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Le Pied d'Ivan

Marco Valdo M.I.
Language: French


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Le Pied d'Ivan

Chanson française – Le Pied d'Ivan – Marco Valdo M.I. – 2012



Ah, mon ami Lucien l'âne, quelle erreur de lire de la littérature..., dit Marco Valdo M.I., d'un ton pas trop convaincant.

Que me racontes-tu donc, Marco Valdo M.I., mon ami, dit l'âne Lucien. As-tu oublié que c'est là notre mère, que nous ne sommes que des fantasmes littéraires qui un jour se sont échappés tout vivants dans le monde des hommes. Et que, c'est ainsi seulement, que nous voici discourant.

Je sais tout cela et je ne disais erreur que par antiphrase. Donc, je t'explique. À mes moments perdus, il m'arrive de lire des livres... Je sais, par les temps qui courent, le fait n'est pas courant. Je lis des livres et j'en suis bien content. Trop même. Et les livres comme tu le sais contiennent des histoires, des contes, des anecdotes, des récits et toutes sortes de choses du genre et ces histoires, ces contes... me disent des chansons et viennent interférer dans mon univers de traducteur bénévole... Ainsi me voici comme tenu d'écrire des chansons, sollicité en quelque sorte par une histoire, une anecdote. Elle me cligne de l'œil, elle me susurre des choses agréables, elle me séduit et m'invite à la faire revivre en chanson. Et dis-moi, Lucien l'âne mon ami, comment peut-on résister à ça ?

Je l'ignore. Je suis moi-même sujet des mêmes démons que toi. Mais dis-moi, dès lors, quelle est la chanson d'aujourd'hui et où t'es-tu fait piéger ?

FC Start


La chanson de ce jour, comme tu le vois, s'intitule Le Pied d'Ivan. Et je te dis tout de suite que ce pied-là a botté le cul aux Allemands, du moins à la frange nazie. Oui, je vois à ton regard que tu te demandes si ce pied est vraiment le pied d'une personne ou une métaphore qui pourrait par exemple parler d'un peuple qui fut confronté à ces nazis délirants... Et bien, tu as raison et doublement : c'est le pied d'un joueur et le pied d'un géant. Le prénom d'Ivan est d'ailleurs d'usage courant pour indiquer ce peuple... Peuple des Soviets, peuple de Russie... Cette chanson – comme la plupart des chansons que j'ai pu écrire est à double détente : c'est à la fois une anecdote et une réflexion politique ou philosophique. Je sais qu'il n'est pas de bon ton que la chanson se mette à penser, mais que veux-tu on ne la refait pas. Je ne me vois pas faire des chansons pour ne rien raconter, pour diluer du vide dans une mélopée sirupeuse ou dans un vacarme sidéral. Donc, c'est une histoire de pied et plus exactement, un match de football. Je l'ai trouvée au détour d'une page dans un livre de Laurent Binet, intitulé curieusement HHhH, qui raconte l'assassinat d'Heydrich au sommet de sa gloire par des résistants tchécoslovaques à Prague en 1942.
Quant au pied d'Ivan, c'est celui d'un joueur de football ukrainien, Ivan Kuzmenko, un ancien du Dynamo Kiev qui, dans la chanson, fait partie de l'équipe du Start... dont je te laisse découvrir l'aventure. Tu verras que c'est une formidable histoire de résistance et qui parle peut-être aussi de maintenant : 

« Ils croyaient gagner un Reich de mille Ans
C'était compter sans le pied d'Ivan
Une dernière chose cependant
Encore maintenant.
Les Allemands jouent toujours en blanc ».


Sans doute, sans doute, elle parle aussi de maintenant... Un peu comme les Histoires d'Allemagne et cet autre match de football dont tu as fait une autre chanson... N'était-ce pas Le Miracle de Berne ?

Oui, c'est aussi une Histoire d'Allemagne, un match de foot sur fond de massacre (Babi Yar) et de mort... des joueurs ukrainiens... Une terrible histoire.

N'est-ce pas elle qu'on appelle parfois le « match de la mort » ? Un terrible épisode de cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres pour les dominer, les écraser, les forcer à travailler, les exploiter, en tirer les plus immenses et indécents profits, leur voler leur vie et leur temps... Tout cela est insupportable, crois-moi et il m'est plus indispensable que jamais que toi, moi et mille autres tissions, comme les canuts, le linceul de ce vieux monde empoisonné, massacreur, mortifère et cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Kiev, automne 1941

Fossé de Babi Yar
Plus d'un kilomètre de cadavres
Les uns sur les autres
Dans le fossé de Babi Yar
Soigneusement disposés
Abattus un à un
Juifs, communistes ukrainiens,
Ordre, efficacité, brutalité
Dans un style très objectif,
Un rapport administratif :
« Le Sonderkommando A 4 à Kiev
A exécuté trente trois mille sept cent septante et un
Juifs, les 29 et 30 septembre 1941. »
Le tiers des 100.000 morts de Kiev


Kiev été 1942

Pas loin du fossé de Babi Yar
Le championnat de football du Reich noir
Le « Start », nouveau club boulanger
Anciens du Dynamo rassemblés
Contre leurs occupants et les ralliés
Une campagne au rythme effréné
Le 7 juin contre Rukh : sept – deux
Le 21 juin contre les Hongrois : six – deux
Le 5 juillet : contre les Roumains : onze – zéro
Le 12 juillet : contre les cheminots allemands : neuf – un
Le 17 juillet : contre les Allemands de PGS : six – zéro
Le 19 juillet : contre les Hongrois de MSG : cinq – un
Le 21 juillet : contre les Hongrois de MSG : trois – deux
Une série de matchs victorieux


L'honneur du Reich est en jeu
Le 6 août mil neuf cent quarante-deux
Contre Flakelf, on gagne encore
Cinq à un, ça c'est du sport.
La Luftwaffe crie revanche
Au Zénith, la revanche
Avec les SS et leurs chiens policiers
Le sport a parfois d'étranges côtés.
Misha a apporté nos tenues : maillot rouge et short blanc,
Comme toujours, les Allemands, jouent en blanc.
Ils saluent d'un bras tendu, Heil Hitler
Les milliers de supporters
On salue contraints et forcés
« Vive le sport », bras tendu et poing fermé.


Dans le vestiaire, l'arbitre SS, un officier
Nous a prévenus. Faut pas se tromper.
Si nous gagnons, nous mourrons
Si nous perdons, nous survivrons
C'est la loi du plus fort
Leur conception du sport.
On casse la jambe à notre centre-avant
On assomme notre gardien...
L'arbitre ne voit rien, rien de rien
Il siffle dès qu'on approche du but allemand
Les Allemands marquent les premiers
C'est compter sans le pied d'Ivan
Il tire de loin : égalité.
On mène trois – un à la mi-temps.


Le général SS insiste vivement
Si nous gagnons, nous mourrons
Si nous perdons, nous survivrons
Rien n'y fait, cependant
Dès que le match recommence
Malgré les avertissements
Le diable du foot nous reprend
On attaque, on enfonce la défense
Si nous gagnons, nous mourrons
Si nous perdons, nous survivrons
Olek passe tout pour la sixième fois
Seul devant le but sans gardien
Se retourne et tire au centre du terrain.
Fin du match : cinq à trois.


Ces nazis ne veulent pas en démordre
Ils nous laissent une dernière chance de perdre
Face à Rukh, on répond huit à zéro.
On est des joueurs, pas des héros.
On est tous morts rapidement
Sauf un qui a pu s'échapper
Trois couchés à Babi Yar, un torturé,
Les autres ne sont pas revenus du camp.
C'est la dure loi du sport allemand.
Ils croyaient gagner un Reich de mille Ans
C'était compter sans le pied d'Ivan
Une dernière chose cependant
Encore maintenant.
Les Allemands jouent toujours en blanc

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2012/4/2 - 23:04


Au fait, j'avais oublié une remarque à propos du fait qu'aujourd'hui encore les Allemands jouent toujours en blanc...

REGARDEZ CE QU'ILS FONT AUX GRECS !

Lucien Lane

Lucien Lane - 2012/4/3 - 08:29


Grèce- Allemagne, le match au sommet... de l'Euro(pe)
Ce sera la grande finale... Et voici pour tous, mais tout spécialement pour Riccardo Venturi - inlassable supporter de la Grèce, le match en avant-première

Cordial

Lucien Lane

Lucien Lane - 2012/6/18 - 11:48




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