Amis que je vous raconte
La vie triste et pleine de honte
D'un horrible mécréant
Qui mourut voici cent ans
Doué d'une nature immonde
Du jour où il vint au monde
Il souffrit de priapisme
On lui mit un sinapisme
Pour lui calmer ses ardeurs
Mais ce fut peine perdue
Et, poussé par la douleur
Sous le flot de ses humeurs
Il noya dans le quart d’heure
La médecine incongrue
Quand il eut cinq ans à peine
Une culotte de chêne
Fut d'un bois insuffisant
À lui rabattre le gland
On essaya bien des choses
Depuis des bains d'eau de rose
Jusqu’à du piment moulu
Qui lui violaçait le cul
Malgré ces tentatives
Il arquait tel un géant
Et de l'une à l'autre rive
Criant qui m'aime me suive
Il dressait sur les eaux vives
Son gonfanon rougeoyant.
À quinze ans un jour de fête
Il attacha sa braguette
Avec un câble d’acier
Et s'en fut au bal Blomet
Sitôt entré dans la place
Il empoigne une putasse
Et commence tout de go
À trémousser un tango
Au bout de trois pas, soudain
I1 entend craquer le câble
Et l’engin se détendant
Anéantit dans l'instant
Dix-sept filles et cinq enfants
Qui trépassent sous les tables
Si le récit de sa vie
N'est pétri que d'infamie
Sa mort éclaire d'un jour sombre
L’âme d’Alphonse et son ombre.
Désespérant de trouver
Un endroit où se fourrer
Il s'engagea pour se battre
Dans l'armée du grand de Lattre
C'est là qu’il périt un jour
Victime d'un sort funeste
Quand voulant faire l'amour
Avec un obusier lourd
Le coup partit, triste et sourd
Comme il commençait les gestes.
La vie triste et pleine de honte
D'un horrible mécréant
Qui mourut voici cent ans
Doué d'une nature immonde
Du jour où il vint au monde
Il souffrit de priapisme
On lui mit un sinapisme
Pour lui calmer ses ardeurs
Mais ce fut peine perdue
Et, poussé par la douleur
Sous le flot de ses humeurs
Il noya dans le quart d’heure
La médecine incongrue
Quand il eut cinq ans à peine
Une culotte de chêne
Fut d'un bois insuffisant
À lui rabattre le gland
On essaya bien des choses
Depuis des bains d'eau de rose
Jusqu’à du piment moulu
Qui lui violaçait le cul
Malgré ces tentatives
Il arquait tel un géant
Et de l'une à l'autre rive
Criant qui m'aime me suive
Il dressait sur les eaux vives
Son gonfanon rougeoyant.
À quinze ans un jour de fête
Il attacha sa braguette
Avec un câble d’acier
Et s'en fut au bal Blomet
Sitôt entré dans la place
Il empoigne une putasse
Et commence tout de go
À trémousser un tango
Au bout de trois pas, soudain
I1 entend craquer le câble
Et l’engin se détendant
Anéantit dans l'instant
Dix-sept filles et cinq enfants
Qui trépassent sous les tables
Si le récit de sa vie
N'est pétri que d'infamie
Sa mort éclaire d'un jour sombre
L’âme d’Alphonse et son ombre.
Désespérant de trouver
Un endroit où se fourrer
Il s'engagea pour se battre
Dans l'armée du grand de Lattre
C'est là qu’il périt un jour
Victime d'un sort funeste
Quand voulant faire l'amour
Avec un obusier lourd
Le coup partit, triste et sourd
Comme il commençait les gestes.
inviata da Marco Valdo M.I. - 3/7/2012 - 23:23
C'est sûr qu'à côté le zizi de Pierre Perret, c'est Bisounours bien que c'était aussi malheureusement censuré à l'époque.
Aurélien Terrassier - 15/6/2021 - 10:35
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Paroles de Boris Vian (1959)
Musique d'Yves Gilbert
Chantée par Philippe Clay sous le titre « La Complainte du priapisme » – 1971
Chose promise, chose due. Tu es bien d'accord avec ça, Lucien l'âne mon ami...
Mais évidemment, si tu as promis, tu dois... Et j'imagine que c'est la complainte du priapisme dont tu me parles...
En effet... Chantée par Philippe Clay et écrite par Boris Vian. Je te rappelle que j'en disais en présentant Los Dictatorios : « elle a une conclusion où il est démontré qu'il très imprudent et pour tout dire mortel de jouer avec les armes – spécialement les obusiers lourds, surtout quand on est militaire (mais que ferait un civil d'un obusier lourd ?) – je m'en vais de ce pas, dès qu'on en aura fini avec celle-ci, proposer cette ode à la braguette comme chanson contre la guerre à part entière. Mais pour en quelque sorte, préparer la voie à cette petite merveille – due à l'audacieuse imagination de Boris Vian sous le nom duquel elle apparaîtra ici ... » Et bien, la voici. Tu verras tout au long de la chanson que le brave Alphonse, le héros digne du « Charles Martel rentrant de la croisade » de Fabrizio De André, le brave Alphonse atteint de cette pénible infirmité – le priapisme, qui comme tu le sais consiste en une extension majeure et permanente de certain organe mâle destiné (selon le Saint-Siège, exclusivement !?? ) à la reproduction de l’espèce... Donc, Alphonse se conduit comme un trouffion tout au long de la chanson et à la fin, in cauda venenum, en quelque sorte, devenu militaire, il tente de se soulager en ... comment dire ? ... en enfilant la plus grosse des pièce d'artillerie qu'il rencontre, un obusier de 420... En somme quelque chose comme La Grosse Berta. Par parenthèse, il ne choisit pas n'importe quel moment pour s'engager, l'Alphonse, ni n'importe quelle armée... Il choisit l'armée du grand de Lattre... Oui, mais laquelle ? Est-ce l'armée triomphale (la Première Armée) conduite par Jean Joseph Marie Gabriel de Lattre de Tassigny, qui remonta de Provence jusqu'à Stuttgart en 1945 ou celle qui perdit la guerre d'Indochine ? Vu l'année où fut écrite la chanson, je pencherais pour la seconde...
Admettons... Mais tissons, non pas à la manière d'Alphonse, nous ne sommes pas aussi bien équipés que lui et puis, moi, toi, nous, les Grosses Berthas... c'est vraiment pas notre truc, mais tissons le linceul de ce vieux monde explosif, héroïque, combatif et cacochyme (Heureusement !)
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane