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Blues pour Jean Martin

Boris Vian
Lingua: Francese


Boris Vian

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19 - 49:39 Blues pour Jean Martin



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Blues pour Jean Martin

Chanson française – Blues pour Jean Martin - Boris Vian - 1955
Paroles : Boris Vian – Musique : Boris Vian – Alain Goraguer

Interpretata da Béatrice Moulin con Yves Robert nel disco "Pas avec le dos de la Q.I.R." (?) del 1964.

Pas avec le dos de la Q.I.R.

Pas de chance pour ce pauvre Jean Martin, une sorte de cousin du Fanullone italien, ou un employé modèle 1950. Très formaté, en quelque sorte. Un comptable digne de celui-ci qui cherche un autre emploi – tant il s'emmerde dans la vie. Ils sont des millions dans ce monde idiot à faire des métiers aussi passionnants. Tu peux me croire Lucien l’âne mon ami, la vie n'est pas toujours drôle pour ceux qui doivent « gagner leur vie ».

Je te crois sur parole, mon ami Marco Valdo M.I., car pour nous les ânes, c'est pareil. Ceux qui doivent travailler à la noria, par exemple, ils s'emmerdent.

Donc, notre Jean Martin, un nom des plus communs...

Je sais, je sais et si tu me dis qu'il y a plus d'un âne qui s'appelle Martin, je te mords le bout du nez..., fait Lucien l'âne en montrant ses belles et grandes dents....

Bon, disons qu'il porte un nom presque anonyme, un nom passe-partout, bref, c'est un personnage sans grand relief, un gars comme il y en a tant, un type dans la moyenne, ce pourrait être le Français moyen de Jean Yanne, qui lui s'appelle Antoine Duval.

Toi, moi, si on nous avait fait faire des études de comptable et si on avait dû pratiquer ce splendide métier, qu'aurions-nous fait à la place de ce pauvre Martin ?, demande Lucien l'âne tout hérissé.

Nous, je ne sais pas... Mais Martin, lui, se suicide et apprenant la mort de Jean Martin, Boris Vian va lui consacrer un blues.

À propos, la mort par suicide – c'est fréquent ces derniers temps..., remarque Lucien l'âne.

Oui, mais pas pour les mêmes raisons. Les raisons de Jean Martin, c'est véritablement le désespoir face à cette vie atroce, laide, mercantilisée jusque dans les relations les plus intimes... Oh, il avait des rêves, l'enfant Jean Martin, mais finalement, il s'était rangé aux conseils des gens raisonnables, il avait même accepté d’être comptable, il avait tout préparé pour une vie sans histoire... et précisément, elle le devint. Il avait des rêves bleus, des rêves en blues... On les lui a broyés. Il croyait que l'amour, l'amour allait donner un sens à tout cela... Une belle histoire d'amour, en quelque sorte. La fin est atroce : « L'amour, c'est des fariboles ... payez-moi, je couche avec vous... »

C'est la goutte qui fait déborder le vase..., dit Lucien l'âne. Sursaut humain de Jean Martin et soudain, il comprend que son cœur n'est pas à vendre, que sa vie n'est pas à vendre et découvre le piège dans lequel il se trouve et « Game over », il met fin à partie.

Cette parabole de Boris Vian est vraiment un blues, une lamentation pour Jean Martin... et pour tous ceux qui, comme lui, se retrouvent dans des emplois minables, coincés dans la mécanique du système, dans la forme moderne des galères : l'emploi... qu'on n'exécute que parce qu'il n'y a pas moyen de faire autrement... Et un jour, « burn out » quand on est cadre, « ras le bol » quand on est employé, ouvrier, manœuvre comme toi... Tous les services psychologiques et les services de santé lancent à présent des signaux d'alarme... Il y a de plus en plus de malades du travail, de plus en plus d' « allergie au travail »... Tous ne vont pas directement au « suicide » , mais tous sombrent : dépression, alcool, médicaments...

Il est certain qu'il faut d'urgence changer ce monde ; alors, tissons, Marco Valdo M.I., mon ami, le linceul de ce vieux (car il l'est) monde du travail obligatoire, stresseur, oppressant, exploiteur et cacochyme (heureusement!)

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ce soir
Ce soir la lune a mis les voiles
Le vent a chassé les étoiles
Et dans le noir
Les rues désertes ont le cafard
Ce soir
La nuit se glisse sous les portes
Paralysant la ville morte
Jusqu'au matin
Je vais faire un blues pour Jean Martin

Il travaillait comme comptable
Dans une quincaillerie en gros
Une maison très respectable
Pleine de seaux et pleine de brocs
Il habitait une chambre
Où y avait un lavabo
Un lit dur et une table
Un tapis mais pas de rideaux
Jean Martin... Jean Martin
La fin du mois est tellement loin

Un soir
La lune brillait dans le ciel tendre
Et les étoiles semblaient attendre
Les amoureux
Et Jean Martin était heureux
Un soir
Sur le banc près de la rivière
Il allait retrouver la caissière
Du magasin
C'était la fête à Jean Martin

Il s'est assis tout près d'elle
A respiré son parfum
Il a dit vous êtes belle
Si on se mariait demain
Elle a ri comme une folle
Elle a dit vous êtes saoul
L'amour c'est des fariboles
Payez-moi, je couche avec vous
Jean Martin, Jean Martin
Tes rêves bleus sont tellement loin

Alors
La lune s'est mise à trembler
Et les étoiles se sont plantées
Comme des coins
Droit dans le cœur de Jean Martin
Alors
Pour ne plus voir le beau visage
Pour conserver son rêve sage
Comme un ballot
Jean Martin s'est jeté à l'eau

Jean Martin... Jean Martin
La fin du mois est tellement loin...

inviata da Marco Valdo M.I. - 17/6/2012 - 23:13




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