgeweckt.
Ihr habt mit mir geturnt. Ich war schon tot.
Ihr habt mich krummgedrückt und langgestreckt.
Ich war schon fast hinüber, sapperlot.
Ihr habt mir meine Steuern nie bezahlt.
Ihr habt mir nie nur eine Mark geborgt.
Ich hatte einen Posten, den Ihr stahlt.
Ihr habt mir keinen anderen besorgt.
Ihr habt mich überall herumgeschickt.
Ich wollte Arbeit. Doch Ihr gabt sie nicht.
Ihr habt mich kalt und böse angeblickt.
Ihr spracht mit mir, wie man mit Dieben spricht.
Ihr habt mich, als ich krank war, nicht geheilt.
Ihr habt mich, wenn ich krank war, noch gekränkt.
Ihr habt Euch, als ich lebte, nie beeilt!
Und meine Frau hat sich an Euch verschenkt.
Ihr weckt mich auf. Woher nehmt Ihr den Mut?
Ihr hieltet mich zurück. Ich wollte fort.
Wenn jemand endlich das, was ich tat, tut,
dann wird aus Lebensrettung Mord.
Habt Ihr mich denn noch nicht genug gequält?
Soll das noch einmal losgehn Tag für Tag?
Ich denk nicht dran! Das hat mir noch gefehlt!
Ich mag nicht mehr! Warum? Weil ich nicht mag.“
Man muß nicht leben, wenn man es nicht darf.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 7/2/2013 - 20:03
Langue: français
Version française – SAUT PÉRILLEUX – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson allemande –Saldo mortale – Erich Kästner – 1929
Chanson allemande –Saldo mortale – Erich Kästner – 1929
Saut Périlleux, mon ami Lucien l'âne, est une chanson terrible. Elle raconte un suicide, mais d'une façon extrêmement concrète et directe. Un peu comme un reportage en direct. Ici, Kästner, qui est d'ailleurs journaliste, anticipe sur certains reportages de la télévision et fait remarquable, nous alors sommes en 1929... Kästner détaille seconde par seconde ce suicide dont le côté dramatique est encore renforcé par l'intervention d'un tiers qui veut « sauver » le suicidé. En somme, il le réveille contre son gré...
Si on ne peut même plus se suicider en paix...La vie ne vaut plus la peine d'être vécue..., dit Lucien l'âne en clignant de l’œil gauche.
En effet, on devrait pouvoir se suicider en paix et même, à mon avis, au besoin être soutenu... Dans certaines circonstances douloureuses à l'extrême, ce sont des choses qui peuvent arriver. Et vois-tu, Lucien l'âne mon ami, cette question du suicide est récurrente dans l'histoire des hommes et elle fut très développée dans cette Allemagne de Weimar si moderne, si en avance sur les temps barbares qui vont suivre son propre suicide ; la République de Weimar était sans doute trop en avance d'ailleurs dans certains domaines, dont notamment tout ce qui concerne la liberté des mœurs et des conceptions de la vie. Même si par ailleurs, elle était le théâtre d'un des épisodes les plus violents de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de les écraser sous leur domination et de les forcer à subir l'exploitation la plus dure... Cet épisode va déboucher comme tu le sais sans doute sur le retour au Reich... et le pouvoir quasi-absolu des nazis sur les Allemands, avant que cette terreur tumorale ne s'étende au reste de l'Europe...
Bon, finalement, le suicidé est sauvé et puis ensuite ? Que se passe-t-il ?, demande Lucien l'âne en se redressant.
Eh bien, la chanson rapporte le soliloque du suicidé qui reproche à son « sauveur » de l'avoir tiré de son coma et lui reproche de l'avoir mis dans une situation de vie épouvantable, une vie de malheur, une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue. Et il lui crie au visage que le fait-même de l'avoir sauvé est en soi un meurtre... « Quand quelqu'un finalement, fait ce que j'ai fait, Alors son sauvetage est un meurtre. »...
Paroles de suicidé !, dit Lucien l'âne.
Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, je pense bien que Kästner anticipait sur les années noires qui s'annonçaient. J'ai d'ailleurs un peu l'impression que ce suicide et ce réveil brutal et les tourments atroces qui vont reparaître, c'est un peu celui du peuple allemand. Lequel peuple, c'est-à-dire cette agglutination de gens qui vivent ensemble dans une même contrée et souvent dans une même langue, en subit encore toujours aujourd'hui les effets. Évidemment, pour éviter toute équivoque, il faut resituer cette notion de peuple dans le cadre de la Guerre de Cent Mille Ans où on trouve les riches, les aspirants riches et leurs servants, d'un côté et les pauvres, c'est-à-dire le peuple, de l'autre. Comme le sent bien la pensée et la morale commune : le peuple, ce sont les pauvres. Point final.
Il fallait le dire, Marco Valdo M.I. mon ami, car bien des gens essayent de noyer le poisson et de faire accroire aux gens que la société est une entité commune et qu'il existe un bien commun équitablement partagé entre les riches et les pauvres... Mais c'est une odieuse mascarade.
Et pour en revenir au suicide, au droit au suicide, à l'impérieuse nécessité du suicide – dans certaines circonstances, il est une libération. Le suicide, c'est l'euthanasie d'une personne encore en état de s'auto-détruire... Et bien évidemment, on ne s'autodétruit pas sans de profondes et désespérantes raisons... Ce qui fait qu'en Allemagne de ces années-là, où la misère frappait – comme elle frappe en Grèce aujourd’hui (je dis en Grèce, mais aussi en Allemagne, au Portugal, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Irlande... et comme tu sais, en Italie), le suicide faisait rage, se développait et il atteignit des sommets dans la décade qui suivit... Jusqu'au suicide de presque tout le peuple allemand... lancé par une bande de délirants dans l'aventure suicidaire d'un Reich de mille ans.
Comme dans l'Europe d'aujourd'hui, on pourrait à certains égards retrouver bien des traits de cette période de la République de Weimar et pour éviter ce qui s'en est suivi il y a quatre-vingts ans, reprenons notre tâche, qui n'est certes pas de sonner le tocsin, quoique ce soit bien indiqué, mais de tisser le linceul de ce vieux monde répétitif, bégayant, suicidaire et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Si on ne peut même plus se suicider en paix...La vie ne vaut plus la peine d'être vécue..., dit Lucien l'âne en clignant de l’œil gauche.
En effet, on devrait pouvoir se suicider en paix et même, à mon avis, au besoin être soutenu... Dans certaines circonstances douloureuses à l'extrême, ce sont des choses qui peuvent arriver. Et vois-tu, Lucien l'âne mon ami, cette question du suicide est récurrente dans l'histoire des hommes et elle fut très développée dans cette Allemagne de Weimar si moderne, si en avance sur les temps barbares qui vont suivre son propre suicide ; la République de Weimar était sans doute trop en avance d'ailleurs dans certains domaines, dont notamment tout ce qui concerne la liberté des mœurs et des conceptions de la vie. Même si par ailleurs, elle était le théâtre d'un des épisodes les plus violents de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de les écraser sous leur domination et de les forcer à subir l'exploitation la plus dure... Cet épisode va déboucher comme tu le sais sans doute sur le retour au Reich... et le pouvoir quasi-absolu des nazis sur les Allemands, avant que cette terreur tumorale ne s'étende au reste de l'Europe...
Bon, finalement, le suicidé est sauvé et puis ensuite ? Que se passe-t-il ?, demande Lucien l'âne en se redressant.
Eh bien, la chanson rapporte le soliloque du suicidé qui reproche à son « sauveur » de l'avoir tiré de son coma et lui reproche de l'avoir mis dans une situation de vie épouvantable, une vie de malheur, une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue. Et il lui crie au visage que le fait-même de l'avoir sauvé est en soi un meurtre... « Quand quelqu'un finalement, fait ce que j'ai fait, Alors son sauvetage est un meurtre. »...
Paroles de suicidé !, dit Lucien l'âne.
Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, je pense bien que Kästner anticipait sur les années noires qui s'annonçaient. J'ai d'ailleurs un peu l'impression que ce suicide et ce réveil brutal et les tourments atroces qui vont reparaître, c'est un peu celui du peuple allemand. Lequel peuple, c'est-à-dire cette agglutination de gens qui vivent ensemble dans une même contrée et souvent dans une même langue, en subit encore toujours aujourd'hui les effets. Évidemment, pour éviter toute équivoque, il faut resituer cette notion de peuple dans le cadre de la Guerre de Cent Mille Ans où on trouve les riches, les aspirants riches et leurs servants, d'un côté et les pauvres, c'est-à-dire le peuple, de l'autre. Comme le sent bien la pensée et la morale commune : le peuple, ce sont les pauvres. Point final.
Il fallait le dire, Marco Valdo M.I. mon ami, car bien des gens essayent de noyer le poisson et de faire accroire aux gens que la société est une entité commune et qu'il existe un bien commun équitablement partagé entre les riches et les pauvres... Mais c'est une odieuse mascarade.
Et pour en revenir au suicide, au droit au suicide, à l'impérieuse nécessité du suicide – dans certaines circonstances, il est une libération. Le suicide, c'est l'euthanasie d'une personne encore en état de s'auto-détruire... Et bien évidemment, on ne s'autodétruit pas sans de profondes et désespérantes raisons... Ce qui fait qu'en Allemagne de ces années-là, où la misère frappait – comme elle frappe en Grèce aujourd’hui (je dis en Grèce, mais aussi en Allemagne, au Portugal, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Irlande... et comme tu sais, en Italie), le suicide faisait rage, se développait et il atteignit des sommets dans la décade qui suivit... Jusqu'au suicide de presque tout le peuple allemand... lancé par une bande de délirants dans l'aventure suicidaire d'un Reich de mille ans.
Comme dans l'Europe d'aujourd'hui, on pourrait à certains égards retrouver bien des traits de cette période de la République de Weimar et pour éviter ce qui s'en est suivi il y a quatre-vingts ans, reprenons notre tâche, qui n'est certes pas de sonner le tocsin, quoique ce soit bien indiqué, mais de tisser le linceul de ce vieux monde répétitif, bégayant, suicidaire et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
SAUT PÉRILLEUX
Un homme interrompt un suicide
Et l'homme sauvé, quand il dormait encore,
Quand enfin il revint à lui, lui écrivit
La lettre que voici :
« Âne, vous m'avez réveillé.
Vous vous êtes acharné sur moi. J'étais déjà mort.
Vous m'avez remis de travers et allongé.
J'étais déjà presque dans l'au-delà, saperlotte.
Vous n'avez jamais payé mes impôts.
Vous ne m'avez jamais prêté même un Mark.
J'avais une place, vous me l'avez piquée.
Vous ne m'avez rien apporté d'autre
Vous m'avez-moi trimbalé partout
Je voulais un travail. Pourtant, vous ne m'avez rien donné.
Vous m'avez regardé froidement et méchamment.
Vous m'avez parlé comme on parle à des voleurs.
Quand j'étais malade, vous ne m'avez pas soigné.
Quand j'étais malade, vous m'avez offensé.
Quand je vivais, vous ne vous êtes jamais empressé !
Et ma femme s'est donnée à vous.
Vous m'avez réveillé. D'où tenez-vous ce courage ?
Vous m'avez ramené. Je voulais m'en aller.
Quand quelqu'un finalement, fait ce que j'ai fait,
Alors son sauvetage est un meurtre.
Vous ne m'avez donc pas encore assez tourmenté ?
Cela doit-il encore une fois aller à vau-l'eau jour après jour ?
Je ne pense pas du tout ! Pour moi, c'est encore raté !
Je ne peux plus ! Pourquoi ? Parce que je ne peux pas. »
On ne doit pas vivre, quand on ne le peut pas.
Quand il a lu dans le journal son « Sauvetage »,
Il est monté au quatrième étage et s'est jeté
Dans la cour, où sa fille était assise.
Un homme interrompt un suicide
Et l'homme sauvé, quand il dormait encore,
Quand enfin il revint à lui, lui écrivit
La lettre que voici :
« Âne, vous m'avez réveillé.
Vous vous êtes acharné sur moi. J'étais déjà mort.
Vous m'avez remis de travers et allongé.
J'étais déjà presque dans l'au-delà, saperlotte.
Vous n'avez jamais payé mes impôts.
Vous ne m'avez jamais prêté même un Mark.
J'avais une place, vous me l'avez piquée.
Vous ne m'avez rien apporté d'autre
Vous m'avez-moi trimbalé partout
Je voulais un travail. Pourtant, vous ne m'avez rien donné.
Vous m'avez regardé froidement et méchamment.
Vous m'avez parlé comme on parle à des voleurs.
Quand j'étais malade, vous ne m'avez pas soigné.
Quand j'étais malade, vous m'avez offensé.
Quand je vivais, vous ne vous êtes jamais empressé !
Et ma femme s'est donnée à vous.
Vous m'avez réveillé. D'où tenez-vous ce courage ?
Vous m'avez ramené. Je voulais m'en aller.
Quand quelqu'un finalement, fait ce que j'ai fait,
Alors son sauvetage est un meurtre.
Vous ne m'avez donc pas encore assez tourmenté ?
Cela doit-il encore une fois aller à vau-l'eau jour après jour ?
Je ne pense pas du tout ! Pour moi, c'est encore raté !
Je ne peux plus ! Pourquoi ? Parce que je ne peux pas. »
On ne doit pas vivre, quand on ne le peut pas.
Quand il a lu dans le journal son « Sauvetage »,
Il est monté au quatrième étage et s'est jeté
Dans la cour, où sa fille était assise.
envoyé par Marco Valdo M.I. - 7/2/2013 - 21:12
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Erich Kästner - 1929
Aus: Kästner, Erich. ‚Ein Mann gibt Auskunft’. In: Zeitgenossen, haufenweise, S. 154f. Erstdruck: Montag Morgen, 11. 11. 1929.