In stiller Nacht und monogamen Betten
denkst du dir aus, was dir am Leben fehlt.
Die Nerven knistern. Wenn wir das doch hätten,
was uns, weil es nicht da ist, leise quält.
Du präparierst dir im Gedankengange
das, was du willst - und nachher kriegst das nie ...
Man möchte immer eine große Lange,
und dann bekommt man eine kleine Dicke -
C'est la vie -!
Sie muß sich wie in einem Kugellager
in ihren Hüften biegen, groß und blond.
Ein Pfund zu wenig - und sie wäre mager,
wer je in diesen Haaren sich gesonnt ...
Nachher erliegst du dem verfluchten Hange,
der Eile und der Phantasie.
Man möchte immer eine große Lange,
und dann bekommt man eine kleine Dicke -
Ssälawih -!
Man möchte eine helle Pfeife kaufen
Und kauft die dunkle - andere sind nicht da.
Man möchte jeden Morgen dauerlaufen
und tut es nicht. Beinah ... beinah ...
Wir dachten unter kaiserlichem Zwange
an eine Republik ... und nun ists die!
Man möchte immer eine große Lange,
und dann bekommt man eine kleine Dicke -
Ssälawih -!
denkst du dir aus, was dir am Leben fehlt.
Die Nerven knistern. Wenn wir das doch hätten,
was uns, weil es nicht da ist, leise quält.
Du präparierst dir im Gedankengange
das, was du willst - und nachher kriegst das nie ...
Man möchte immer eine große Lange,
und dann bekommt man eine kleine Dicke -
C'est la vie -!
Sie muß sich wie in einem Kugellager
in ihren Hüften biegen, groß und blond.
Ein Pfund zu wenig - und sie wäre mager,
wer je in diesen Haaren sich gesonnt ...
Nachher erliegst du dem verfluchten Hange,
der Eile und der Phantasie.
Man möchte immer eine große Lange,
und dann bekommt man eine kleine Dicke -
Ssälawih -!
Man möchte eine helle Pfeife kaufen
Und kauft die dunkle - andere sind nicht da.
Man möchte jeden Morgen dauerlaufen
und tut es nicht. Beinah ... beinah ...
Wir dachten unter kaiserlichem Zwange
an eine Republik ... und nun ists die!
Man möchte immer eine große Lange,
und dann bekommt man eine kleine Dicke -
Ssälawih -!
inviata da Dead End - 31/1/2013 - 09:17
Lingua: Francese
Version française - IDÉAL ET RÉALITÉ – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson allemande – Ideal und Wirklichkeit – Kurt Tucholsky – 1929
Ce poème sarcastique et amer, écrit par Kurt Tucholsky peu avant que l'Allemagne ne se rende au fascisme maintenant envahissant , fut mise en musique par Hanns Eisler à la fin des années 50, à la demande d'Ernst Busch qui voulait l'interpréter.
Tucholsky était un grand journaliste et un écrivain satirique. Tombé profondément amoureux du cabaret, au point de se transférer en France dans les premiers années 20 pour le savourer dans sa meilleure expression (même si celui de Weimar n'était certain pas moins intéressant, et Tucholsky lui donna sa précieuse contribution en écrivant beaucoup de sketches), dans ses écrits, même ceux apparemment plus « légers », transparaît d'abord tout son espoir dans la phase démocratique qui s'est ouverte en Allemagne dans l'entre-deux-guerres, avec la promulgation de la Constitution de 1919 ; ensuite, plus tard, toute la déception et le désespoir pour la fin de ce rêve – qu'en 1929, année de composition de ces vers, était déjà entièrement évidente – renversé par la crise économique mondiale, par la soudure entre le vieil et le nouvel autoritarisme, entre le grand capital et le national-socialisme montant.
Déjà en 1930 Tucholsky choisit l'exil en Suède. En 1933, les nazis lui révoquèrent la citoyenneté allemande, lui confisquèrent toutes ses biens et ils brûlèrent tous ses livres et ses publications, en arrivant à emprisonner son très cher ami Carl von Ossietzky que Tucholsky avait laissé pour diriger l'important hebdomadaire culturel « Die Weltbühne » refondé par lui en 1914… Tucholsky se suicidera à Göteborg en décembre de 1935 ; Ossietzky mourra dans un camp de concentration nazi à Berlin en mai de 1938, bien qu'en 1935 il avait reçu le Prix Nobel pour la Paix…
Dans ce « Songe et Réalité », Tucholsky joue ironiquement de la comparaison entre la femme idéale, haute et mince, et celle réelle, basse et grasse, pour raconter combien le peuple allemand était mal préparé à jouir des libertés démocratiques et se faisait infailliblement m'embobiner d'un nouveau et plus féroce autoritarisme. Le contraste entre l'idéal, les attentes, les rêves, et la brutale réalité de la société humaine, ainsi va le monde, conclut Tucholsky : « C'est la vie ! Célavi ! »Et dans les années 50 ce qui avait été le douloureux et sarcastique regret de Tucholsky pour la fin du rêve démocratique de Weimar devenait le chagrin et la rage d'Eisler pour la trahison du rêve socialiste se fracassant contre la réalité du totalitarisme soviétique…
******
Je voudrais simplement faire la remarque que cette chanson a ceci de particulier qu'on y voit les penchants féminins de Kurt Tucholsky, lequel apparaissait déjà dans une autre chanson, où il faisait son entrée dans la vie de Mademoiselle Ilse, qui devait être grande, mince et blonde, assurément. Mademoiselle Ilse, dit Marco Valdo M.I.
Certes, dit Lucien l'âne en riant, je me souviens très bien de cette histoire d'Allemagne dans laquelle on rendait hommage à Kurt Tuchoslky, alias Peter Pan (ter) et autres personnages. Et Günter Grass et toi aviez bien raison car Tucholsky est un fameux canut, un formidable tisserand qui, tout comme nous essayons de le faire maintenant, tissa le linceul du vieux monde guerrier, militariste, nationaliste, ambitieux, avide, assassin et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Chanson allemande – Ideal und Wirklichkeit – Kurt Tucholsky – 1929
Ce poème sarcastique et amer, écrit par Kurt Tucholsky peu avant que l'Allemagne ne se rende au fascisme maintenant envahissant , fut mise en musique par Hanns Eisler à la fin des années 50, à la demande d'Ernst Busch qui voulait l'interpréter.
Tucholsky était un grand journaliste et un écrivain satirique. Tombé profondément amoureux du cabaret, au point de se transférer en France dans les premiers années 20 pour le savourer dans sa meilleure expression (même si celui de Weimar n'était certain pas moins intéressant, et Tucholsky lui donna sa précieuse contribution en écrivant beaucoup de sketches), dans ses écrits, même ceux apparemment plus « légers », transparaît d'abord tout son espoir dans la phase démocratique qui s'est ouverte en Allemagne dans l'entre-deux-guerres, avec la promulgation de la Constitution de 1919 ; ensuite, plus tard, toute la déception et le désespoir pour la fin de ce rêve – qu'en 1929, année de composition de ces vers, était déjà entièrement évidente – renversé par la crise économique mondiale, par la soudure entre le vieil et le nouvel autoritarisme, entre le grand capital et le national-socialisme montant.
Déjà en 1930 Tucholsky choisit l'exil en Suède. En 1933, les nazis lui révoquèrent la citoyenneté allemande, lui confisquèrent toutes ses biens et ils brûlèrent tous ses livres et ses publications, en arrivant à emprisonner son très cher ami Carl von Ossietzky que Tucholsky avait laissé pour diriger l'important hebdomadaire culturel « Die Weltbühne » refondé par lui en 1914… Tucholsky se suicidera à Göteborg en décembre de 1935 ; Ossietzky mourra dans un camp de concentration nazi à Berlin en mai de 1938, bien qu'en 1935 il avait reçu le Prix Nobel pour la Paix…
Dans ce « Songe et Réalité », Tucholsky joue ironiquement de la comparaison entre la femme idéale, haute et mince, et celle réelle, basse et grasse, pour raconter combien le peuple allemand était mal préparé à jouir des libertés démocratiques et se faisait infailliblement m'embobiner d'un nouveau et plus féroce autoritarisme. Le contraste entre l'idéal, les attentes, les rêves, et la brutale réalité de la société humaine, ainsi va le monde, conclut Tucholsky : « C'est la vie ! Célavi ! »Et dans les années 50 ce qui avait été le douloureux et sarcastique regret de Tucholsky pour la fin du rêve démocratique de Weimar devenait le chagrin et la rage d'Eisler pour la trahison du rêve socialiste se fracassant contre la réalité du totalitarisme soviétique…
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Je voudrais simplement faire la remarque que cette chanson a ceci de particulier qu'on y voit les penchants féminins de Kurt Tucholsky, lequel apparaissait déjà dans une autre chanson, où il faisait son entrée dans la vie de Mademoiselle Ilse, qui devait être grande, mince et blonde, assurément. Mademoiselle Ilse, dit Marco Valdo M.I.
Certes, dit Lucien l'âne en riant, je me souviens très bien de cette histoire d'Allemagne dans laquelle on rendait hommage à Kurt Tuchoslky, alias Peter Pan (ter) et autres personnages. Et Günter Grass et toi aviez bien raison car Tucholsky est un fameux canut, un formidable tisserand qui, tout comme nous essayons de le faire maintenant, tissa le linceul du vieux monde guerrier, militariste, nationaliste, ambitieux, avide, assassin et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
IDÉAL ET RÉALITÉ
Dans la nuit calme et notre lit monogame
On s'invente, ce qui manque de vie.
Les nerfs craquent. Quand enfin nous avons cela,
une chose nous tourmente doucement, elle n'est pas là.
On se figure en pensée
ce qu'on veut - et ensuite on ne le voit jamais…
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
C'est la vie !
Elle doit, montée sur roulements à billes ,
Tanguer des hanches, grande et blonde.
Une livre en moins - et elle serait maigre,
Qui donc alors dans ses cheveux irait se mirer …
On succombe ensuite à cette foutue passion,
Dans la hâte et l'imagination.
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
On aurait voulu acheter une flûte enchantée
Et on achète un ocarina, car il n'y rien d'autre là.
On voudrait chaque matin se laisser aller
Et ne rien faire. Comme ça...Comme ça…
Sous la contrainte impériale, nous avons pensé
À une république,… et maintenant elle est là !
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
Dans la nuit calme et notre lit monogame
On s'invente, ce qui manque de vie.
Les nerfs craquent. Quand enfin nous avons cela,
une chose nous tourmente doucement, elle n'est pas là.
On se figure en pensée
ce qu'on veut - et ensuite on ne le voit jamais…
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
C'est la vie !
Elle doit, montée sur roulements à billes ,
Tanguer des hanches, grande et blonde.
Une livre en moins - et elle serait maigre,
Qui donc alors dans ses cheveux irait se mirer …
On succombe ensuite à cette foutue passion,
Dans la hâte et l'imagination.
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
On aurait voulu acheter une flûte enchantée
Et on achète un ocarina, car il n'y rien d'autre là.
On voudrait chaque matin se laisser aller
Et ne rien faire. Comme ça...Comme ça…
Sous la contrainte impériale, nous avons pensé
À une république,… et maintenant elle est là !
On voudrait toujours une grande mince,
Et toujours, nous arrive une petite grosse -
Célavi !
inviata da Marco Valdo M.I. - 5/10/2013 - 20:17
Lingua: Italiano
Versione italiana di Francesco Mazzocchi
IDEALE E REALTÀ
Nella notte calma e nel letto monogamo
pensi a quello che ti manca nella vita.
I nervi frizzano. Ah, se avessimo quello
che, perché non c’è, ci tormenta sottilmente.
Tu ti prepari nel ragionamento
quello che vuoi – dopo di che non lo ottieni mai...
Se ne vorrebbe sempre una grande e slanciata,
e poi se ne ha una piccola e grassa -
C'est la vie -!
Lei deve come in cuscinetto a sfere
muovere i fianchi, grande e bionda.
Una libbra di meno – e sarebbe magra,
chi mai s’è beato in questi capelli...
E poi cadi in preda della maledetta tendenza,
della foga e della fantasia.
Se ne vorrebbe sempre una grande e slanciata,
e poi se ne ha una piccola e grassa -
Selavì -!
Si vorrebbe comprare una pipa chiara
e si compra quella scura – non ce ne sono altre.
Si vorrebbe tutte le mattine fare una corsetta
e non lo si fa. Quasi come... quasi come...
Sotto il giogo dell’impero noi pensavamo
a una repubblica... e adesso c’è!
Se ne vorrebbe sempre una grande e slanciata,
e poi se ne ha una piccola e grassa -
Selavì -!
Nella notte calma e nel letto monogamo
pensi a quello che ti manca nella vita.
I nervi frizzano. Ah, se avessimo quello
che, perché non c’è, ci tormenta sottilmente.
Tu ti prepari nel ragionamento
quello che vuoi – dopo di che non lo ottieni mai...
Se ne vorrebbe sempre una grande e slanciata,
e poi se ne ha una piccola e grassa -
C'est la vie -!
Lei deve come in cuscinetto a sfere
muovere i fianchi, grande e bionda.
Una libbra di meno – e sarebbe magra,
chi mai s’è beato in questi capelli...
E poi cadi in preda della maledetta tendenza,
della foga e della fantasia.
Se ne vorrebbe sempre una grande e slanciata,
e poi se ne ha una piccola e grassa -
Selavì -!
Si vorrebbe comprare una pipa chiara
e si compra quella scura – non ce ne sono altre.
Si vorrebbe tutte le mattine fare una corsetta
e non lo si fa. Quasi come... quasi come...
Sotto il giogo dell’impero noi pensavamo
a una repubblica... e adesso c’è!
Se ne vorrebbe sempre una grande e slanciata,
e poi se ne ha una piccola e grassa -
Selavì -!
inviata da Francesco Mazzocchi - 5/3/2022 - 20:13
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Questa sarcastica ed amara poesia, scritta da Kurt Tucholsky poco prima di arrendersi al fascismo ormai dilagante in Germania, fu messa in musica da Hanns Eisler alla fine degli anni 50, su richiesta di Ernst Busch che volle interpretarla.
Già nel 1930 Tucholsky scelse l’esilio in Svezia. Nel 1933 i nazisti gli revocarono la cittadinanza tedesca, gli confiscarono tutte le proprietà e ne bruciarono tutti i libri e pubblicazioni, arrivando ad imprigionare il suo carissimo amico Carl von Ossietzky che Tucholsky aveva lasciato a dirigere l’importante settimanale culturale “Die Weltbühne” da lui rifondato nel 1914… Tucholsky morirà suicida a Göteborg nel dicembre del 1935; Ossietzky morirà in un campo di concentramento nazista a Berlino nel maggio del 1938, nonostante che nel 1935 fosse stato insignito del Premio Nobel per la Pace…
In questa “Sogno e Realtà” Tucholsky muove ironicamente dal confronto tra la donna ideale, alta e snella, e quella reale, bassa e grassa, per raccontare di quanto il popolo tedesco fosse impreparato a godere delle libertà democratiche e si stesse ormai facendo irreparabilmente abbindolare da un nuovo e più feroce autoritarismo. Il contrasto tra l’ideale, le aspettative, i sogni, e la brutale realtà della società umana, così va il mondo, conclude Tucholsky: “C’est la vie! Ssälawih!”
E negli anni 50 quello che era stato il doloroso e sarcastico rammarico di Tucholsky per la fine del sogno democratico di Weimar diventava il dispiacere e la rabbia di Eisler per il tradimento del sogno socialista infrantosi contro la realtà del totalitarismo sovietico...