Tu m'engueules sans arrêter parce qu'on n'a pas d'argent
Et qu'on ne peut rien acheter pour nous ou tes parents
Mais...
Je peux pas travailler debout parce que ça me fait mal aux genoux
Je peux pas travailler assis, ça me fait mal au coccyx
Aujourd'hui, le Directeur des Galeries Lafleur
M'a offert une situation de garçon d'ascenseur
Mais...
Je peux pas travailler en l'air
Ça me donne une crise de nerfs
Je peux pas travailler en boîte
J'ai les poumons comme de l'ouate
La voisine m'a proposé de laver ses carreaux
Et elle m'a apporté un énorme escabeau
Mais...
Je peux pas travailler perché,
J'ai le foie qui va se décrocher
Je pourrais travailler couché
Mais personne veut m'embaucher
Onésime qui tient l'orchestre au dancing du carrefour
M'a demandé d'entrer chez lui pour jouer du tambour
Mais...
Je peux pas travailler dans le bruit
Ça me donne des tas de maladies
Je peux pas travailler des bras
J'ai l'épaule qui ne tourne pas
Monsieur Jean le commerçant qui a des plantations
Me dit "Jules, viens donc chez nous, faut cueillir le coton"
Mais...
Je peux pas travailler courbé
J'ai les doigts de pieds recourbés
Je peux pas travailler penché
Ma colonne veut pas se plier
La Julie, une bonne copine qui bosse à l'extérieur
Me suggère de m'occuper de son petit intérieur
Chouette!
Je vais pouvoir travailler couché
T'auras plus rien à me reprocher
Mais je vois pas pourquoi t'es fâchée
Ton bonhomme est embauché...
Alors toi, tu es marrante ; moi qui avais enfin trouvé le travail de mes rêves...
Et qu'on ne peut rien acheter pour nous ou tes parents
Mais...
Je peux pas travailler debout parce que ça me fait mal aux genoux
Je peux pas travailler assis, ça me fait mal au coccyx
Aujourd'hui, le Directeur des Galeries Lafleur
M'a offert une situation de garçon d'ascenseur
Mais...
Je peux pas travailler en l'air
Ça me donne une crise de nerfs
Je peux pas travailler en boîte
J'ai les poumons comme de l'ouate
La voisine m'a proposé de laver ses carreaux
Et elle m'a apporté un énorme escabeau
Mais...
Je peux pas travailler perché,
J'ai le foie qui va se décrocher
Je pourrais travailler couché
Mais personne veut m'embaucher
Onésime qui tient l'orchestre au dancing du carrefour
M'a demandé d'entrer chez lui pour jouer du tambour
Mais...
Je peux pas travailler dans le bruit
Ça me donne des tas de maladies
Je peux pas travailler des bras
J'ai l'épaule qui ne tourne pas
Monsieur Jean le commerçant qui a des plantations
Me dit "Jules, viens donc chez nous, faut cueillir le coton"
Mais...
Je peux pas travailler courbé
J'ai les doigts de pieds recourbés
Je peux pas travailler penché
Ma colonne veut pas se plier
La Julie, une bonne copine qui bosse à l'extérieur
Me suggère de m'occuper de son petit intérieur
Chouette!
Je vais pouvoir travailler couché
T'auras plus rien à me reprocher
Mais je vois pas pourquoi t'es fâchée
Ton bonhomme est embauché...
Alors toi, tu es marrante ; moi qui avais enfin trouvé le travail de mes rêves...
inviata da Marco Valdo M.I. - 30/4/2012 - 10:42
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Paroles: Boris Vian, musique: Henri Salvador
Interprétation : Henri Salvador
La résistance des travailleurs au travail est incommensurable... Elle reflète exactement le sens de l'humanisation de l'espèce de bipèdes que nous sommes. Et je crois bien, Lucien l'âne mon ami, que les quadrupèdes que vous êtes seront du même avis que nous... Le travail doit être réduit au minimum...
En effet. Par exemple, plutôt que de tourner sempiternellement en rond pour actionner une noria grinçante et épuisante, on préfère, nous les ânes, que ce soit le vent qui fasse le travail...
C'est très précisément, le sens des efforts d'humanisation de la vie que tentent les ingénieurs, quand ils sont ingénieux... Faire faire le travail par les machines ou par des éléments tels que l'eau (turbine, moulin...), le vent (moulin, éoliennes...) ou par le recours à l'énergie fossile... Tout plutôt que que de recourir à l'esclavage des êtres vivants... Car, vois-tu, Lucien l'âne, le travail, quand il est fait pour enrichir ceux qui exploitent d'autres êtres, c'est une pure arnaque. Le travail pour autrui, même quand on le camoufle sous le contrat, qu'on le rétribue par un salaire, une paie ou une botte de foin, une auto, un bel habit, des tickets repas ou parfois, des promesses...est une variante moderne du vieil esclavage.
Nous les ânes, on déteste ça...
Les hommes aussi... Du moins, ceux qui s'humanisent, ceux qui quittent les temps de l'infantilisme, de l'exploitation et de la barbarie. Mais il y a les autres... Les riches et leurs sbires, qui espèrent devenir vizir à la place du vizir, khalife à la place du khalife... Les avides... Ceux-là, lorsqu'une nouvelle invention vient à diminuer la charge objective du travail, dont on pourrait donc – que dis-je ? On devrait – dispenser le travailleur, ils en accaparent le profit et maintiennent ou aggravent l'exploitation des travailleurs, c'est-à-dire des esclaves de leurs folies d'entreprises ou de leurs ambitions propriétaires.
Mais que peut-il bien avoir derrière tout ça ?, dit Lucien l'âne en grattant le sol d'un sabot plus noir que l'encre de Chine.
Il y a que certains hommes ne sont jamais devenus des êtres adultes, qu'ils en sont restés au stade de l'enfançon qui veut tous les jouets pour lui, qui veut des bonbons et encore plus de bonbons, qui veut que tout le monde s'occupe de lui... et ainsi de suite. Cette maladie débile les conduit aux pires atrocités... Il suffit de voir les massacres qu'ils engendrent au travers de la fabrication d'armements, de la privatisation de l'eau, de l'expropriation des paysans afin d'étendre leurs exploitations... C'est là, tu l'auras compris, le fondement de la Guerre de cent Mille Ans que les riches font aux pauvres et le travail stipendié ou esclave, le travail obligatoire comme organisation sociale en dérivent directement. D'où, ces chansons qui raillent le travail, qui le tournent en dérision... Elles expriment ce refus du travail inutile ou nuisible qui est la base de toute libération humaine et bien évidemment, asinienne.
Comme je comprends, l'humanité est encore à faire... Par la disparition de l'exploitation et du travail... Pour tout dire, l'humaine nation n'est pas encore sortie de la barbarie... Tout ceci me renforce dans ma détermination à tisser sans relâche le linceul de ce vieux monde esclavagiste dans l'âme, exploiteur, âpre au gain et cacochyme (heureusement).
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane