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Moi, dit Pietro

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Moi, dit Pietro

Canzone française – Moi, dit Pietro – Marco Valdo M.I. – 2011

Ah, dit Lucien l'âne, qu'est-ce encore que cette histoire de saucisson, de salami et de jambon ?

Mais, dit Marco Valdo M.I., Lucien l'âne mon ami, tu sais très bien de quoi il s'agit. Arrête donc de faire l'âne pour un instant puisque c'est à toi que Luc a écrit pour raconter cette histoire... Dis-nous plutôt ce qu'il t'a confié et d'abord, qui est ce Pietro dont il est question dans la chanson ?

Ce Pietro n'est autre que Pietro Montaresi, dont Luc dit : « Pietro Montaresi, dont certains à Bruxelles se rappellent encore. Parcours classique : juillet 1936 en Espagne ; interné au Vernet en 1939 ; ensuite, livré aux nazifascistes par le régime de Pétain... », comme le fut Giuseppe Porcu, dont tu nous racontas l'histoire. Quant au fait qu'on se souvienne de lui à Bruxelles, comme le dit Luc... Cela tient à son exil à Bruxelles dès 1929. Anarchiste, il fut soupçonné – dès ces années-là – d'avoir préparé un attentat contre Mussolini. Il était mécano de profession... Comme il est dit dans la chanson.

Si j'ai bien lu Luc, Pietro s'était rallié à une armée anglaise pour pouvoir s'échapper du camp de concentration fasciste de Renicci et pour remonter vers le Nord ; vers Bruxelles où, dès l'après-guerre, il poursuivit son existence de mécanicien anarchiste.

En somme, j'aurais très bien pu le rencontrer, dit Lucien l'âne. Et d'ailleurs, n'était-ce pas lui que j'ai croisé lors de l'exode de 1940 quelque part sur les routes de France, tout comme je me souviens d'avoir croisé Joseph à d'autres moments. Maintenant pour ce qui est de la chanson elle-même, elle renvoie au 29 avril 1945 sur la place Loreto à Milan où, il y avait dix-sept cadavres de dignitaires du régime fasciste, dont sept furent pendus comme des jambons
et à la façon dont Pietro accueillit le non-événement :

« Moi, dit Pietro, quand je veux voir des jambons
Je vais chez le charcutier ; c'est là qu'ils sont bons.
Tournant le dos, Pietro s'en alla ».


C'était fait, il s'agissait de continuer le combat... Dès lors de poursuivre sa route.

Si je comprends bien, il n'avait pas trop envie de visiter cette macabre exposition. Liquider le dictateur et ses hiérarques ne le gênait pas... D'autant qu'il était lui-même soupçonné d'avoir voulu le faire en 1931... Qu'on les expose, passe encore... Mais quant à lui, il avait encore à faire...

En effet, dit Lucien l'âne, cette partie du problème étant résolue, l'épisode étant achevé, il fallait reprendre la lutte, il fallait reprendre sa tâche dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres pour imposer leur domination, pour étendre leurs pouvoirs, pour accroître leurs richesses, pour multiplier leurs profits... Et nous aussi, mon ami Marco Valdo M.I., il nous faut (comme Pietro ) chaque jour tisser le linceul de ce vieux monde cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Au temps de Mussolini, au temps du Ventennio
Il y avait à Renicci d'Anghiari près d'Arezzo
Un camp de concentration où on logeait
Les Slaves et les Albanais

On y mettait aussi les gens d'Italie
On y mettait l'autre Italie
Celle qui refusait la honte et l'infamie
Celle qui refusait d'être asservie.

Au temps de Mussolini, au temps du Ventennio
À Renicci d'Anghiari près d'Arezzo
On logeait les rebelles, les antifascistes
Les résistants, les anarchistes.

À la destitution de Mussolini, au temps de Badoglio,
Au camp de Renicci d'Anghiari près d'Arezzo
On libérait les socialistes, les communistes, les antifascistes
Tout le monde, sauf les droits communs et les anarchistes

Quelques anars s'échappèrent, Pietro s'en alla
En mécano, artiste de la clé anglaise
Devenu chauffeur dans une armée anglaise
Il remonta vers le Nord à grands pas

Le 29 avril, de passage à Milan,
Pays du salami, on l'avertit
Sans doute, des partisans
Des événements de la nuit.

Dix-sept cadavres sur la place Loreto
Quinze hiérarques, le Duce et sa maîtresse
Sept pendus, le cul par dessus le dos
Viens voir, Pietro, si ça t'intéresse

Mais Pietro s'en fout du dictateur déchu
De sa maîtresse et des autres pendus
Moi, dit Pietro, quand je veux voir des jambons
Je vais chez le charcutier ; c'est là qu'ils sont bons.

Tournant le dos, Pietro s'en alla
En mécano, artiste de la clé anglaise
Chauffeur dans une armée anglaise
Il remonta vers le Nord à grands pas.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 31/7/2011 - 23:36




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